iZ5I. mouches(r), dont les piqùûres fe font fentir àuflt
Pecembre, vivement que celles des mouches à miel. Mes nègres
qui étoient nud§, furent bien autrement incommodés
que moi ; leur corps en était tellement couvert, que
ces infe$es fe touchoient 6c faifoient plufieùrs rangs
les uns fur les autres. Je crois qu’on n’a jamais rien vu
de pareil, ôc que toutes ces piquures leur tirèrent au-,
tant de fàng qu’auroit pu faire une fàignée copieulè. Il
falloir que ce canal fut comme le grand chemin ou les
maringoins le rendent du fond du bois, qui femble
être le magafin général du pays, pour fortir enfemhfe
par nuées, ôc fe répandre enfuite dans les villages ôt
par tous les fieux habités par les hommes ou les
animaux.
A cette incommodité près ce feroit la plus jolie
promenade du monde que ce marigot, qui n’a que
deux à quatre toifes de large, fur autant Ôc quelque-.
Fréquenté fois davantage de profondeur. Il eft fréquenté par un
ieaux d’une grand nombre d’oifeaux tous plus beaux les uns que
gaqdebean, jes aijtres| gf fer-tout par plufieurs efpeces de martins;
pêcheurs, dont le plumage eft peint agréablement des
couleurs les plus variées 6c les plus vives. On y çntend
aufîi un ramage continuel répété par les échos fonores
qui fe redoublent plufieurs fois, a eaufe de la multir
plicité des troncs d’arbres dont il eft bordé. Ses deux
extrémités font barrées par un platon ou banc de fable
qui n’en permet l’entrée qu'aux pirogues : cependant
en prenant l’heure des marées 3 on pourrait y faire
paflèr par le marigot de Kantaï des chaloupes, qui fe-.
éonfiSratks rofent des abatis conhdérables de bois de mangliers ?
(x) Tabanus, Le taon.
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dont la plûpart ont douze à quinze pouces de diame-;
tre, ôc feroiént d’un ufàge merveilleki pour la char- Décembr*>
pente des maifbns. Celui de ces platons qui fe trouve
au bout oriental du marigot, eft d’un fable vàfèii x qui
découvre à mer barffe. Quand j’y pafiai , une demi-
dquzairïé de cféeadiles y étoient étendus au foleil,
immobiles St fembkbles a autant de pièces de bois
couchées par terre. Toutes les. fois que les. nègres approchent
de cet endroit, ilxfont fins d’y trouver de
ces animaux ; 6t c’eft de-k, qtfils ont donné à ce rudifeau
deomarigot, des qui en leur langue
fgaifie marigot des Crocodiles.
Je débouchai par 'la droite de ce platon dans le ma- péche da la-
rigoÉ de Kantaï,©m- les nègres étoient alors beaucoup man ..
occüpés à la., pêche du lamantin. Ce poifîbn dont tous
les i#éÿÉgeëfs nfont pas manqué de parler,. qu’ils ont
même décrit fans le bien connoitre, 6c qui probablement
a donné; lieu à.- la fable des firènes / mérite un
aièz long détail pour que je fois difpenfë d’en dire
davantage dans cette courte relation. Il ne fe paffepas
d’année qife les nègrës habitans de ces; quartiers ? ôc. qui
s’en réfervent la pêche exclufivement a. tous les autres,
n’èn prennent une demi-douzaine, dont ils vendent la
plus grande partie au fort du Sénégal. Gctte pêche ne
fe fait qu’én décembre dt janvier qui font les moi&fes
plue fevérables. La chair du lamantin eft un manger
excellent : elle eft blanche comme celle du veau ou
du cochon-,. 6c fà faveur tient de toutes les deux ÿ mais
rarement eft-ellè aufîi tendre.
_ Eh remontant fe Niger au fortir des marigots de d<La.m®f
Kantaï 6c de Guiara, je vis fe long de la côte de Bar- le kiger.