175 a. jouer le tout, répondoient aux quatre coins du champ,
Qôobre. autant femmes ou d’enfans perchés fur des ari-
gards ou plateformes couvertes * de fèpt à huit pieds
de hauteur , faifoient la garde, & mettoient le tout
en mouvement en tirant chacun leur corde, aufïi-tôt
qu’ils voyoient approcher les oilèaux. Ils joignoîent
encore à ce bruit celui de leurs voixr & le claquement
de leurs mains. Cet exercice devoit continuerqufqu’à
ce que le mil fut en état d’être coupé : cependant malgré
tous leurs foins, il fe faifoittoujours du pillage*,
& leur vigilance étoit fouvent trompée, Les petits
bengalis, les moineaux noirs & rouges d’autres
oilèaux fort jolis qui changent de couleur une fois
l’année , que nous nommoUSc fénég^is ienk
doient tous les matins par troupes : mais le fléau le
plus terrible étoit une groflè efpece de moineaux jaunes
Nné« de ^ noirs. \\s yenoient par nuages fondre comme une momçaux. 7 1 o t 1
grêle fur les moiffons, & quand ils avôiefit porte la
défolation dans un quartier, ils paffoient dans un autre.
Pour peu qu’ils y demeuraflènt, & fouvent même
avant que les nègres eufïènt eu le teggs de faire jouer
leurs épouvantails, ces moineaux avoient déjà caufe
des défordres irréparables. J’ai lû je ne fçai dans quelle
relation, que les Egyptiens n’ont pas recours à d’autre
artifice ; mais il faut ou qu’ils fement davantage de
grains, ou que les moineaux deftruéteurs foient en
moindre grande quantité chez eux, puifqu’on n’entend
pas dire qu’ils y occafionnent des famines auffi
fréquemment que chez nos nègres,
champs dw' Auprès de ces champs de mil il y avoit des lougang
ta" 4e coton, d’indigo., tabac, de mèlons'-d’eau, cvh*H
rieots d’autres légumes; Chacun d’eux étoit fermé 17^2.
dàme .-haie, d’épines, fur laquelle ferpencoit une efpece Qûobr(
dé. Concombre fauvagè , connue dans. le. pays fèuk le
nom de wzoz-/2ro©^c^Cette( plante étoit chargée de pe-
tits- fruits'd’un beau rouge de corail, dans leur parfaitelcombra fau-
maturit^ ^ dont quelques-uns même avoient é tS ^ "
amqpésjpar les fèrpens , lès: lézards^ les oifeâux. Mes;
gensqui lesappgcçurent, en cueillirent plufieurs qu’ils
me préfenterent-après en avoir goûté. Cefrnit m’etoit
fort connu depuis long-tems : j’en avbis vû fouvent -
ufèr a'ux igens.du pays;, &moi-?même j’en ayois mangé
pïufiéurS Æis f^sScord^quence; jufqu’à une douzaine,
pour me défàltérer dans les: grandes chaleurs fmmaïs
je'fïten avais-été incommodé. Je m’avifai ce jour-là
d’eh manger une plus grande quantité : je dînai vers le
midi d’un grand appétit, ôc je foupai de même fans
avoir" aucun preifentiment de ce qui devoit m’arriver.
Ce,rie fut que'vers les neuf heures du foir que ce fruit Éffiss terri-
commença à faire fon effet : je füs furpris fubitement phLJ eeKq
d’un iùffoquement§ ôcenfuite tourmenté auflî violem-
menc que par l’émétique le plus puifiant quë j’euflè
encoref épfouvé ; ce qui dura pendant près de huit
heures. Un de mes nègres- âgé de vingt aris, & qui
avait1 mangé de ce fruit beaucoup plus que moi, fut
attaqué de même vers le minuit; mais il- n’en fut pas.
quitte à fi bon marché. Cet émétique agit fur lui pendant
plus de vingt-quatre heures, avec urie force qui
ne lui permit pas de fe reconnoîtré pendant tout ce
tems; & penfà lui coûter la vie. Quand on auroit fait
angulofo acuto glabro. Burm. Thef. Zeyl, pag. 48.