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mIL? Quoique la mer fut violemment agitée aux envi-*
Accident fm^ rons de de Gorée * à caufè del’équinôxe du prin-
guüer. tems ou nous étions alors-, je ne laiffois pas de la pafïèr
fouvent dans un petit canot, pour gagner la grande
terre. Un jour que j’allois au cap Bernard, il m’arriva
un accident qui penlâ me coûter la vie. Ce cap n’eft
. éloigné de Corée que d’un tiers de lieue: c’étoit pour
la première fois que je me difpofois à y defeendre. De
loin il me paroiffoit faire une anfe fèmblable à un
petit port, & je comptois y aborder aifement ; mais à
mefure que j’approchois du rivage j’y trouvois plus de
difficulté : la mer brifoit par-tout avec force , & je ne
voyois aucun endroit fûr pour débarquer. Cependant
les vagues entraînoient toujours mon canot vers la
terre, & je me vis tout à-coup enveloppé d’une lame
qui l'emporta fur un rocher où il varia en fè brifànt;
Tout le bonheur que j’eus dans ce bouleverfement,
du je ne perdis point la tête, fut que le canot en tour?
nam, s’arrêta fur ce rocher, où il fut foutenu comme
une-voûte de delîbus laquelle mes deux nègres s’échap?
perènt. Je n’attendis pas qu’une autre lame vînt le re?
lever & peut-être me couvrir/comme ceda-fèroit infailliblement
arrivé : je profitai de la légèreté de mes
jambes pour gagner le haut du rivage, où j’en fus
quitte pour me fëcher en me promenant au fbleil.
Jufques-là nulle difficulté n’avoit été capable de
m’arrêter ^cependant cette cataftropbe, indépendamment
dès douleurs que me eaufoit la mer toutes les
fols que je m’y embarquais j me fit faire de férieufes
réflexions fur les rifquès que je courois en pafiànt tous
}e§ joùtsde Corée au continent fbps un fi petit vaiffeau,
m.f.àt
Mars,
j y S É N É G- A L.
M. de Saint-Jean , directeur de cette ifle, qui avait
pour moi toutes fortes d’attentions, §5 même plus que
je n’en avois moi-même ».voulant m’épargner les périls
auxquels-je meXpofbis fi évidemment, propofà au
maïtré de Ben, petit village du continent à une lieue
dans le nord de Corée » de me recevoir chez lui, I I de
me procurer toutes fwretés pour les promenades que je
fefbis finies terres. Sx, par-tout.où jepourrois-m’éten-
dre. Ce feigneur nègre, qui étoit extrêmement affectionné’
pour les français „ fut au comble de fit joie de
pouvoir en poflèder un chez lui pendant quelques fe-
màines. Je trouvai le 24, avril: en arrivant dâpS'fon
ÈiHagej une caf© commode qu’il mmt fait bâtir nouvellement
• Avril,
I
dans fa tapade pour fon ùfage. Elle étoit
environnée de plufieurs cours Ôc jardins, où il m’àvok
encoip préparé un petit cabinet bien éclairé , & dans
,unê fituation tellè ^que je l’avois defirée pour la corné
«ofefetyatioKst. Rien ne kvorifiok çlk- ,
vantage mes intentions que la pofition aÿantagéufè
de;ce village.. D’un coté k mftm^fanrniffok tantes
Qué|epourvois fouhaater en poiflons & en c<Jquillag^l
les plaines, uneïfbrêt^eonlîdé-
rable, & à deux lieùes de là les montagnes du' cap
Verd. Dans tous ces endroits je devois trouver de quoi
me fàtisfaire tant en plantes qu’en animaux; de toute
efepa-i • '
Ce pays èft entièrement fàbloneux, comme les en-,
virons de I’MIe du Sénégal j mais il formé une plaine
beaucoup plus élevée. Il produit avec les mêmes plan-1
tes, un grand nombre, d’autres qui iui font particu-1
lierès : on y voit auffi beaucoup de bois d^pines, tels
L’Auteur
Va demeurer
dans le Vtlla^e
de Bep , au
unilîèu des tiss
e s ,