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veiller la conservation de ces arbres. Il était défendu aux propriétaires, sous peine
d'une amende assez consi.lérable, d'eu arracher dans leurs terres plus de deux par an,
à moins que ce ne fût ponr qnel<iues usages religieux. Les peines étaient cncorc plus
sévères pour celui qui en aurait coupé un pied, même un tronc inutile, dans un bois
ou dans nn bosquet dédié à Minerve ; il eî.t été puni de l'exil, ct tous ses biens auraient
été confisqués. , • . i
Ce ne fut pas assez que les Athéniens cus-sent consacre 1 Olivier a Mmei-ve, les
poètes voulurent lui donner une origine extraordinaire, et ils attribuèrent a cette
déesse l'honneur dc l'avoir créé. Voici comme ils racontent cette lablc : Neptune ct
Minerve se disputant, scion les uns, pour donner un n.nn a la ville d Athènes que
Cécrops vcn.iit dc bâtir ; scion les autres, pour fonder ct édifier cette ville, le conseil
des Dieux, devant qui celte conicstaiion fut portée, décida que le droit dc buUr ou de
nommer la ville en question appartiendrait h celui qui pourrait produire la chose la
plus Ulile. Neptune ayant frappé la terre de son trident, il cn sortit un cheval, d autres
disent un port et des vaisseaux; Minerve frappant à son tour la terre de sa lance, il
s'en éleva un Olivier chargé de flcuis et de fruits. Les dieux adjugèrent le prix a
Minerve.
Percussumque sud simulât de cuspide terram
Edere cum baccis foetuvi canentis oUva,
Mirarique deos OVID. Metam. lib. \ I.
Oleoeque i^Iinerva
Invenlnx. ^IRO. Gcorg. I.
L'Olivier était, chez les anciens, le symbole de la paix, ct il l'estcncoreaujourd'hui.
Un rameau d'Olivier, entouré de bandclcltes de laine, était uu signe d'Iumuhté que
portaient ordinairement à la main ceux qui se présentaient comme supplians. Après
la victoire de Scipion sur Annibal, dix des principaux citoyens dc Carthago furent
demander la paix au général romain, portés sur un vaisseau couvert de rameaux
d'Olivier.
C'est ainsi que Virgile nous représente Enée, aussitôt qu'il eut aborde en Italie,
envoyant des dépua's au vieux roi Latinus :
Centum oratores augusta ad moeniu regis
Ire jubet ramis velatos Palladis omnes :
Donaque ferre viro, pacemque exposcere Teucris. .Eneid. VII.
Enée lui-même se présente
Paciferâque,
linsi au bon Evandre :
t Olivi iEneid. VIII.
Lorsqu'Enée eut remporté un avantage sur les Latins, ceux-ci lui envoyèrent k leur
tour des députés pour demander une suspension d'armes, et pour avoir le tems de
rendre les devoirs funèbres aux morts. Ces députés portaient aussi des branches
d'Olivier.
Jamque oratores aderant ex urbe latind
Velati ramis Oleoe, venianujue rogantes. iEncid. XI.
Ou trouve dansStace :
yittaice Laurus, et supplicis arbor OliviC. Tlieb. XII.
ramumque prevantis Olivce. Id. alibi.
Les Grecs expo.saient les morts h la porte dc leurs maisons, et plaçaient auprès un
vase d'eau lustrale, dont on arro.sait ceux qui assistaient anx funérailles. Ces aspersions
se faisaient avcc une branche d'Olivier. Cet usage s'est conservé jusqu'à nos jours,
niais avec quelque modification : dans le midi de la France, ct dans les pays où croît
rOlivicr, on se sert encore d'un rameau de cet arbre; dans le nord, c'est uu rameau
de Buis qu'on jdace auprès du vase (feau con.sacrce, ct cc sont les pa.s.sans (pii s'en
servent pour asperger le mort.
