1 7 2 V O Y A G É
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îeignenr
faiTnes,
des
le bateati étoit mouille. L’employé de traité âVô-it
déjà fait élever une tente fur le rivage , & conflruire
les cabanes de feuillées fous lefquelles nûüs devions
coucher. Le lèigneur nègre,-maître des fàlinesy appelle
autrement Korom-affbu ou Kram^ajfùü, averti de fon
arrivée, vint lui rendre vilite. C’étoit un homme qui
paroifloit avoir environ quarante ans-: il étoit grand
& bien fait! Sa couleur n’etoit pas d’un- noir bien foncé,
mais feinte d’un peu de rouge. Il aVolt ï’âir nciblé
quoiqu’il ne fut pas beau, l’efprit vif, les maniérés ailées
, le ton de voix doux & agréable : if s’expliquoif
bien & parloit gravement. Après une'deïni-héure de'
Converfation, quand ce fèigneur fut convenu de tout
avec l’employé pour la traite, il nous conduifit au ri
quart de lieue de là. au village de Guébenn dont il
.Maniéré doat étoit gouverneur. Il nous y reçut fort civilement, Ss
^reçoet l’A u- JIÏAme avec une politeflè que l’on n’auroit pas cru devoir
rencontrer dans un homme de fa couleur. ©n<i
collation de lait doux, de vin de palme, dés prunes
d’icaque, appellées ourdi, & d’autres fruits du pays
nous attendoit. Il avoit fait raflèmbler toute la jeu-
neflè du village pour nous donner un bal} 5c elle nous
accompagna en danfànt au fon des voix ÔC des inftru-
. mens jufqu’à l’efèale, ou Ton continua la danfè & les
jeux jufqu’h la nuit. La danfè efl la paflion favorite
des nègres , & l’on voit au milieu de ces bals jufqu’aux
enfans qui peuvent a peine fè foutenir ; on diroit qu’ils
font nés en danfànt, à voir la jufteflè avec laquelle ils
marquent la mefure dans tous leurs mouvemens. Les
mêmes âiriufèmens recommencèrent tous les foirs des
jours fuivans : enfin ce galant homme fit tout fon p o f
A U >. S É N É G A L.
fible pour no«s?prwurer quelques divertiflèmens ; & i
ce iMtoit' pas alne: petite coiifolatiîOTis pour nous dans bùU:
un quartier fi défert 8c> fi dépeuplé; âèm
- ’ Lé ! lendemain-;j alla! recorrnoître les* leri^irônàhde vahge de
Mouitt, qui eff-.è deux tiers de lieue dans’le fud de
l’efcale du Piquet: C’eft un village affez grand & fort
commerçant, fitué avantageufèment fur une::colline
bien plantée-.de pains-de-dmgeî & dé figuiers: fàuv-agéS
d’une >grande hauteur ces. derniers arbrefc. ont beaucoup
de rapport avec le fycomore des anciens. En chemin
faifant je paflài par un grand nombre de petites
falines remplies : d’un fel fort rouge & inhmment plus
âcrè 5c plus çorrofif ^uekekirdès egrandes falinesf dé
Guébenn. Je rencontrai aufîi des? renards, des gazellesf
& 4fes?vefligé^ dfesrfàngliefs âj d^s.loups -fraîchement
imprimésefur É le fable : mais : ht bhaffe de ces- animaux
qui m’étoient allez connus, rie mer.tenta paè tant què
celle de certains oifeaux noirs que j’apperçus ad’orient - Bfl&i
du village. Ils étoient fi fèmblables aux coqs-d’inde c**5*
pour la grofïèur & le plumage, qu’oiusfy rferoit facilement
trompé. J’en tuai: deux d’un mêirie cfoup, l’un
mâle , ôt l’autre femelle. Tous deux pprtoient fur la
tête une efpece de cafque noir & creux, de même
grandeur & de même figure que celui du cafoar : ils
àvoient fur ie col une longue: plaque femblable a un
vélin très-luifant, qui étoit roirge dans le mâle & bleu
dans la femelle. Cet oifèau pourroit bien être la galli-
nache des portugais, ou celui que les françois des ifles
de l’Amérique appellent marchan j il fe nomme guinar
chez les nègres. Les habitans de ce quartier le regardent
comme'un marabou , c’efl-à-dire , comme un animal