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Avril.
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plus beau qu’on puilïè imaginer. J’ai eu fouvent occa*;
fion de voir :ce geai dans les terres du Sénégal ; mais
comme' j’ai reconnu. depuis que c’étèit un oifèau de
paflàge, qui vient habiter pendant quelques :mqis de
l’été'dans les . pays; méridionaux de l’Europe , & qui
retojurne. palier le relie de l’annee- au Sénégal:*; je ne
veux pas tailler ignorer qu’il a été rencontré quelque?
fois en mer dans le tems de fon palïàge. ,dl
Mouillage Le même jour on arriva devant l’habitation dû$é-
dans la ra e. Après avoir fait les fignaux ordinaires, & falue
le fort de plulieurs coups. de canon!* on alla mouiller
trois lieues au-dedus, à l’end>puçhnre^dji fleuj^ Ni-t
ger , par les neuf brades, fur un fond efe. valè & 'd ë
bonne tenue. Quoique l’on fut à.une demi-lieue de la
barre, la mer étoit très-forte, ôc les; vents du l$rg£ çÿ.
excitoiçnt des hpul.qs furieufès,,.qm caufoient au.ÿ;aiî-
eanoi^rfé. feau un tangage infuportable. Le canot, qu’on.- ayoit
mis à la .mer, fit capot foüs une lame j ôt nôufs^fâmes
témoin d’un malheur qui.n’efl que tirop. ordihaire dans
la navigation. Comme il1 tourna'fêns dédus defldus-* les
matelots;qui. étôient dedans tombèrent la mer
l’un d’eux difparut & fut perdu fans redôurce. Noué
ne reliâmes pas long-tems .dans cette ;rade, un bateau
envoyé de l’ifle du Sénégal, vint nous prendre ppué
nous faire padèr la barre, 8c nous entrer dans le fleuve.
Bme, cê Gh entend par le nom de barre l’effet queprodui-
^ue c c ‘ fent plufieurs lames, qui eh padânt fur un haut fond..,,
s’enflent s’élèvent en une nappe d’eau de dix à douze
pieds de hauteur, ôç: retombent enfui te en-fe brifànt,.
La première lame n?a pas plutôt eu fon effet, quelle.
ffk fuiyie par upe féconde. 8t celle-ci par une troihéme.
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A U S É N É G A L, r 7
Elles commencent à fe faire fèntir à cent & quelquefois
a.cent cinquante toifes de. M côte y &font autant
à craindre pour les plus grbs quepôutles pltïsc petits
batimehs. -Un canot rifquë^c&y’êtré fîibfâefê% uh
navire y fèroit bientôt mis en pièces. Cette barre -s’étend
fur toute la côte du Sénégal ; du moins y a-t41
fort peu d’endroits *qui m’y f o i e n t v u n
pareil écueil qu’il falloit foanphh pour- entrer dah^s 4e
fleuve, dont l’embouchure étoit mafquée par uri barié
de fable fur lequel, les lames brifoient. Heure ufêment
nc«*^ufri^O|iSA4dans la fàifom ou la.mer- eft plus traitable
; ôç:la barre moins rude ; ÔDnaus étions-eonduits
par des.inëgres:,- tous:gens.de. bonne:1 volonté^, & tek
lement familiarifés avec: la barre qu’il eft rare d’y voir
arriver des accidens.
Les bateaux de barre font des petits>b4iimèhs pontés
y de cinquante k foixante tonneaux^ ôc quoiquefiiâ
davantage, ô n les envoie ordinairement fur leur léftÿ
alors iis ne tirent guères-plus -de quatre à cinq pieds
d’eau. L e foin én efl totalfemenrtéoïiÉéaux
il ne faut:pas vouloir les contrarier; ouf eur donner desi
confeils. .Lorfqu’on eft for la. barre chacun gärde^ütt’
profond filencè ytpour ne point, interrompre le coms*
mandement : les uns fe.cachent§ foit par-timidité", fort!
crainte d’être mouillési; Les. autres -plus agiieîriè , refo
tent fur le pont pour confidéref l’eflèt des laméllç
Comme obfervateur, je ne pouvois. me difpenfèr de
garder ce dernier pofte, aufll fos-je bien mouillé. Nousî
demeurâmes plus d’un dembquart-cl’heure for ce.dan-<
gereux palïàge., tantôt élevés, par des lames: qui flé-
jp j jfoidnt fous nous , tantôt batus.par d’autres qui f&
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Avril.
L Bateaux de
barrç,
Paffagçdgla
barre.1'