Mrs de Juftieu au Jardin au Rot, m’y attiroit fouvent ;
& mon aftiduité avec, ce goût décidé pour cette -fcien-
ce, me firent bientôt connoître d’eux. C’eft fous ces
deux grands maîtres, auxquels je ne puis trop marquer
ici ma reconnoilïànce, que je commençai à entrer dans
cette vafte carrière que je cours aujourd’hui-*L’efprit
d’obferyation & cette fagacité qui eft particulière à
M. Bernard dë*Juffieuj^& qu’il fçait, fi bien mfpïrer,
& , pour ainfi dire, naturalifendans tous ceux .qu’un
goût lèmblable rapproche de lu i, prirent facilement
chez moi, & m’entraînerent infenfiblement de l’étude
des plantes à celle des minéraux, de ceux-ci |Égj| animaux,
jufqu’aux inieq^s mêine &?' aux coquillages,
enfin dans .toutes les parties de Phiftoire naturelle. . .
-Dès-lots ln jcabinet du Roi^çelui de M. de Réau-
mür, ëc celui de M-s de Juftieu-me furent ouverts ; jd
puifai la un fonds de connôilîànçes qui me mettoit en
état de faire utilement des obfervgtions de. toute.efpe-?
ce : un peu d’aftronomie même ne me parut pas inu-
tile à mon o b jet, & j'en ap p r i s a u t a n t . qu’il étoit.
néceilaire , fous M. le Moiinier,
Ce ne fut qu^apfba^voir travaillé pendant plus de
fix ans fous, les yeux de ces’, illuftres Acadé.imçiens,
que je déclarai le defièin que j’avQisÇOnçu depuis long-3
tems de voyager. Leurs oblervationsfur les différent
tes branches, de Phiftoire naturelle de la France', laif-*
foient peu de ch.oi&s h délirer; je penfài donc que rien
ne me 1er oit plus utile que d’employer ma jeuneflè a
faire pn voyage'»dans quelquej paya élojgné * ÔC peu
fréquenté, perfuadé que j’en rapporterois beaucoup
de connoifTances nouvelles pour l’Europe-, Je fçayois
fque l’Afrique équinoxialë’h ’avoît été vifîtée par aucun
•naturaliftev& que par 'êoriféqüent j ’aurois un vafte
champ d’obfervatiOri# a moifTonner. ' “t L 4m
Ce h’étoit pas^ peu entrëpréndrë,lans doute que
de vouloir executer é rricfi fèul un Ouvrage qui éxigë
Ordinairement les travaüx d’un botanifte', d’un phyi.
ficien , d’un anatotnîfte Sc dun defîinatéur. Géttë côni
fîderation né m’efifaya pas néanmoins * & je fis con<-
nortre mes iritentiohs l^feu mon pèle, qui me" pféfentâ
au commencement de l’annéè'^748 , 1 M. David 3
chëWM«^ife Pondre de S, Michel &- direaeur de la
B S fS B gH K * ïnc*es >,dont iV A f^ m n n u . M. David'toujours
àttèntif a? ce qui peut être-utile’ au Commerce
goqta fort mon delfein, & me témoigna beaucoup
de joie d’une ent r e pr i f è^qui i t t é^auf f i
àVantageufe a la phyfique.qu’au commerce-de là cé-
libre Compagnie : il m’obtint unëplacé dans lescOmp-
toirs de la Conceffioh du Sénégal, avéë mon paflàge
fur le premier batiment qui partiroit auffi-tôt apres la
pu'BMMih delà paix. Je fus ravi dé trouver aihfi l’ac- = =
complifTernent de mëJdelTeins je partis de Paris & *oDéciLb,
■ ao décembre de la même année /pour me rendre au £1 5 "^
port de l’Orient oh fe font les embarquemens de la
Compagnie,
L'Mver faifbit encbfe-fèntir fès rigueurs loffipïe ~
je m’embarquai le 3 maî-s de l’année '1-749 5 fur lé ' jMaL
vaifleau le Chevalier Marin, commâhdéparM. Dapreif
de Mannevillette. Nous mîmes à4 à $bile fur les dix FOrien?*
heufes du matin, & fortîmes düjkirt àccompâgnésdê
deux pètits bâtlmëns deftinés à faille routé avec nous.
!*es venfpdé uhus
A ij