yfes avôient été confommés ftîür la plus grande par-
Avril* tie pendant le retardement ocCafionné'par les contre-
tems que nous avions efïuyes fous lé cap Finifterre,
& le peu qui reftoit ne fuffifoit pâS pour achever notre
voyage ; il falloit néceffairement faire u ne relâche pour
prendre de nouvelles provifions. Se trouvant il proche
de terre, c’eût été une imprudence que d’en manquer
l’occafion ; on fit donc Véile deffûs jufqü’à la nuit j
pendant laquelle on mit en panne.
Mouillage au - Le lendemain on reconnut le port de Sainte-croix-,
P^deSamte- g p g ||| |§ g j e pifle , Ôc Pon^mouillapar quarante-
cinq brafïès à trois encablures de terre. Ce pôït peu
“ différent d’une rade foraine, parce qu il eft&è^ouvert,
feroit àflèz bon , fi l’ancrage y étoit affuré : mais fon
fond qui eft de roches très-efearpé#, eftfujet àlâifTer
glifïèr les ancres, & à çoupër les cables1^ d ailleurs
fl eft fort fain. Toute la journée'fut employée à gg
fourcher le navire, ôçà lé bien affiner fur fes anères.
On s’amufa aufïiâla pêché du maquereau. Ce poifTon *
» prefque lé fèul qu’on trouvât jjlors en cet endroit, y
étoit fi abondant qu’il fèmbloit que tous ceux de la
mer voifine s’y étoient'rendus. On n’avoit qu’à jetter
la ligne, l?on étoit fur d’en retirer un poifTon , fou?«
vent même làns le fècours de 1 amorce.
Pêche àdif- Les gens du pays :en font la pêche d’une maniéré
bien plus avantageufé. Dès que la nuit eft venue , ÔC
par une mer tranquille , : ils s’arment de flambeaux,
Ôc le difperfènt avec leurs canots dans toute la rade »
à une lieue à là ronde. Arrivés dans les quartiérs qui
leur paroiffent les plus poifîbnneux, ils ^arrêtent te?
nant leur flambeau au-deffiis 4e i’eau ? de maniéré qu’il
lés éclaire fans les éblouir ôc dès qu’ils voient le;
poifTon fe jouant furl’eau, rafîèmblé autour de la lu?
miere ,.ils 'donnent un coup de file t, qu’ils, vuident
aufîi-tôt dans leur canot : ils vont ainfi toujours pê-
chans jufqu’à ce que leurpravifion foit faite. ™
Tant que la pêche durait, on ne voyoit à chaque,
inftant que des canots charge?,’ qui vendent à bord7
du navire pour vendre leur poifîon ; ôc on l’a voit à:
très-bon compté. Le maqUereau des Canaries n’eft
pas de même efjpèce que-celui qu’on voit fur ies- côtes
de l’Europe ; il eft moins large;, ÔC plus petit, quoique
fort allonge? fa pëku éft» d’un bleu foncé, fur le
dos, argentée. fou$ le ventre, ôc agréablement marbrée.
Sa chair eft blanche ôc ferme, un peu féche à
la vérité j mais, quoiqu’infqriçure à celle du maque?
réau d’Europe, elle ne lalfTe pas d’être d’un bon goût.
Le jour firivânt nous eûmes la liberté de defcendre
à terre. La mer I étoit fort,tranquille dans-la rade-qf
mais'e étoit toute autre chofè fiirle rivage:felle,s’y
déplôyoit d’une, maniéré qui auroit intimidé les plus
hâtdis.Gommé il eft tout couvât forc
en t un bord très-efcarpé ,-ôc que la mer entraîne ôc
rapporte fucceffivement, l’attérage eft fort difficile^ :
On eft obligé de profiter delà îameÀqui.porte à terre,
ôc d’avoir attention quelê-Canot ne tourne point, ôc
qu’il ne fôit pas rapporté à la.mef îc’eft à quoi veillent
plùfieùrs matelots qui attendent fur le rivage. Dès
qu’ils voient arriver la lame , ils fe mettent à la mer *
faififlènt le canot, l’enlèVépt avec le monde qui eft
dedans', ôc le portent à terre avec autant de force que
d’adreflè. • K 4