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1751. cipal du Niger, & qui n’eft féparé de la mer dans toute
0 obre* fa longueur que par une langue de làble de cent toifes
Péiîçans. au plus de largeur. Il étoit tobt' couvert de pélicans
ou grands-goîiers , qui le promerioient gravement
comme des eignes für.fes eaux. Ce font fans contredit,
après .l’autruche, les plus grands oileaux du pays; J’en
tuai un dont les ailes mefuréçs d’une extrémité a
l’autre avoient plus de dix pieds d’oüyerture. La Ion-,
gueur de fon hec étoit de plus d’un pied & demi , & le
làc qui y eft attaché en deflbus Contenait, près de vingt'
deux pintes d’eau. L’uiàge de ce làc n’eft uniquement
que pour lapêche ; cCft comme une elpece d’épervier
que la nature a donné a-cet.oifeau , pour lui fàciliter
les moyens de pourvoir a lès grands befbins; Elle ne:
pouvait le placer dans un animal qui fçût mieuxs’en
lèrvir, &.on peut dire qu’il entend la'pêche dans la
Lew manière perfèétion. Ges éifeauxnagçrit ordinairementïpÉ; éém-
 pagnie fur les hauts fonds, & forment un grand cercle
qu’ils reflèrrent en fe rapprochant peu à ipeîtpour ta~
mener le poiffon, que le mouvement de leurs pieds
contient dans ce petit efpace : quand ils le voient allez
rafïèmblé, ils plongent dans l’eau leur bec ouvert, &
le referment avec une vfteflè comparable à celle d’un
pêcheur qui jette & retire aulïi-tôt fon épervier. Pour
yerfer l’èaü dont leur fec eft rempli, ils rie font que
pancher leur bec de côté en l’entrouvrant légèrement,
elle s’échappe auffi-tôt & laide à fec les ppidons, qu’ift
vont manger pailiblement à terre.
Pakt de vue I Quand on eft a un. quart dp lieue de l’ifle de G riel,
& on croit voir une belle avenue d’arbres qui fe prélente
fur Je tptç ; leur lymmétriè feroit même penfer qu’ils
ont;
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Ont été plantjé^à deflèin pour former a cet endroit un
ppint de yue^charmant : ce ne font cependant que des
painSïd,e-ûnge femés parles mains de la nature, & ils
le font reçonnoître facilement par leur forme & leur
grodeuf. Excepte ces arbres, qui font en grande qt l |fe-
titd-flii^pettepointe, &; im.bouquet de mangliers, on
n’en vpit guères d’autres, lùr cette ifle. La prairie fe
prouve de ce même côté , fur un làble rouge un peu
«levé j où font lèmés. ça ôc là quelques arbridèaux,
j8ç fur-rtout des titimales, dont la blancheur fort agréablement
par .le vif coloris, des fleurs (Je la fuperbe (1)
qui les, couronne., Le relie du terrein eft une plaine
badè & u n ie , dont la phis grande partie eft cachée
fous les eaux pendant la làifon pluvieulè : elle le découvre
en hiver en les raflêmblajit dans un petit ruif-
Içau qui lèmble en former unç petite ifle dans la grande
ifle de Griel. Cette partie balance les bonnes qualités
de l’autre, car elle ne produit que deux lortes de plantes
(2) dont il ne paroît pas que les beftiaux foient
fort friands.
Après avoir pafle le ruiflèau qui lepare la petite ifle
de la grande ifle de Griel, on trouve vers le nord le
village de Dpunn fur un làble rougeâtre un peu plus
èleve, &c dJ une fertilité étonnante. En avançant plus
loin , toujours vers le nord , pn arrive au yillage de
Nguiàgp, d’où on apperçoit fur la droite à une lieue
de diftance celui dç Torkrod , qui en eft féparé par un
mardis de toute cette étendue, Çomjpç ce marais eft
( 0 N o u v e ll e e fp e c e d e methçntca.
(z) La criftç marine'ou falieorj & la Greffa de Linnæus. Spec. Plant.
. V
17 < 1.
Oftobrev
Village de
Dounn,
De Nguiàgo*