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Eévrien
Farobie*.
Figuier ex-
Éraordinaire.
jgaldé, ce
gue'^!gft*l
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dont le bols eft très-mol, liant & extrêmement léger.'
Ceux de Gambie ayant a leur difpofitionles plus gros
bentens, font aum les plus grandes pirogues : ils en
ont de quarante a cinquante pieds de long , fur quatre
à cinq pieds de largeur ôcün peu moins de profondeur.
Le fârobier eft un autre grand arbre, aufli commun
que le benten, mais d’un ufàge tout différent ù caufe
de la dureté & de la pefànteur de fcm bois. Sës fruits
font fort recherchés par les nègres. Ce font des gouflès
fèmblables a celles du haricot, mais de plus d'un pied
de longueur , qui renferment des fèmences noires, ap-
platies, fèmblables à de groflès lentilles, êç enveloppées
d’une chair jaune farineufè. Ils mangent cette
chair, qui fbuvent leur tient lieu de toute autre nourriture
, lur-tout quand ils voyagent. Elle eft fort bonne
, nourrifEmte, 8ç d’un goût de pain-d’épice fucré
.& très-agréable.
A l’extrémité orientale du village d’Albreda je trouvai
un figuier fàuvage id’une figure de d?une groffeur
extraordinaire. Il rfétoit pas fort haut ; mais fon tronc
qui a voit environ dix pieds de. diamètre, étoit coupé
de tant de canelures, qu’il fembloit compofé de plusieurs
arbres joints les uns aux autres par leurs troncs,
dont la plûpart s’dtendoèent davantage, vers les racines',
où ils formoient des efpeces d’areboptans. Le
même tronc dont la hauteur ne paflbit pas quinze
pieds, fe divifbit en plufieurs branches fort groflès &
bien garniesde feuilles, .qui rendoient cet arbre fort
agréable, capable de faite un très-bel ombrage. Les
jhabitanë du lieu en a voient profité pour faire un cal-
dé? ç’e||-à-4ire , une falîe de epuyetfetion, Çette falie
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conftftoit en un plancher élevé de deux à trois pieds ~
au-delfus de terre, & compofé de plufieurs fourches FéVrieï*
plantas les ùriesà cêté ^sautr^^ fijr lefqueiles pan-
toiéiît des traverles ; on avoif recouvert le tout avec
des claies fort ferrées, & quelques nattes par-deflus.
C ?étoit-là le lieu où fè teooient les aflèmblées ; les
fainéans y alloient.fumer ^ converfer y on -y. voyoit
des curieux de nouvelles; en un mot, .c’étoit-ià que fe
traitoient toutes les affaires du village. :
Il n eft pas étonnant, fans doute, que dans un payé Grenouilles,
humide on-voie des grenouilles : cependant je devois
naturellement enetre fiirpris,n’enayant encore trouve j
:dans aucun de mes voyages, Depuis Podor jufou’à
Gambie, qui en comprenant l’ifle du Sénégalycelle de
Gorée, Portudal 8c plufieurs autres lieux où j’avoàs
oté;, renferment un efpace de plus de cent cinquante
lieues qui m’étoit affez connu, je n’a vois encore vû qpg
des erapaux. Ce fut dans un puits creuie au.boiit occidental
du village d’Albréda que je découvris les premières
grenouilles fes bords élevés de fix pieds 8c
•coupés verticalement, les empêchaient de fortir. Je
n’en; vis que dans ce puits, mais elles y étaient en fi
grande quantité, que quand elless’élevoient au-deflùs
de l’eau, elles en cachoient totalement la furfâce, fe
tenant toutes en recouvrement, les. unes au-deflùs des
autres, k peu près comme font pofées les tuiles qui
couvrent nos maifons. Leur corps plus petit 8c plus
ramafle que celui des grenouilles de France, 8c leur
couleur verte, tigrée de plufieurs taches noiresijéttéeS
; agréablement, me la firent regarder comme une efpece
bien diftinguée. •