~T^77~ rempli d'eau & de joues, on y trouve beaucoup dfoi-
tMobre. feaux aquatiques, tels que les courlis 8les becafles, les
farcelles & les canettes. Ces, demteres furetantqui
feaux aqaati-^nt une petite efpece de canard peu différente-de la
farcelle d’Europe js’y rendent quelquefois en fi grande
quantité qu’elfes couvrent de grands efpaces de teri
rein : on ne les voit alors que par milliers ; & on les
tue, pour àfnfî dire , de même. Il rfeft pas farq d’en
Voir Coucher une trentaine d’un cbup de rufil, Sé fou-
vent même le double. Il efl vrai que c’eft aux nègî^
que font réfervés ces beaux coups. Outre qü;iïs;f©ht
bons tireurs, qu’ils ne fe fervent que de ces gros 8c
grands fufils appelles boucaniers , & qu’Mfné%duchent
ces ôïfeaux qü^au raz de terre & dans de vaftes plaides>
ïp%nt encore un autre avantage fur les Européens, ::
ï}s peuvent approcher legibier ù la faveur de la cou-r
leur de.lelif corps , qui étant noir depuis ht tè# juf-
qu’aux pieds , fe confond avec la verdure de la campagne;
au lieu que la blancheur du vifage d'un Européen
, le moindre bout de manchette ou de col blanc
font apperqus de fort loin par le gibier ; le plus petit
mouvement l’épouvante ôc le fait partir avant même
qu’on foit a fa portée.
Lits des nè- 1 - Les nègres de ce quartier font obligés de coucher
,^res de Grjei. dèhï^i fur des ïïts affez hauts , pour être h l’abri des
mouftiqués & desmaringoins qudy font très-communs,
fur-tout dans cë mois. Cês lits ont communément cinq
^fix pieds en quarré : ils confident en une doublé claie
fort épaiié-, portée fur quatre poteaux élevés de huit
àneufpieds au-deCusde terre.,On monté.ù cette efpece
de plateforme par des échelons liés à deux des poteaux
a plomb les uns au-deflus des autres-. Cette fituation î 7* ïfj;
n’eft guères; avantageuse, & o-n a bien de la peine a
gagner le haut, parce que la plupart des échelons fè
font dérangés'a force de monter, & l’on- glifle fouvent
du Coté où. ils penchent ; les-nègres y montent
dant aveèajffèz de facilité. L^heure du coucher du f ë l f l
leil qui efl le fîgnal de la fortie des maringoins, l’eft
aufE pour les nègres qui fe rendent fur la plateforme.
Ils y j|upènt ,,-Üsly fument en faifant la ecJnverîation
qui dure une bonne partie de la nuit, après quoi ils
dorment jufqti’au jour ainfi expofés au bel air. Je n'àt
vois .pas pris la précaution d’appofter un paviiloiïuVeè '
moi, enfbrte que je couchai avec eux 8c Comme-feux t
fe’ëfoà-dire, prefqu?;&ud, la grande chaleur ne. permets
tant p3,s:de fouffrir aucun vêtement, Les coufiris étôient
à la vérité moins incommodes- dans cet endroit que
dans les lieux couverts ;mais ils fueçoient encore beaucoup
de mon fangy & j’avoîs tous les matins le vifàgë
éoùyèrt de boutons. Cela ne m’empêcha pas neW
moiiis dfy paffêr des nuits fort agréables,
. Indépendamment des tablés'; des dialoguesHfEdes BeiitédnViel
contes amufans' & pleins de faillies que lesmèppsfiai-
foient touc^four, fuiyant la coutume; établie chez -
eux ; jMtois enchanté de l’àfoeél éclatant d'un ciel; tOu>-
jours ferein, où les étoile? tnilloient avec une grand«
vivacité. Elevé fur cette plateforme, comme fur un
petit obfèrvatoire à découvert de toüsçôtés ,il m’étoit
facile de les fuivre dans leur commune- révolution
d’orient en occident. Souvent je ne perdois de vue le
bqrd füperieur du difque du foleil & lès grandes étoi*-
fesj que lqrfqu’çlles fè plongeoient fous Ifhorifon de la
S ij