grisùtre, peut acquérir , avcc les années, un pied et plus de circonférence; elle est
rampante ou grimpante, s'appuie ordinairement sur les corps environnans, commc
le tronc des vieux arbres , les rocbcrs ou les murailles ; dans un âge avancé, elle se
soutient quekiuefois seule : elle se divise toujours en nn grand nombre de rameaux
sarmeuteux qui s'étendent souvent fort loin, et qui s'attachent par des vrilles
très-nombreuses, d'imc nature particulière, ressemblant ii de petites racines , et
naissant sur lo corps même des tiges et des rameaux, surtout sur le cùté qui s'appuie
aux objets environnans. Ces vrilles, en qnch|ue ({uanlité qu'elles soient, ne peuvent
poiut remplacer les racines, car quoiqu'elles aient souvent huit lignes h un pouce
de long , et qu'elles soient implantées assez profondément daus l'écorce des arbres ,
dans lès fontes des vieux nnu's ou même dans la terre , cependant elles paraissent
ne fouruir aticunc nourriture aux tiges, ct si l'on vient h séparer celles-ci des
véritables racines, elles ne tardent pas à se dessécher ct ii mourir. Les feuilles
sont alternes, péliolées, persistautes , coriaces, lisses, luisantes, très-glabres,
d'uu vert foncé, d'une forme très-variable ; celles qui naissent sur les jeunes pieds ou
sur les rameaux rampans ct stériles des vieux pieds , sont échancroos i» leur b a s e,
et leur bord est partagé en trois k cinq lobes plus ou moins profonds ; celles au
contraire qui viennent sur les rameaux portants les lleurs et les fruits sont
cnlières, très-raronuMit échancrées 'a leur base, irrégulièrenient ovales ct un peu
aiguës, ou ovalos-iancéolées. Ces variations daus la forute des fouilles ne peuvent,
en aucune manière, caractériser deux varioles dislincics, telles qu ellesont elo établies
par les anciens botanistes , parce ([u'on irouvc sur un Lierre qni fruclitie, des feuilles
de toutes los formes, et que h; même pic<l q u i , dans sa jeunesse, u'avait que
des feuilles en coeur à trois ou à cinq lobes, prendra certainement des feuilles
entières et ovales-lancéolécs des qu'il portera des fleurs. Los fleurs sont petites ,
d'une couleur \ordâlrc, réunies ou grand nombre , disposées à l'extrémiié des
rameaux sur plusieurs ombelles qui ont une forme globuleuse et sonl portées sur
des pédoncules particuliers assez écarlés les uns des antres. Ces fleurs se développent
en septembre et octobre. Il leur succède des baies grosses comme tm pois ordinaire
, qui nc miirissent qu'au conimeDccment dn printems suivant. Ces baies sont
très-peu suceulcnles, presque sèches , d'un verl très-foncé qui parait noirâtre ; elles
sont divisées en cinq loges qui contiennent chacune une graine ; mais le plus souvent
une ou deux semenccs avorlcul, el le fruit n'a plus que trois 'a quatre loges. Dans
la variété y , les baies sout jaunes.
Lc Lierre croit natureilomenl dans presque tonte l'Europe ct dans quelques
parties de l'Asie et de l'Afrique. On ie trouve dans les bois el les haies, principalement
dans les licux frais , ombragés ct exposés an nord.
Le Lierre était, chez los anciens, spécialement consacré à Bacchus. Ce Dieu
fut, dil-on , le premier qui s'en couronna, el il enseigna, selon PI.CTAKQUE, à
ceux qui étaient épris de fureurs bacbi.pies , k s'en faire des couronnes, parce
qu'on attribuait à cet arbrisseau la propriété d'enq>êcher dc :
(|ue les ï b r a c e s employaient le Lierre dans leurs cérémonies sacrées, pour i
leurs ihyrses, leurs boucliers el leurs casques. Tin'opnn,
revenant de la conquête des Indes, voulut que
k l'exemple du Dieu Bacchus.