L'Olivier n'était pas moins cn honneur chez les Romains que (rhez los Grecs : Pline
rapporte que non-.scnlcmcnt on ne pouvait s'en servir pour des usages profanes, mais
qu'il n'était pas même permis dc l'cmplrucr pour le brider snr les autels des Dieux.
Scion ic même auteur, les guerriers auxquels on accordait ii Bonu; l'honneur du
petittrionijihc, appelé Ovation, élai(^nt couronnés dc feuilles d'Olivier.
L'huile d'Olive qui, dans l'antiquité, fut long-letns la sctile connue, fut aussi employée
par la plupart des peuples dans les difl'érentes cérémonies de la religion. Ellti
él.ait au nombre des substances que les IMireux offraient dans hairs sacrifices, cl elle
servait à la consécration de leurs pontifes, de leurs prêtres et de leurs rois. Aaron fut
le premier consacré grand-prêtre par riuiclion (juc lui fit Moï.se, ct Saûl devint le
pretuicr roi d'IsraiJ par l'huile sainte que le prophète Samuel répandit sur sa tête.
Lors de rétabli.ssenuMit du clirislianisnie, les n(mvcaux ministres de celle religion
retinrent des Israélites l'usage des huiles dans plusieurs de leurs cérémonies ; conune
eux ils firent usage dos onctions pour la consécration des ev{Vjnes ct ties prêtres. Dans
la suite, les empereurs et les rois crurent s'imprimer un caractère plus imposant aux
yeux de lenrs peuples, jiar l'onction sacrée rc(:uc anx ])ieds des autels, ot l'usage dc
se faire sacrer fut bicntiil ailopté de tous les princes chrétiens.
Lcs Grecs ct les Romains employaient aussi riiuile dans leurs ctWmoiiies religieuses;
ils faisaient des libations d'Iuiile dans différentes circonst.inces, ct ils en répandiiicnl
sur le bticher des morts. C'était surtout dans les cxcrciccs tie gymnastique
([u'ils eu faisaient un grand nsage. L'huile dont les athlètes se frottaient tout le corps
pour se préparer il la luUe, se uonmv.nt Omphacinc ; on la lirait des Ofives vertes;
ce n'était vcrilahlenient qu'un suc visqueux. Les lutteurs, après s'être frottés de celle
litnlc, se roulaient dans le sable sec, ce (pii, mêlé avec les sueurs du cot ps pendant;
l'exercice, formait les Strigmenta, qu'on faisait racler ensuite avcc des espèces d't'-
trilles ( Strigilis), dont Mercurial nous a donné la figure dans soi
1 Traité de la Gymit
Jiastique. Ces raclures, ou ptnir mieux dire ces ordures, élaiei
très-estimées des
anciens, ct Dioscoride les vante beaucoup comme un excellent rei
•lèdc dans plu;
maladies. Lcs marchands do Strigmenta faisaient d'assez grr>s bénéfices; Pline dit
que les officiers préposés pour rcnlreticn et la police des (iymn.nses, liraient de cette
vente jusqu'à quatre-vingts grands sestcrccs, cc tpii peut s'évaluer à 8000 fr. de notre
Les anciens étaient cncorc dans l'usage de se frotter d'iniilo cn sort,nit du bain; ils
élaient persnadtis qne celte pratique était très-saliibre, parce qu'elle avait le donblo
avantage d'entretenir la souplesse des lunscles, cclie de toutes les parlies du corps, ct
d'arrêter, cn boncliant les pores de la peau, la transpiration Iroj) considérable (jui
.•wait été excitée par la chaleur du bain. Dt^mocrilo, iulerrogc sur le movcn de vivre
long-tems en bonne santé, r('pondil : Si interna viscera melle. externa verb oleo
irrigaveris. L a r(-pon.se qne lit llomitlus l'ollion ii l'empereur Auguste fut h-peu-près
la inêiiie. Augusti- ftû (fcniandaiit par quel moyen, parvenu h l'àgc de plus de cent
ans, il avait pu conserver la force d'e.sprii ct de corps qu'il niuntrail cncorc, ce vieil-
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