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difficile de déterminer sur cette description ineomplettc de quel arbre au juste
PI.I?IE a voulu parler. On pourrait conjecturer que c'est une espèce de Cyprès,
et quelques auteurs (i) ont cru pouvoir le rapporter au Cupressus horizontalis
dc MILLER; mais une difficulté, c'est que cette espèce est monoïque , et que PLINE
désigne évidenuuent un arbre dioïquc. Le Naturaliste latin ajoute d'ailleurs que
le grand Cèdre était désigné par quelques-uns sous le nom <le Cèdre late, c'està
dire Cèdre-Sapin ; ce qui convient parfaitement au Cèdre du Liban, et ne peut
convenir à aucune espèce de Cyprès. On est donc forcé de convenir que chez
les anciens le mot Cèdre était un terme générique appliqué à plusieurs bois de
différens genres, ce qui nécessairement doit avoir mis beauco\ip de confusion
dans ce qne les auteurs ont écrit sur cct arbre fameux. Par exemple, cc que
PuNE dit dans plusieurs endroits sur les propriétés et les usages des Cèdres,
se rapporte tantôt k l'arbre qui s'appelle eucore ainsi, tantôt it cet autre arbre
soupçonné cire Je Cyprès borizontal, et Umtôt aux Genévriers, auxquels il
a donné le nom dc petits Cèdres. C'est ainsi qu'il faut sans doute rapporter
à ces derniers le passage suivant : « Au tems de Ja guerre dc Troye
il n'y avait point encore de parfinns , et ou n'ofl'rait point d'encens dans
les sacrifices ; on n'y employait que la fumée odoriférante des Cèdres (2) et des
Citronniers
Lcs rois d'Egypte et de Syrie employaient, pourla construction de leurs vaisseaux,
le bois de Cèdre à la place de celui de Pin dont ils manquaient daus leur pays (4).
Sésostris en fît bâtir un qui avait deux cent quatre-vingts coudées de loiig ;
ii le fit revêtir d'argent cn dedans et d'or cn dehors, et il l'ofl'rit au Dion qu'on
adorait à Thèbes (->'. Lc plus grand Cèdre dont l'histoire fasse mention, est celui
qui fut emplové pour la galère du roi Démétrius, laquelle avait onze rangs de
rames. Il venait dc l'ile de Chypre ; sa longueur était de cent trente pieds, et
sa grosseur de trois brasses (6). I.'empereur Caligula ût aussi construire cn
bois de Cèdre (7^ des vaisseaux Liburuiques (8) doul les poupes étaient enrichies
d'or et dc pierreries , les voiles de diverses couleurs, et qui contenaient des bains ,
des portiques, des salles à manger très-vastes et décorées d'une grande variété
de vignes et d'arbres fruitiers. C'était la que , passant les jours h table, au milieu
des choeurs et des symphonies, il se plaisait à parcourir les côtes de la Campanie.
Les anciens regardaient le Cèdre comme uu bois incorruptible ct qui pouvait
être d'une durée éteruelle. Ils l'employaient à faire les statues des Dieux (g) et
des Rois.
Çuin etiam veterum t
Antiqud è Cedro. . .
: ordine
pLiXE rapporte que telle était 1
ViRc. JEuàd. VIT. V. 177.
statue d'Apollon qui avait clé apportée de
(.) LA'IÏ. , Descripi. of Pin, p. 60.
(2) PL , lib. i3, cap. i.
p) L« Citronnier, dont PT.i*E parle ici, ^lail fort d flyrent de l'arbre que nous c
il parait que c'était uue espèce de Cyprès. Voyez PIINB , tiv. I3 , chap. )5 el 16, e(
THBOPS. , lib. 5 , c.ip. 8. P l . , lib 16 , cap. 40.
(6) DI.JD. de Sic., liv. i , § 2.
(6) TBSOPH. , lib. 5, cap, y. PL, , lib. IG, esp, 40.
{-) Sun., m Calig .cop.'S;.
(r<) Le$ vai^aux Libui'iiique; des anciens n'ont peul-élre pu dc rcpréieulau chea l*i modvraet. CéUil uas »
CCiie ou de galère d'une grande lé^crelé.
