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j 7,î;x. d’un ufage merveilleux * leur forme èft telle que l’èïi
. “ , peut dans l’occafion en faire une voile, un drap, Une
eouverturè, un manteau , une jupe ou une ceinture.
Je ne puis mieux comparer là figure qu’âvoit cette
Voile, qu’à celle d’une baniere , dont lès deux bouts
d’en-bas furent attachés aux cotés de la pirogue. Le
nègre qui étoit derrière à la poupe, gouvernoit aveê
la pagaïe, pendant que l?autre dirigeolt là voile & la
tournoit au vent. Avec ce foible fècours, je fis près de
deux lieues en moins d’une heure dé teins, 8c j’arrivai
^ Centrée du marigot de Del. A l’endroit oh il fë dé-.
P)e barre. bouche dans le Niger , il eft fermé par une barre dé
fable dur laquelle les vagues du fleuve brifènt quelquefois
allez dans les vents de nora-oueft, pour en
empêcher l’entrée aux grandes pirogues. Mes gens prirent
fi bien leur tems, qu’ils franchirent la difficulté ,
& après m’avoir fait parcourir le marigot dans tous
les détours, ils me conduisirent au Village de D el, qui
étoit bâti fur l’extrêmité d’un banc de" coquilles. Ce
c0' banC s’étendojt de près d’une lieue dans le nord -, & il
me parut remarquable en ce qu’il étoit entièrement
découvert à fleur dé terré, Bt que toutes les coquilles
étoient d’une même efpece d’huîtres, qui âvoient vécu
autrefois fhr les mangliers dres marigots voifins, de la
même maniéré que celles que j’avois obferyees dans le
fleuve Gambie.
La mer avoit amené dans le Niger une quantité
prodigieufè de poumons marins & de vélettes , que
j’çus tout le loifir à mon retour de voir flotter fiir fès
eaux. Les premiers de ces animaux fe 'connoilîént
dans-le pays fous le nom de bonnets-damans, & les
derniers
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derniers fousPCebu de galèré;$|î). Rien ne reflèmble
davantage à une. veffie remplie d’air y? & peinte dfàn .
beau rouge r que le cqrps deiaigàlère. On a peine à’ y yqt
diftinguer autre! ch^fe qu’ufoéflàhge fur ïéoos ,f& huit mann’
fifétsi fous ,1e' ventre , quieideÇcendént eri bas comme
pouD ferVin de left à_la veffie pqui’fe foutienti^Out’e
ha-rs de l’eau, & eft portée au gré des vents. Cet'anï-
mal tout'informe qu’il e ft,& prefqûéfans aucun mouvement
fènfible, eft cauftiqûe au point que lorfqu’dn i
le touche , ilcâufe une douleur femblableà celle d’une
brûlure. J’en priS un dans læ main ppur eh* faire i ’é-% .,
preuve / jette. retins jufqu’à'cê que Ton effet 'c'ôtfi- 7
mençât rà fe faire1 fentir : il fe ’déclara à l ’êxtérieurpaï
une petite rougeur?, fume" d?un picotement & d’unè
inflammation qui ne ceflà qu’au bout de quatre heures,;
La douleur, fpcommuniquoit à toutes les parties délicates
du corps , comme à celles du v ifa g e& fur-tout:
aùxxpaupiérésppar un attouchement mçme très-légeif;
défia main enflàminée.
:, Leè ôbfervations que je fuivois depuis quelques an— Précautions
f;éesrfiin ies chaleurs du pays1, avec Utte attention
des vues, particulières , me paroiflbient aflez importantes
pour, que je les; étendiflè de maniéré à les rendre
fùfceptibles de !comparaifon. J ’imaginai d’obferver
dans les jours ; les . plus chauds de l’année | les degrés
<jue marquoit ;le thermomètre de M. de Réaumur
étant expofé à l’air libre, & ceuxqu’un fécond inftru.
ment: femblable marqueroit pendant le même tems
dans le fable de la campagne expofé au folèil. M. AnÿàrititèVi
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