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^ ^ Cette relâché., quoiqu’un peu longue , me fit beai^
o&oÊre-l COUp. j e piaifif. Outre les connoifêmees qu’elle me
donna d’uh pays que-jé voyoîs pour la première fois ,-
elle me repofa des fatigues du voyage, ôc nie mit eii
état de fupporter celui que j’allois faire de-Pa enFrance>
La lenteur ordinaire aux portugais, &' lés difficultés,
que nous eûmes de la part de la-mer ia embarquer Peau,
le bois, lebifëuit,-les &rines!]lësboeufs^ les Volailles
& autrés provifiôns y ne noû£q5ermirentde for tir du
S S S K port de Fayal que le 8 de novembre. Nous eûmes des
^Onkvei’an- yen£s ^ fud-Oueft qui nous firent bientôt perdre de vùe
lés Afores.' Je profitai de leur tranquillité pour pîèii-r
dre une fécondé bouteille dJeau: de mer^ trois cens
lièues^ëÿc^es de Francè
felloït a^ e eell^dottt f ay
vois e u foin de rifë pourvoir dans les rmé:s d û^ ié ÿ àT
Notre havigatiôn du Sénégal a Fayàl àÿOÏf efefèrt
ënnuyeufè, mais là fin fut des pltfôlpèrilleufe. A .peine
Tempête de àVîons^bus-fàit cinquante
^eux moîs.- pes ^ qu’unvënf furieux de fud-élt sempara de la mer,.
ôé nous fit éprouver le'commenéément d’uné' tempête
qui dura deux mois. Nous fûmes obligés de;mettrte!à
la cape, & deflÙyer en.cet état
Conçoit affez eefqiié^’eft que la- pôfition d’un fragile
bâtimënt^éxpôfëàêérèlejèuètd’uné rdèf éoÛrrèi^é,;
tantôt élevé fur une montagne d’éau,- êë tantôt plonge
dans les abyfmes.; battu en flanc par une lame 3 appe-
fanti par l’autre, qui en tombant deffus 3 fémblé devoir
le briier en mille morceaux. Ôn peut eriedrë fe figurer
l’inquiétude du voyageur qui foupire après Üri rdpâs
qu’il ne peut trouver ; l’embarras d’un pilote dont l ’art
A Ü i M N" WÊÊm L. r.89 ___ K8Sa3BaBBKSSSBnq|<
devient inutile,,, qui cherche* vainement là rpute- 1 7 ^
dans le\ciekau milieu des ^ï|rouillards^ ,tdè^;flo^s‘ jq*d Dtesmbre'
fèmblent conjurés® centre lui ; enfin'l’état; dù-r^atelot
. le plus? aguerri, qui voit difpàrôître un v&ifièaU;a-&s ,
• côtés r.Quel fujet delméfiance.ïpour;eux* 1 (
Telle fiit notre pofition. pendant.les deux.mgÆjjlqs
plu^mpurts de d’année../ Ce fut
errâmes -tant dans( l’Océan que dans la
çourarfs néus portèrent, êf />ù nous^étiqnsj,obligé^
chaque jour d e fuir K.terVe; que nous cherchions fur
une côte remplied’écueils ; lorfqu’urte. bonaee !, dont
profiter, no® permit de fortir deceCanal.
& de chercher un aîyle dans le port de Breft : cariai
-force de là tempête avo,it.mis nos voiles en pièces ,brifé -
nos. manoeuvres, Je corps même du vaifleau étoit bipn
maltraité ; les yiVresj manquoient, & vl ’on në pouvoit
fe'rendre en cet état au port de l’Orient, qui'étoit lé
lieu de la defihaàtïon, quand même on auroitS^ule»
vents les plus favorables.
Quand nous fumes par le travers de l’ifle d’Oueflant,
npés embarquâmes un piloté côtier, qui Mus fit entrer ,
dans le port de Bref! le 4 de janvier 1754. Ori peut 4
juger de l’état où je me trouvas en arrivant ckip cetté
ville après quatre mois du Voyagé le plus rude, & que u'
î’avqis entrepris convalefcent d’une maladie, do$t le
fouvenir me devint encore plus amer lorfque.jp vis la
plupart des plantes qui en ayoïent été la caufe, perdues
par les rigueurs de la faifon. Pendant que notre ^
vaifleau fe radouboit & fe ragréoit pour fe rendre au
port de TOrient-, je pafEi un mois à Breft pour rétablir
ma fanté chancelante, ôc me difpofer au voyage de