1 7 4 9* Noyembre.
Rencontre
d'us tigre.
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peine de recharger mon fufil après:avoir tué deux toucans
, lorfque.je.vis un tigre.à mes côtes. Il ne m’avoit
pas encore apperçu : un arbre fe trouvoit entre lui 8c
moi ; & il marchoit fort lentement la tête pahchée
vers la terre. Je glifïài promptement une balle dans
mon fufil, pour le coucher en joue derrière l’arbre
j’armai ma main gauche, dmh couteauu A ces mouve-
mens le tigre fè retourna Jfierement de mon cote ;Sc
me lança des regards terribles. Quoique je n’en fufîè
pas éloigné de douze pieds, la prudence ne vouloit
pas que je lui tirafïe mon coup, pareejque^ltms feul^
& qu’il y avoit beaucoup a rifquer : pour m oi, fi je„ne
l ’eus pas étendu mort fur la place. Je .pris le parti qui
me parut le plus fàge dans une pareille rencontre :
c’étoit de le tenir toujours couché en joue , un genouil
plié pour plus de.fureté jgg & de frapper la terre de Vautre
pied fans me déranger, afin de le déterminer à
prendre fon chemin. Il le fit a l’inftant en débutant
par un faut tel que je n’en ai jamais vu de femblable,
& me délivra ainfi dç l’embarras où jni’ayoit jetté fa
préfence importune.
Dès ee moment je quittai le bois pour me râppro?
cher du bord du fleuve, où mon nègre ne .me rèjoi-r
gnit qu’une heure après. Nous attendîmes fort long-
tems le bateau fans en avoir de nomrelfespribus allâ-r
mes même quelque peu au-devant, mais toujours
inutilement. Nous l’avions laiffê.plus de deux lieues
derrière nous , il n’y avoit aucune apparence qu’il
dût arriver avant le coucher du foleilivll ^coit quatre
heures du fbir ; & depuis fix heures du matin quef je
fatiguois, je n’avois rieq pris que 4? l’eau, dont je
l
A , 0 C S fÉ J N f& G'5 A L,
bu v bis- une giàndeîabondaneèrpour tempérer les cha-
Ieurs.que me .fàiiibrt effuyer feêfofeil 'le pins ardent.
Preffé pahlafairiiranfli-bien que mmiaèÿbp ^emelcfe-
tefminai àtfeire le*dîner du fàuvagè. Rien àf^Àûan-
qua.^ J’Wèls ttyé, chemin faifant, plus: de :gibier^quK3 |Jir
quatre ifâmmeiafipïmés^ Molr30^
nègre ne fut pas embarraffé-pour le-foire tôtir fil: frotta
enfembk deux bâtonisùqui prirent feuM&nflant j M t
Suffi une; broche dedxsfc ,”qu’& garnit avec mn tèm
é4 û\ deux perdrix deux pintades. Quandue dîner v
enoetêpfas ; frugal' <gc i de moindre appareil :qu|peliÉ
dhè^grèg^fut finipjèfiflüs?oe pouvoir rien, faire dè
pttf>vàntageux pour moi Se pour dons les fran^çok
qui^ieridroient-par la hake fe jxdmèû^dani cb'dan^
gereuXpendrolt, que 4’y mettfé fe feu, comme fe pratiquent’les*
nègres. Pendant deux heures’ què je reliai' V metIe£e0'
la f^fjêp le fomentai, d&j’y.' fournis des mat-feres
fàntês' pour émbr-âfer plusieurs lieues de ce Vaftédé-
fert, qui s’étehd depuis 1e village appelle Nd&umt-
mân^êés, - P o d o r $ dans' une éfpace de. plus dè
vingt -lieues, ÔC qui n’efl fréquenté querarement par
les maures-,-qui'y campent -dans quelques endroits où
ik-ënt mfslefeu. À fept feeùtes -du? fbir le batéau'tant
defiiré & li: lëng-tems attendu , arrivé; je m’y ^abar-
quai âVec uné-graiide farisfacâ:ipfi*-a la lueur :dü feu que
j?âv|cSi allurbd^ j%ppris huit jours après^qu’il brû-
I b î t encore , qu’il avoit découvert plufieurs lieues
de pays.?;;r
Gn arriva le 8 à Lamnaï3 Cette petite ifle, q ulon Nombre pro.
peut pommer a bon drpit l’jfle aux oifeaux., eft fortbSS'Lrm«
baffe, & n’a pas deux cens toifes de longueur. Ses -ar% de LamnaL