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çhes : elles y forment, avec lès feuilles, une elpece de
nid, d’où elles lè jettent fur les perfonnes qui Ont fini-»
prudence d’approcher pour en cueillir lesfruits, & les
mordent cruellement. Je ne pouvois manquer, d’être
attaqué par ces infeéles, ayant a traverfèr heaucoup de
ççs bois, Leur piquûre avoit quelque chofe de fi venimeux
L’Auteur fou-
ge à fon retour
en France.
, que mon vifàge & mes mains furent couverts
d’ampoules femblablés à des brûlures, dont la douleur
ne put être appaifée que par une groflè pluie que j’ef?
fuyai a l’entrée de la nuit. Elle fut accompagnée de
tonnerre & d’éclairs, à la lueur defquels je traverfai le
fleuve jpour mè rendre a Tifle du Sénégal, g
Des que j’y fus arrivé , je ne longeai plus qu’a re-<
tourner en France. Il y avoit plus de quatre-ans, que
j’en étois abfènt, &; pendant ce tems j’avois eu occafion
de faire une fuite d’obfèrvations aulîi nombreufe .que
l’on pouvoir raifonnablement efpérer dans la coneefb
bon du Sénégal ; du moins s’il en reliait encore quel-,
ques-unes a faire , c’étoit tout, au plus celles qui ne
font Amplement que curieufès, qui. échappent pour
l ’ordinaire aux yeux lçs plus clairvoyans ,.ou qui de-,
mandent un trop long féjour pour être terminées. Ce&
çonfidéràtions fufljrent pour me déterminer : il devoir,
arriver plufieurs bâtimens dans, le courant du mois j je
me difpofài à en profiter.
Qûoiqüe j’euffe envoyé tous les an? en France un
grand nombre d’animaux , des oifeaux, des poilfons,
des infedçs , r des herbiejrs , des graines de plantes &
d^àüürès produirions du pays, à Mrs de Réaumur & de
Jufîieu, b mefure que ces choies s’étoient prélçntées -,
je fçayois qu’il pianquoit ençoj'-ç biçn de? çhofe? > fmtout
fout beaucoup d’arbres & arbïifieaux.gui navoiènt ja-
mais'.paru en Europe , pas même dans les, jardins du J"“1'" ^
Roi. Inftruit de la protection iinguliere dont Sa Ma- •
jêllé daigne, favorifer la botanique ; excité de plus par
les ordres de Mgr le duc d’Ayên » qui me parvehoient
par les lettres.de M. Bédé Julfieu,je, crus qu’ihétoit de
mqnrhonneur., .en qualité de naturàlifte & de bpta-
nifté,de ne pas retourner en France fans apporter avec
moi les plantes les plus remarquables que produit le
climat brûlant du Sénégal, pour les joindre à celles’
que Sa Majefté a fait rafîèmbler des deux hémilpheres,
& qu’elle entretient avec autant de magnificence,que
de gôïut dans fes fuperbçs ferres rde Trianon, de Choifl
Ôc de Paris,... , .
A cet effet je réfolus d’aller encore une fois a Po- loJuüieé
dor. Je partisse i o de juillet avec des vents favorablès^v^g^!?
Depuis,que j’étois dans le pays je n’avois vu que deux dor*
plantés, de 4’Eur.ope, fçavoir le tamaris & le pourpier ;
,& çe voyage que je failojs pour la troifiemélfeis, me
donna lieu de remarquer que de tous les arbres qui
couvrent prefque làn.s.interruptiori les bords du Nigêr,
ifn ’y en a pas un huitième qui néifoiept des bois épi-
peux très-durs, fiir-tout des acaçies d’autant plus
grands & moins épais qu’ils font|dus éloignps. de la
cote maritime. Mais ce qui .me frappa davantage ,dans Chaflè aux
pia route , ce fut une chaflè aux linges ' que je fis à fix fi“ses veras*
Jieues en , deçà de Podor, fur les terres qui’fopt au fud
de Donaï , autrement appellée fille du Goq , qui
fut d’autant plus finguliere, que je ne crois pas qü’ôn
en ait fait de plus, abondante. Le bateau ayant été
obligé de relier une matinée, je mis pied à terré pom r
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