(y) I'l., hb. i3 , (.^.p, 3.
Séleucie et qui était conservée dans nn temple de Rome. Le .toit du temple dc
Diane, à Ephèse, était dc bois de Cèdre. Du tems de PtaxE ( i ) , il y avait à
Utique uu fameux temple d'Apollon, dont les poutres, qui étaient de Cèdre de
Numidic (2), duraient depuis ia première origine de cette ville, c'est-à-dire
depuis onze cent soixante-dix-luiil ans, et étaient encore dans le même état que
lorsqu'on les avait posées. II y avait au.ssi près de Sagonte, cn Espagne, dans un
temple de Diane, nne statue de la déesse faite de ce bois, laquelle avait été apportée
(le l'ile de Zaolc par les fondateurs de cette ville , deux cents ans avant
la ruine de Troye.
Le Cèdre passant pour incorruptible, on disait proverbialement, chez les anciens,
digna cedro, pour désigner des choses qu'ou regardait comme devoir être immortelles.
C'est ce qui a fait dire à Horace , dans son Art poétique :
Speramus carminaJingi
Posse linenda Cedro?
A Perse, dans sa première Satyre :
Et Cedro digna locutus.
Et à Ovide, dans sa premiere Elégie du premier livre des Tristes :
Nec titidus minio , nec Cedro ckarta notetur.
C'était, selon VITRIVE (3), en frottant les feuilles dc Papyrus et les autres
objets dont on voulait assurer la conservation, avec une huile ou un snc
odorant tiré du Cèdre, et appelé Cedria, qu'on les rendait incorruptibles, et
qu'on les préservait des vers. PLISE, parlant des livres de iVuma , qui, sous le
consulat de Publius Cornelius Ccthegus, c'est-à-dire , cinq cents ans après la mort
de cc prince , avaient été trouves dans sou tombeau , sur le mont Jauicule , dit
que s'ils se conservèrent sans altération pendant un si long espace de tems, c'est
qu'ils étaient enduits d'huile de Cèdre (4). C'était aussi avec le Cedria ou
Cedrium, dont il parait d'ailleurs qu'il y avait phisicurs sortes, qu'on enduisait
en Egypte (5) les corps des morts, ponr les préserver de la corruption.
Les Cèdres du Liban ont conservé dans les tems modernes l.n célébrité qu'ils
avaient dans l'antiquité. Tous les voyageurs renommés qui ont été en Syrie, ont
regardé comme une chose essentielle dc visiter des arbres que les Rois et les
Propliètes hébreux a%-aicnt illustrés dans leurs cantiques sacrés, et que les poètes
profanes avaient aussi célébrés dans leurs chants. Biais ces anticjucs ct magnifiques
forcis qui couvraient le Liban au teius dc Salomon , ont presque entièrement
disparu ; il ne reste plus dans une plaine (6) située entre les plus hauts sommets
dc la montagne, qu'un petit bois d'environ cinq cents toises dc circonfércnce.
Cc bois de Cèdres est l'objet principal et le terme ordinaire dc ceux qui visitent
le Liban (7). Peu de voyageurs se sout élevés plus haut (8), parce qu'au dessus
(0 Pl.. lib. 16, cap. 40.
(s) I.es BiManislM modernes n'ont p
parlent fiirnielU'inenl comme exislaiil 1
Cèdres de O èle , d'Afrique el da Sji
PtiNii, .nv.iil dil la même chose, liv.
, cbap. 9.
(5) VIT, , lili Ï , I (I|K g.
(4) Et hbros Crdralos fuisse. proefreii
(5) PL, , lil), 16, cap. 11 , Dion, de Sic.,
(1)} IjVRoQfE, Voyage cn Syni', vol. I. Vui ages de Richard PocsocKS , (rail. fr., vol. 3.
(7) LAUOOUE , I. C.
(i!) llidurcl rocuocKK, le l3 juin 1737, gravit jusqu'au soinmel du L.bau, eu macclianl penili
neige et sur l,i gincf.
quoique PttNï ct VllRUVZ eu
i, désigner d'autres arbres. Les
c Nalutjlisle Inlio, liv. Il;, cl
« W.'j/wf. Pt., lib. l3, esp, i3.