8” f. Une formation végétale est l ’expression actuelle de conditions de vie déterminées.
Elle se compose d’associations qui, dans leur composition floristique sont différentes, mais qui
correspondent à des conditions stationnelles semblables et revêtent des formes de végétation
analogues.
(Cette définition est en accord avec celle de H a r s h b e r g e r (8) et de J a c c a r d (2),
mais elle est en opposition avec celle du comité anglais).
Remarques: Les définitions en usage jusqu’ici pour «fo rma t ion» sont les suivantes:
O r i s e b a c h 1838: «Je désigne comme « formation phytogéographique» un groupe
de plantes présentant un caractère physionomique défini comme une prairie, une forêt,
etc., etc. La formation est tantôt constituée par une seule espèce, tantôt par un complexe
d’espèces dominantes de la même famille, tantôt enfin par un agrégat d’espèces diverses
présentant dans leur organi;at;on quelques particularités communes; telles sont les v é g é taux
herbacés vivaces des pelouses alpines. Ces formations se répètent sous l’influence
de conditions locales semblables, mais elles trouvent leur limite climatique avec celle de
la flore naturelle qui les constitue. Tant qu’on rencontrera, par exemple, des forêts de Pinus
silvestris ou des bruyères couvertes de Calluna vulgaris, on est encore sur le territoire de
la flore de l’Europe moyenne » —
( û r i s e b a c h limite ainsi la formation par ses constituants ; sa manière d’envisager
la formation dans son sens étroit cadre avec l’association proprement dite.)
D r u d e 1905 (in Neumayer, 3me édit., p. 341) définit la . formation végétale: un
groupement spontané et naturellement limité de formes végétales semblables ou liées entre
elles par des relations de dépendance et localisé sur un substratum donné sous l’influence
de conditions d’existence semblables.
Ces conditions d’existence consistent en première ligne dans la distribution saisonnière
des pluies et de la neige ainsi que dans la capacité aqueuse et dans l’irrigation du sol.
(Pour Dr u d e , la formation implique l’unité des formes de végétation et des conditions
de vie, mais pas l’unité floristique. Une réunion de plantes désignée floristiquement
est pour lui une «association »).
S c h imp e r 1898 (Pfl. Geogr.), pag. 175:
»On nomme «format ion» un groupement végétal déterminé par les qualités du sol».
et plus loin :
» d’après ce qui précède il y a lieu de distinguer deux groupes écologiques de formations,
lo les formations climatiques ou formations territoriales, dont les caractères de
végétation sont dominés par la distribution et la quantité des hydrométéores, et, 2o les
formations édaphiques, ou formations stationnelles, déterminées en première ligne par les
propriétés du sol. »
Pour S c h imp e r , ce sont les conditions de vie et spécialement la nature du sol qui
constituent le caractère dominant et différentiel des formations.
Q tint h e r Be c k v. Ma n a g e t t a (1902):
« En définitive, chaque formation végé tale résulte de ce que des formes de v é g é tation
déterminées, c’est-à-dire adaptées à des conditions de vie spéciales, se réunissent,
de façon à constituer un groupement durable, représentant vis-à-vis des facteurs stationnels
qui l’influencent, un état d’équilibre, lequel se traduit par une physionomie caractéristique.
»
(Pour Be ck, c’est donc aussi l’unité des conditions de vie qui est l’essentiel.)'
La durée de l’état d’équilibre sus-mentionné peut d’ailleurs être limitée; c’est ce
qu’on observe, par exemple, dans les «Successions ». Il ne s ’en suit pas cependant, — et
c’est là l ’opinion de Dr u d e comme celle de B e ck , — qu’il faille considérer une formation
avant tout comme le terme final d’une succession, mais plutôt comme le résultat d’un état
d’équilibre entre une station et la végétation qui la recouvre.
C’est pourquoi, chaque fois que, dans une formation végétale à caractère physionomique
uniforme, dans une prairie alpine ou une tourbière, par exemple, nous pouvons
constater dans le groupement des espèces des modifications résultant de changements dans
les qualités du sol, le nouveau groupement végétal ainsi produit peut être envisagé
comme représentant une formation nouvelle alors même qu’il n’aurait qu’une durée temporaire.
L’opinion de Be c k peut donc se résumer comme suit:
a) La formation est l’expression de conditions d’existence déterminées.
b) Un groupement végétal en formation, mais qui n’est pas encore complètement et
définitivement adopté aux conditions de sa station, n’est pas, à proprement parler, une
formation.
Pour citer Be c k textuellement, ce groupement n’a pas encore « einen längere Zei t
dauernden Abschluss gefunden ». '
Ce que Be c k désigne sous le nom de «format ion», correspond d’ailleurs avec notre
« association », car il distingue ses formations floristiquement. Il parle entre autres d’une
douzaine de « formations » différentes du chêne en Autriche-Hongrie.
S c h r ö t e r (1902): « Une formation comprend toutes les associations qui, dans leur
physionomie (forme de végétation) et dans les caractères fondamentaux de leur écologie,
présentent une concordance manifeste, indépendante de la position systématique des espèces
qui les constituent. »
On peut citer comme exemples de « formations»: la forêt à feuilles caduques, le bas-
marais, le haut-marais, la végétation des rochers, le limnoplankton. La formation correspond
au « genre » de la systématique, l’association, à 1’ « espèce ».
B r o c kma n n (1907) parle de « valeur écologique », en insistant sur une certaine
égalité des unités.
C l em e n t s 1907: «Un e formation est un ensemble de végétation, autrement dit,
une partie du tapis végétal, telle qu’une prairie, une forêt, un marais, la couverture de
lichens d’un rocher, un étang avec ses nénuphars, etc. » . . . . « La formation es t l’unité
de végétation ». . . . « Dans son sens étroit, une formation n’est pas autre chose que la
couverture végétale d’une station. » . . . « La formation est le produit de la station. »
De ce qui suit résulte clairement que C l eme n t s , par le moyen de ses listes floristiques,
a voulu caractériser simplement les subdivisions de telle ou telle formation. Sous
l'influence de variations des conditions biologiques dans l’intérieur d’une forn^ation, appa