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Mai,
Les Femmes
ne mangent
point avec
.leurs maris,'
V O Y A G E
quels on fe trouve, que-de fe conformer a leuï
niere de vivré & a leurs ufages $ & je m’en fuis- toujour-S
bien trouvé. Le'coufcous étoit au requien : ils le trou*
verent excellent ; # xm êM meilleures' preuvesdeft
que le plat Fut bien' hetfo^r-Pour .moi f en jugeai
moins favorablement/ Mais les goûts Font dinerens,'
& il n’eft pas permis d’en difputet. Rien a mon ieris
n’eft plus' infipide que cettb forte de'môts ; &' l=a maniéré
de le manger n’eft guères moïhs dégoûtante^ Je
m’y fis pourtant, & le trouvaLàflèzffion par la lûite.
Ce feul fervice compofa tout notre feffin. ''
Le repas fini, une jeune efclave, dans fori habit de
nature , nous préfentà tour û tour uhë jatte peine d eau-
dans laquelle chacun b u t, après quoi on-Vÿ lava la
main qui avoir fait l’office de cuillier. C’eft toujours la
droite : la gauche eft deftinée à dés ufagçs qui ne font
pas compatibles avec la propreté.' Ces pratique? font,
comme la polygamie, 'une fuite des préceptes-de la
religion Mahométane qu’ils ont embraffée :, & dont ils
n’admettent que les principes qui font les plu§ conformes
a leurs ufages & a leur manière aàfée-de vivre-
J’avois été fort fur pris de ne voir aucune fies-femmes
de mon hôte manger avec lui; mais j’appris qu,e c’étoit
fa coutume dans le pays, & qu’aucune femme n avoit
jamais eu cet avantage , parce qu’ils font perfuades;,
çn bons mahoméfàns|qu’il n’y a point de paradis pour
elles.Ainfi : elfes mangèrent après nous , ôt de la
meme* façon , c’eft-à-dire ; fans table , fahsîaffiettes, ni
happe, ni emUiergu, • ni foprçjietççs ; pi couteaux, ni
ferviettes. m : • 5^jt3 • ' - ' ' ‘ 1 '
Pour remercier mon hôte de fes bonnes façons 3 jç
lui
a u S é n é g a l . ^
lui fis préfent de quelques, pattes de fer ( i ) , Ôç je diftri- ~~i74 ÿi "
buai des verroteries à ;lès femmes & à tes ehfens. U
voulut me retenir à un bal qui alloit commencer ; mais
je le priai de remettre la partie à un autre tems, parce
que le jour commençoit à baiflèr. Nous nous quitta-?
mes ainfi fort contens l’un de l’autre. Les guiriots(2)
en reconnoiflànce de la générôfité donjt/j’ayois u£é 3
leur égard, m’accompagnerent jufques à plus de deux
cens pas, jouans du tambour, au fon duquel toute la
jeunefiè danfoit en cadence, pour me témoigner la
joie, Enfin je lés perdis de vue, me hâtai de retour?
ner a l’ifle du Sénégal;
Je ne fus pas médiocrement fadsfait de nia première
réception chez le fèigneur de Sor. Elle m’apprit qu’il
y avait beaucoup à rabattre de ce que j’aypjs lu par?
to u t , ôf de ce que j’avois entendu dire du cara&ere
Cuvage des Africains ; &c je crus- que cela ne devoit
point regarder ceux du Sénégal. Il n’en falloit pas davantage
pour m encourager à me répandre, de plus en
p l# parmi eux ; Ôç je fus ravi d’apprendre quelque
tems après, qu’il devoit partir dans le courant du mois
fuivant, un bateau pour trajtçr des .boeufs à l’efcalé,
des Maringoins. Un Employé de la Compagnie char|
gé de ce||e traite, m’engagea à faite le voyage avec
lui. Nous nous embarquâmes le- 16 juin dç grand
matin fur le Niger. Nous le fuivîmës en montant , & v *6
quand nous fumes à la peinte de l’ifle Bifêehë, nouss^i^IV^
commençâmes à perdre de vue l’ifle du Sénégal, qui, ri*ls°ul?’
'• 'W |? patte de f?r-efti^puziéme partie d’unq*ba,srgjde neuf pieds *ie.
Jong : ,fert de.tnonnoie dans le pays.
àkdï) C’eft le nom que les nègres donnent aux mufiçiens & aux tambours^
Iïjj pays, '
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