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^Sçptexnbre,
çhertiiér la terre? , poüt ^ t j ^ l ’origflquj meniçmti
En effet, à peine, etpis-je par le trav é e 4è la pointe,
de l’ifle au Bois qu’il crêva. Gômme je ne pouvais me
rallier a kjterre quelque diligence que je fiffè, ôç que
le danger étoit preflant, je gagnai aufli-tôt le platon
qui joint cette pointe à l’ifle du" Sénégal. L’exemple
d’ung.ipkogue.Vx^p^îes nègres j iurpris icomme moi
par l’oragé , s’étoient mis dans l’eau jufqu’ù la ceinture
fur qe même platon , pour la retenir contré lechoc
des lames dont: . dfafeorcLdtdicombldej^fut
fiiivi par les fixrâègres de ma chaloupe ôc par dix autres
paflàgers hommes ou femmes qui fe jetterent
aufli à l’eau. Ils le diftribuerent tout autour,4e la chaloupe
, & la foutinrent Contre l’eflbrt du vent ôê des
vagues. Ç’étoit le moyen le plus fur d’empêcher qu’elle
ne lut fübmergéé, Ou çnîfâihéedùr le rivage où elle le
feroit infailliblement bfiiee j deuxrécüeils égalsmjlfjt à
craindre dans cet endroit, où la largeur du Niger côn-s
fidérablement augmentée par la réunion de lès deux
bras, forme une efpece de lac dont l’étendue donne
beaucoup de prifè au y en t, qui y excite fouvent de
vraies tempêtes. Cet orage en mérîtoit bien le nom
par les éclairs & le tonnerre dont la pluie & le ;vent
étQient.accompagnés. L’attention des nègres qui fou-
levoient ma chaloupe , n’empêcha, pas qu’ellè ne fît
un pied & demi d’eau , tant par celle qui tomboit du
ciel, que par lés vagues qui la couvraient quelquefois
fous la forme d’üne nappe, dont j’étois auffir enveloppé.
Je fus encore plus lavé: Ôc comme lefîivé par
l’eau de la pluie , a caufe de la violence avec laquelle
le yent la lançpit. Sa continuité m’ôtoit la liberté de
la reipîration., quoique je me fuflè rais à couvert fous " ’
le manteau du: patron. Ses redoublemens-entraînoient SePterrt^*i
quelquefois mes nègres avec la chaloupe au point que
j’aifqi® tout à craindre pour eux 'ôsnpour mofêdls ne
lâchèrent cependant pas pied, leurAo'uriagë les foutint
pendant plus de deux heures, & nous Lanka.
Ce grain qui avoit commencé à trois heures du foir, Trombe de
né devint intéreffànt pour moi que fur la fin. Le vent ‘
en :'çefl&ht»Ws les cinq heures, me pirmlt^lé'Éikè
porter fur la pointe fèptentrionale de l’ifle du Sénégal.
C’etoit la terre la plus proche, & je m’empreffois d’y
déhârquer>pcbr■ me tirer au plus vite de l ’èaurdont'la
chaloupe étæût cnçorè demi-pleine ,m a lg # lè v fom s
que fe dohtroient les dix paffagers pour la vhidër de
celle que l'es : lames y apportaient a chaque- inftant.
Pendant que nous avancions a force de rames, Jl parut
un phenomene queqéirfavois pas encore yû de fi pfcès,
&i,dènt j’ignore que perfonne ait jamais parlé. C’étoit
une efpece de trombe fèmblable a une cèlomne de
fumee qui tournoie fur elle-même. Cette Colomne
avoit dix a douze pieds de largeuri fur environ deux
cens cinquante de hauteur r elie étoit appuyééfiir Peaù
par k baie, & le vent d’eft la portoit vers nous. Aufli-
côt que les nègres l’eurent apperçue ;,o||s forceront dé
rames pour 1 éviter. Ils connoiflbient mieux que moi
le danger aùquel nous aurions tous été expôfés, fi cô
tourbillon eût paffe fur nous j car ils fçavoient que fon
effet le plus ordinaire eft d’étouffer par là chaleur cêûx
qui en font enveloppés, & quelquefois d?enflammer
leurs maifons de pailleg&iisa voient plufiéüfs fexeni*
pies de gens à qui un femblable accident avoit-éouté
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