Le voyage que je viens de faire en Afrique , entr’au»*
très obier varions nouvelles qu’il m’a procure , m a
fourni nombre de remarques curieufes fur les coquil-r
lages. On verra par la fuite que je préfente fqùe la
mer du Sénégal elt aulïi fertile qu’aucune autre mer des
pays chauds ; qu’elle produit comme celle des Indes >
les belles Cames, les Pourpres les Rouleaux., & fur-
tout les rares variétés qui portent les noms d’Amiraux,
Vice-Amiraux, & c. -fi eftimées des curieux, avec plu-*
fleurs autres efpeces, qui, quoique moins apparentes
parla vivacité & la diftribution de leurs couleurs, fe-r
ront fans doute regardées à caule de là fingularite:de
leur forme, & à. caüfe de leur nouveauté : cependant
comme un feulpaysue peut avoir l’avM£agei€fepros
duire tous les coquillages, on ne fera pas pldsietcmné
de voir- que cet ouvrage ne parle point de certaines
elpeces qui le trouvent dans les Cabinets-j que d’y en
voir d’autres qui ne le rencontrent nulle part. J’aurois
defiré, pour le rendre plus complet, pouvoir., y join-,
dre les coquillages qui naiflent fur ies cotes maritimes
de la; France, tant dans l’Océan que dans la Mediterranée
; mais ni le tems ni les cïrconftances ne me l’ont
encore permis. Un ouvrage qui donneroit une hiltoire
générale &c détaillée des corps marins ., & qui préfen-
teroit par ordre & fous un point de vue raifonné ces
différens objets , mériteroit fans doute l’attention du
public'. Il fèroità fouhaiter que quelqu’un au fait de
ces fortes d’obfervations ,i;& protégé,y lut envoyé
fur ces côtes, pour nous en faire connoître les • co*
qnillages par des deffeins exaéls & par des defcrip-
tions faites fui vaut les principes que • j’établis y hé !
combien d’oblèrvations rfy a-tdl pasà faire fiirpltte
matière encore neuve, lèule capable d’occuper un
homme pendant plufieurs années', & digne autant
qu’aucune autre des rôjbherehês' dés naturalifte^i Si le
projet que je prôpolè étoit.mis en exécution, on vet*
roit cette partie jufqu’ici négligée, avancer en peu de
tems beaucoup plus que les autres, & il rellèroit peu
de choies à faire pour rendre ce traité, aüffi complet
qu’on peut le delirer*
Je ne dirai pas avec quelques Auteurs modernes ;
que je n’ai employé à cet ouvrage que des momenâ
perdiflydls h?ont- traité -cette matière que comme; un
jeu, parce qu’ils l’ont travaillééfàns foin -&b làns peine :
en effet ils n’ont examiné que les coquilles, qui ne
leur fournilfoient aucun caraétere certain ; de-làt ils ont
conclu que cette étude ne dey oit être qu’une efpece
de divertilïèment femblable à celui que prenoient autrefois.
Scipion & Lælius ,-tous deux Romains, l’un
grand général & l’autre homme fort éloquent, lorf-
qu’ils ramafloient des coquilles pour fe délalïèr de leurs
Occupationsférieufés. Je conviendrai avec è\ix qu’une
heure d’examen fur les coquilles de leur cabinet, a
fuffi pour les; ranger fuivant l’ordre qu’ilsmous ont
donné f mais font-ils parvenus au but qu’ils le pro-
pofoient, celui de nous faire connoître les coquilles
qui ont le plus de rapports & de refïèmblances ? Non
fans doute , & il me fera facile de faire voir qu’au
contraire ils n’ont fait qu’augmenter le delordre &, là
eonmifion qui regnoient déjà dans cette partie, 8c que
s’ils nous; ont ouvert un chemin > c’étoit celui qui de-
yoit nous égarer : car li nous jettons les yeux fur leurs