* 7 49. fication ordinaire. L’efcâle des Maringoins n’eft eloi-
JuM* gnée que de treize lieues frariçoifes au nord ~ nord-eft
de l’ifledu Sénégal. C’eft une plaine dé fort bonne terre"
qui s’étend des deux côtés du fleuve jufqü’âu village
de Maka que nous Venions de quitter , & qui dans
cette longueur de plus de fèpt lieues , forme des vaftes
prairies, danslefquelles les habitans élevent beaucoup
Marïngoîns de beftiaux. On a donné le nom de marigot des Ma-
â ! cedecou_ ringoins a une petite rivière qui vient de la mer fe
joindre au Niger un peu au-deflous de l’efcale parce
-qu’elle eft pleine de rofeaux extrêmement hauts &
fort épais j qui fervent de retraite à une efpece de cou-
fins qu’on appelle maringùins. Il y a des tems où ces
petits animaux fortent de ees endroits inacceflibles j
en fi grande abondance que l’air en eft ob-fcurci. On a
bien de la peine à s’en garantir, parce que leur aiguih
ion pénétre au travers des étoffes les plus ferrées ; &
leur piquûre devient infupportable par la prodigieufe
quantité de ces petits infe&es dont on eft aflàilli en
même tems , & qui mettent en un moment le corps
comme en feu. C’eft une des plus grandes incommodités
qu’on ait à fouflrir dans tous les lieux aquatiques.
Troupeauxg Les maures nous attendaient à deux cens pas du
des maures. korc{ feptentrional du fleuve., où ils étaient eampési
On ne voyoit dans toute la campagne que des troupeaux
nombreux de boeufs, de moutons-, de cabrits
£c de chameaux, qui paiffoient en. toute liberté. Le
lendemain je defcendis à terre, pour voir de prés les
boeufs qui m’avoient paru difléreris de ceux d’Europe :
ils étoient la plupart beaucoup plus gros, ôc plus
bàufs fur u n è *r4$k
loupe de chair qui s'élevoit de plus d’un pied fur le ,
garrot entre les deux épaules.' Ce morceacr eft un manger
délicieux; Les moutons^ o u , pour parler plus
corre&ement ,des beliers, car on n’eft point dans l'u-
fàge de lesicouper, font, aufïifd’une efpece bien diftim-
gué©. Ils hfont du. belier de Francerqùeda tête- & la
queue ; du refte * pour la grandeur & le poil ,< ils tiennent.
davantage du bouo, qui luhmêinô mai rien de
remarquable. Tous deux ont? la chair, extrêmement
délicate ,,maisTouvent trop parfumée. Il femblé que
la laine eût été incommode àu'moüt©n dans u«pâ|è
déjà trop châud^ la nature Va changée en un poil mé^
diocrement lortgiêc allez rare.
iu‘jsl|n trav^fant ces vàftes troupeaux j, je:çtiè trouvai Lemstent**
infenfiblement approcher de l’adouar:: c’eft.le nom
qufon donne à un amas de tehtês èMfe logent les maures.
Ces tentes font toutes rondes en icône, & d’uné
groffe étoffe de poil de chevre & de chameau , affez
fèrréepouT,étrefimpénétraMe;klaïpluieïiEüe^dtoierrt
placées les unes auprès: des autres ëmforme de-'cercle'j
foutenues chacune par une perche qui s’élevoit au milieu
arrêtées dans leur circcrhférence avec des Ion*
ges de peau de boeuf, attachées à des piquets environ
un ipièd au-deffus de; terre. L’intérieur étoit tapiffé -
to ut autour de plufieurs rangs de nattes y affermies
d un cote par la tente, & de l’autre par leurs meubles^
qui fe bornent à quelques outres où font renfermée^
leurs, hardes , leur lait, leur beurre, enfin leurs ptOft
vifions de bouche , & à.quelques moitiés, de cglebaffès
qui leur'feryent de pots de vafes. ci