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Juin.,
Portrait des
maurefles.
Portrait des
maures.
Leur habillement;
J^eur frugalité.
Pendant que les hommes gardoient les beûiaux, les
femmes, renfermées fous.leurs tentes, s’occupoient k.
battre le beurre, a filer, à prendre foin de leurs en-
fans , & des autres ouvrages domeftiques. Elles ont le
teint olivâtre, les traits du vifage réguliers, les yeux
grands & pleins de feu, les cheveux fort longs & nattés
, pendans â quelques-unes , & Relevés à d’autres.
Elles me parurent auffi. avoir la taille bien faite;, quoi*
que petite, & fur-tout beaucoup plus de réferye que
les nègreflès. Les hommes ne font guères moins grands
que les nègres ; mais ils en different par leur couleur
qui eft rouge ou rouge brun ; par leurs cheveux qui
font médiocrement longs., crépus plus épais.; Sc
fur-tout par les mufcles qui marquent ' davantage fous
leur peau : ils ont aufli le vifàge plus maigre , plus
décharné. v & la peau duiCorps moins tendue, Leur
habillement & celui de leurs femmes confifte en line
longuecbemife.de toile moire, & une pagne dont les
femmes fe couvrent la tête & les épaules , Ôc que les
hommes roulent tantôt autour de leurs corps comme
une ceinture, tantôt autour de la tête pour imiter le
turban. Cette pagne n’efi: pas toujours de coton & de
couleur, noite ; il y a beaucoup d’hommes .qui. la por*
tent de: laine blanche, fouvent bordée.de rouge.; J’ai
parlé cfdevant d’un repas que je fis avec des.nègres;
mais ceux des maures ne leur cèdent en rien pour la
frugalité. Le laitdechameau, de vache, de chevre
de brebis,4tvee le mil,£iit leur nourriture ordinaire;
ôc fou vent ia: gomme fêuleavec le lait leur tient lieu
de tout autre mêts ôc de boiffon. r dm x
Il n’y avoit pas encore deux mois que j’étois.an Sé~
négal , &, j’avoisdeja eu occafion de voir 5c de cèn- *.
rioître par'moi-même, autant qu’il m’étoif needidre 1
pour le terris préfènt/dê toutes les nations qui l’habitent
, les deux les plus éloignées: par- leurs moeurs &
la maniéré de vivre, celle des maures &c celle des nè-
gres. J’avois remarqué dans- ks uns & dans les autres
ùn fond d’humanité Sc uri caraélere fociable qui me ï!
donnoit de grandes 'efperancês pour la fiireté que je
de vois trouver paierai eux, & pour la réuffite des con-
rioilSnceS que *je vOrilois:prendre do leur pays,.
Le jour fuivantjeparcourus, herborifant &C chaf-
faut ; «les brillantes cMspâgnësqui font fur la rive op-
poféè du fleuVeî Elles itbiënt âte^-tomtekjeowertes f&sj
de la groffè ëfpece de mil appellée guidrnatt (1} * qui &°s ”1
approchait fort de fa maturité, & dont les nègres
âvoient enveloppé les épis^àteç leurspropres' feuilles,
pour les mettre k l*abri dés attaques des moineaux qui
Ÿ font ordinairement de grands ravages. Ce n’étoit
pas une petite befo-gne que de marcher dans la plaine
travers de ees mils , dont les cannes fort groflès 8s
aiîèz ferrées, aVoknt huit bons1 pieds de hauteur. La
chaleur étôït étouffante y parce que le vent ne fe fàia
foit pas fentir dans ces grandes herbes, & que le fb*>
leil peu éloigné du zénith daréoit fes rayons prefque
k plomb. Mes nègres pour fè difiraird de la longueur
de la route, 8t pour fe défàkérèr, arrachaient de teins
en tems des cannes entières de ce mil y & en- forçaient
la -mOëlle après Tavoir dépouillée de fort écorce. Ils
m en préfènterent quelques morceaux âinfi préparés,'
(i) Miliuft^njî.jjjnaceum yputrotundo femifle fctg(> atlûiinàtuiîï. C
JS. Pin.zô. r; ■ - , -