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Avril.
Largeur du
Niger vers
cette iflèi
Nègres du-
Sénégal.
Leurs mai.«forts ou cafés.
Leurs lits.
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violent. L’ifle même fur laquelle je me trouvais > n’é-
toit qu’tin banc de fable de i LT|^ofeÈès:éé longèeùt ,
fur 150 ou 200 toîfes au plus de largeuti; 6c pirefque
de niveau avec» les eaux du fleuve. Elle, le pârtageoit
en deux bras, dont l’un à fbrient avoit environ 3
toifes, 6c l’autre à i’oçcident avoit près; de '20'©. toifes
de largeur , lur une profondeur considérable* ■
Malgré faflérilké, eette ifle étoit habitêë par pilé
de trois mille nègres , attirés par lès bienfaits desblancs
au fervice defquels la plupart font fort attaches. Ils y
■
ont bâti leurs maifbrts ,<bu autrement leurs cafés * qui
occupent plus de la moitié du terrein. Ce font des ëf-
peces de colombiers où de glaeiefes } dont' les'muïs fbht
de rofèaux bien joints lës tins aux autres \ ÔC fputertus
par dès poteaux plantés en térre. Ces poteaux ou pï-f
qiiets s’eievent à la hauteur dé eih qjf fix :pièds , r&:
fupportent une couverture rondè de paîfle ,de même
hauteur j ôc terminée en pointe. Chaquèfcafe^n-’a.que
le rez-de-chaufleè * 6ç porte depuis' dix jufqÿ^quinze
pieds de diamètre. Il n’y a pour tou^iJuvè^türe qff une'
feule porte quarrée, enpprè eft-elle.fort baflè fou-
vent avec un feuil élève d’un bon pied âurdeflÙS de
terfe; deforte que pour y entrer il faut incliner, le
corps en levant, fort haut la jambe, ee qui fait prendre
une attitude âufli ridicule que gênante. ijJn ou dettes
lits' donnent fouvent a coucher h toute une famille, y
compris les domefliquesqui font pêle-mêle 6c côte
à côte de leurs maîtres 6c des enfans de la maifbn. Ces
lits eonfiftent ën une claie pofée fur dës trayerfes, fou-
tenues par de petites fourches, à un pied au-defliis de
terre. Une natte qu’ils étendent deflus g§ leur tient lieu
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de paillaffe, de matelas, 6c pour l’ordinaire-de draps 6cn:'. i j*?- ~
de èouvërture ; pour des oreillers,,ils n’qn çonnoiflènt ^Avrd-
point. Leurs meubles ne lès embarraflènt pas beau-bW .
Coup : ils fè boçnent â,quelques pots dé terre, qu’on
appelle canaris 3 à des calebauès > des fébilles 6c autres
utenfiles fenîblables.
‘Toutes'les cafés d’un même particulier,font ferméës Tapaà-.c«
fl’une muraille ou paliflàdé de rofeaux d’environ f ix quece "
pieds de hauteur : on donne à ces, fortes de murs le
nom de tapade. Quoique les nègres gardent peu de
iymmétrie dans la pofition de leurs maifons^ lls. fran-
çôis de l’ifle du Sénégal lpspnt accoutumés aobferver
une certaine régularité, 6c une uniforînifé dans la grandeur
dès tapades| qu’ils ont réglées de. manière qu’elles
forment une petite v ille, percée de plufieurs rues bien
alignées 6c fort drôitës. Elles ne font point .pavées,
6c heureufement elles n’en ont pas befoin, car d^fè- pie^ te -
toit fort embarrafle de trouver la moindre pierre ;a
plus de trente^lieues â la ronde. Les habitans tirent
même un parti plus avantageux de leur terrein fablq-
neux feomme ü efl fort profond 6c très-meuble , il
rieur fert de flégei c’eft leur fopha, leur câha^-, leur
lit de repos. Il a encore quelque^autres bonnes
Jités ÿ c’élt que les chûtes n’y font point dahgereufès ,6c
; qu’il efl toujours d’une grande propreté, même après
les plus grandes pluies, parce qu’il imbibe l’eau facilement
, 6c qu’il ne faut qu’une heure de beau teins
1 pour le .lécher. Au refie,cette ville on village, comme
om-voudra la nommer, efl la pluè belle, la plus grande,
6c la plus réguliere de foutes Iles villes^ du pays«,
on y compte, comme je l’ai déjà dit, plus de trois.