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Août.
Çprpentgé^tit.
Vers le milieu du ‘mois foivant on me fit préfent
d’un jeune ferpent de l’efpece du ferpent géant. Ce
préfent me fit plaifir , parce que cc’dtdi;kl& premier de
cette efpece que j’euflè vu : j’en conferve encore aujourd’hui
h dépouille en entier dans mon cabinet. Il
venoit d’être pris dans le marigot même de l’ifle du
Sénégali, & il étoit trèsr-vivant. Il avoir trois pieds ôc
Vin peu plus de longueur. Le fond de fa couleur étoit
un jaiine livide j coupé par une large bande noirâtre
qui régnait tout le long au dos| & fur laquelle étorent-
ièmeçs quelques taches jaunâtres aflèz irregulieres. Un
luftre répandu fur tout fou corps y le .feifoit briller
çomme s’il eut été vérniiîe. Sa tête n’étoit ni platte ni
triangulaire, comme celle de la vipere y mais arrondie
& un peu allongée. Ce ferpent tout petit qu’il étoit,
fufgfoit pour me le faire dilHnguer de toutes les autres
efpeces ; mais ce n’étoit iqu une foible image des gros
dont jahj^ljeine me ferais formé unetidéê'jufte, fi
peu decems âpres on ne m’en eût apporté ên différent
tés fois- deux médiocres, dont le plus grand avoit
yingt-tdçux piçds & quelques pouces deÜong fur huit
pouces .de large. Un cendré noir lavé de quelques
lignes jeunes peu apparentes, étoit la couleur dornfo
nanfe de là peau, qui étant étendue .avait- vingt-cinq
à vingt-fiç pquçes de largeur j elleme fut laiflée toute
entière avec un tronçon de chair, dont le refte devoit
faite le repas du çhaflèur ôc de tout fon village pen-r
dant pfofieurs jours. La tête qui y tendit encorç , éga-?,
lpit en grandeur, celle 'd’un crocodile de cinq à fix
pieds ? fes dent^gtetfent longues deplus.d’undemi-
poücç ? fortes &ç aigues Tpuverture de là gueule
auroic
auroît été plus que fuffifante pour avaler en entier un
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lievre & même un chien alfez gtosy làns avoir befoin
Septembre.
de le niâcher.' ’
■ La vue de ces- deux ferpens y qui de l’âvéû de mes' • taüie despiu*
nè#rès;& de tous ceux qui enaVpient beaucoup vû s*
n’étoient que des médiocres, ne me-peéMirent plus de'
douter de larfvériîé de ce; que ^ëh'iû^i^^dritéridn -diré-
mille fois dahsdeîpâysy & que j’ûydls^ mis air ndififerè^
des fables .Les nègres mêmesràuxquehÿéfôfehedév'able
de ceoeb-cij m^aifomréntcju© jeïn^àVcps- riërf v#de fin-
gulieK; en ce igenreq-rSe ' qut.1 pas ràredienilroulf
v e r , I l ^quelques hreùës dans: l?eft ded’iflè dû? Sénégal,
dont la grandeur égaloit celle d?un mât ordinaire'dé '
bateau. Des gens1 du Biflào difent en "avoir vû dans •
leur pays qui auroient furpaffé de beaucoup ces pièces
dç bpï8. Ilide fot :pas difficile de juger paf lacompar-i
raifon de leum técit^mvec les forpens-que j^avois fous;
les yeux, que la taille dés plus grands de cette efpece •
appréciée? âi^rjufte valeur y devoit j être de qüàrântê à | ;
cinquante pieds pour la longueur ^ & d’un pied à un1
pied Sc demi pour la largeur.
La maniéré dont cet animal fait la chafiè n’eft
moins firiguliere que fon énormegrofièur. Il fetient* ■
dans les lieux humides-8c proebedes eaux. Sa queue
pft repliée for elle-même en, deux od<trè$sîîtoùfs;de;
cercle y qui renferment un efpace rond, decinq a-' fix1
pieds de diamètre, au-delfos duquel s’éleée fà tête avec:
une partie dp fon corps. Dans cette, attitude. 8c comme'
immobile., il porte fes regards tout aütour de lu i8 ty
quand il apperçoit un.anin|al a fo portée?, > il s’élancé
for liai' par le moyen des circonvolntions de fa queue