Le Lierre s(;rvait aussi, dans l'anliquilé, à faire des couroimes (i) pour les
poètes, comme on le voit par cos vers de la première ode d'HoiîAce :
.Ve tloctariim Jùlcroe proemia frouthini
Dis misceiit superis....
(1) Célait la variété à fruih j.iuuea <iiii élail empbyée à cet us3g-. .•Isemen msram. aU.
pLi-NE dit
rapporte ipi'Alexandre,
; soldats en fussent <
HEDERA. LIERRE. 329
C'est à quoi VIRGILE fait aussi allusion dans ce vers de sa septième églogue :
Pastores, Edereî crescentem ornate poe tam.
r t dans ces aulres vers de la hnilièmc églogue qu'il adresse à Pollion :
Accipe jus si s
Carmina ccepta tuis, atque kanc sine tempora circum
Inter victrices Ederam tibi serpere Lauros.
Le Lierre sert encore maintenant, au défaut du Laurier, ît Iresser des couronnes
pour orner le front des écoliers dans les distributions des prix; on en fait aussi des
guirlandes pour les fêles el réjouissances publiques; enfin, i la encorc retenu quelque
chose de son ancienne consécration k Bacchus, les marchands de vin en font des couronnes
qu'ils suspendcol au devant de leurs boutiques , afin de leur servir d'enseigne.
Dausl'ancien Français, on écrivait Hicrre ; c e m o t s e trouve dans plusieurs auteurs,
et BOXSAED a d i t , églogue deux :
.T'ai pour maison un antre ct un rocher ouvert ,
De Laiühruche sauvage et d'flicrre couvert.
Du Iîi;I,R.AY, dans son ode deux:
.Sus donc , qii'im auiel on :
D'IIierre à racine velue,
F-t de Vervéne chevelue».
api-n
SccDERY a dit aïissi dans sou sixième soimct sur la fontaine de Vauchise :
Icy l'on voit ramper l'flierre au\ feuilles menues.
11 paraît qne l'article le , élant ainsi joint à Hicrre, comme il l'est daus ce dernier
vers ou eu a fait insensiblement Lierre; on a ajouté ensuite un nouvel article, et
on a dit le Lierre. On écrivait aussi autrefois JÂarre, ct on le trouve ainsi écrit
dans quelques anciens dictionnaires.
Un Lierre représenté attaché à un chêne après même qn'il est abattu, et ccs mots :
Hoeretque cadenti, sont la devise d'un homme qui suit, dans l'adversité, un grand
auquel il s'était attaché.
Le bois du Lierre est blanchàlre , un peu grisâtre, léger, poreux quoique ses
fibres soient serrées et qu'il ait assez de dureté. 11 est rare d'en trouver de gros
morceaux ; ou cite une dalle dc Lierre de sopt pouces de diamètre commc nue chose
peu ordinaire ; elle venait d'une montagne du canton de Lucerne en Suisse. Les
tourneurs emploient quelquefois le bois des gros troues h faire des vases, des tasses,
des tabatières. Il ne poul, dans aucun cas, lonir lieu du Liège, comme cela a été dit.
Lcs anciens allribuaieul aux vases de Lierre une propriété singulière ct qui
pouvait servir k éprouver si un vin était pur ou mêlé à de l'eau ; il nc fallait ,
selon CATON et PI.INE , que remplir un de ces vases, d e v i n , et si cette liqueur était
mêlée avec de l'ean , celle-ci restait seule dans le vase, et le vin s'écoulait à travers
les porcs du bois. Quelques modernes ont répété ce que les anciens avaient d i t,
mais sans faire aucune expérience k ce sujet ; d'autres, sans vérifier davantage la
chose , l'ont traitée de conte fait ii plaisir. L u c persounc digne de foi m'ayant parlé
dc celle propriété particulière du bois de Lierre , mais avec celte différence que,
selon clic, c'était l'eau (jui lillrail k ti avers los porcs du bois ot que le vin restait
dans le vase, j'aurais désiré vérifier ce l'ait ;
s je n'ai pu le faire
n'ayant pu me i)rocnror un lronc do Lierre a,-.soz gros pi
n faire tourner une tasse.
.erl du bois des racii s po imbibé d'huile. c lequel on