- 7 7 7 - barie toutes les ravines que la mer avoit creufées la
Décembre, veüie en fe déployant vivement fur fes fables. Elle
'étoit encore affez groffe alors pour epancher fes çaux
dans le fleuve. Ce qu’il y a de remarquable flans cet
effet des groflès mers, c’eft qu il s’eft déclaré plufieurs
années de lùite pendant le folftice d’hiver, ôc ndp. dans
les équinoxes , comme fi les marges euflènt été plus
fortes dans ces tems-là que dans ceux-ei,
Çr^pufcuies ■ • Quelque diligence que je fis | je ne pus rejoindre la
fofts çouits, pointe de l’ifle du Sénégal qu’à f e heures du foi», 8ç
quand j’arrivai au fort il étoit déjà nuit \ car dans ces
pays où les nuits font prefque toujours égales, auî?
jours fie crépufeule efttrèsrcourt -, ôç U ne fe paffepas
un quart-d’heure entre le coucher du fokH les ténèbres
y enforte que dès qu’il e ftàiQ PU 15 degrés fous
l’horifonelles fe répandent auflkbt f e k furfoge .fe
la terre, ôç il y fait aufli noir qu’à minuit,
Satisfait de ce que m’ayoit appris une navigation
non interrompue pendaiït plufieurs mois de fuite dans
toutes les petites rivières des environs de l’ifle de Spr,
je ne voulus pas manquer l’occafion de Yph fe travail
des labours qui dévoient fe faire au commencement
du mois, de juinde Pannée fui vante dans cett^ ifle,
? ~ Tous les habitans du village s’étoient rendus le 8 de
LaboüSrdes grand matin à la campagne , à k fuite f e Seigneur| en
terres fur rifle chantant & danfant çoinme dans un jour de fete . les
* s°r> uns portoient leurs tambours ôg leurs flutes^ fe autres
n’avoient pour tout: infiniment qu’une petite bêche
faite eii Croiffant, emmanchée 4Ü& un. bitpn courfe
par le milieu -& affez foùg .çfer qufils ne fuffent pas
obligés de fè baiffer en travaillant. A p fe à v fe danfe
b ' quelques
quelques momens fur le lieu même§ ceux-cî fans interrompre
la cadence, fe mirent a labourer la tërrëtavec
leur bêche , pour arracher lësitfaüvailès herbes. Pendant
ce travail ïlà'imîtoient fi bien par leüre mduyeT
teéns & leurs chants le fon &£ la mefure dés inftrfe
mens y que l’on eût dit que tous ces laboureurs n’étofbnt
que dès'êhanteurs & dès dàiifëiits. G’étoit ùn plâifir de
voir comment ces gens le démehoient, tô u fe les
contbrfions qu’ils fe donhoient avec un air de^oùtèn-
tërnent , félon que le fpn dés tambours étoit plus pu
mofes vif ôt précipité , &. que les guiriots donnoient
plus de feu à leurs chariforis. Ils ne dévoient quitter le
travail qu?a là nuit f & deux jours après'ils devÔ’iëhM
faire un fepiid labour , qui cbnfifte à creùfer-ayèi la
même bêche quelques trous, dans lefquels ils jettent
une petite pincée de mil, ; qu?ils recouvrent auffi-tôt
de teîîe'en la ramenant par-deflùs avec le gr-b's doigt
du pied. Cette fafeîi faite , ils le repofènt de tout le
refte fur les pluies, & ils font dilpenfés de tout-travail
jufqu’à'ia récolte. Leurs loügiffs , c’eft ainfi qu’en appelle
lès campagnes làboürée's-, fojnt ordinairemént
fermées pat une haie Vive d’épinesoù d’ùnè ëïplflpde
titimale qui ne vient jamais ni fort grand ni-fôrtgfdsf
Son écorce eft d’une blancheur qui le fait remarquer
fur tous les autres arbres. Il croît fort vite fcomme
tous les bois molsj & lorsqu’on le coùpe il répand ùnè
grande quantité de. liqueur blanche ôt épaiflè comme
du lait, qui coule par'ruiflèaüx.
Quand cés laboureurs furent bien en train de travailler^
je les quittai poür faire un tour en chàflant
jùfqu’au village dg Sor-iiguiànn , qui eft a une petite
• T
. Juin. '
Semailles,'
Titimalg,
< Oifeaux de
l’ifle dfejSor.