pas réussi à le faire dans chaque cas, la phytogéographie, science bien plus jeune, ne
devrait pas affronter une tâche aussi difficile. Nous devons rechercher simplement à
préciser et à nommer parmi les types de végétation les plus caractéristiques, ceux qui constituent
comme des noyaux dans l’organisme de la végétation entière.
VI. — Propositions concernant la nomenclature phytogéographique,
présentées par Paul JACCARD (Zurich).
La géographie botanique, que l’on peut définir comme étant l’étude de la vie individuelle
et de la vie sociale des plantes dansj leurs rapports avec les faits géographiques,
peut être envisagée plus spécialement sous trois points de vue principaux:
lo L’étude des adaptations qui se traduisent communément par la physionomie des
plantes.
2o L’étude des migrations anciennes et actuelles qui conduit à la détermination de
l ’aire de distribution des espèces, genres, familles, ainsi qu’à celle des régions de v é g é tation
; cette étude constitue la géographie floristique dont les acquisitions sont syn th é tisées
par la cartographie phytogéographique (1).
3° L’étude des associations, c’est-à-dire des divers modes de groupement des espèces
végétales.
Chacun de ces cas correspond à un mode particulier de réaction de la végétation
vis-à-vis des conditions géographiques, et, bien qu’il ne rentre pas dans la tâche du phyto-
géographe d’étudier ces dernières pour elles-mêmes, il me paraît de toute nécessité de
pouvoir les envisager indépendamment de l’influence qu’elles exercent sur la végétation.
Cela me semble désirable tout d’abord, parce qu’à des conditions géographiques analogues
peuvent correspondre des végétations d’aspects très différents ; en second lieu, parce que
les caractères propres à chaque association ne deviennent compréhensibles que si l’on réussit
à les rattacher aux particularités géographiques qui les font apparaître.
Ces deux ordres de phénomènes, 1<> ceux qui par leur nature sont indépendants
de la plante et qui, au point de vue phytogéographique, trouvent leur expression dans
la station, et, 2o, ceux qui, par l’intermédiaire de la station se traduisent dans la v é g é tation
soit par des adaptations, soit par des migrations, soit par des associations, ne
pourront être nettement distingués dans le langage que s ’ils sont traduits par des exp r e s sions
différentes les visant exclusivement.
Or, — et c’est là précisément la raison d’être du Congrès, — le sens donné aux
termes fondamentaux de la nomenclature phytogéographique varie sensiblement suivant
les auteurs et suivant les pays.
Le terme « Biologie » par ex. est fréquemment employé pour désigner l’étude des
adaptations; c’es t le cas entre autres dans « Biologie florale » (Blütenbiologie), dans
L u d w i g « Lehrbuch der Biologie der Pflanzen », dans Wi e s n e r , etc., tandis que le même
(1 ) C a r t e s a u t o - e t s y n c h o r o l o g i q u e s , é p i o n t o l o g i q u e s e t f l o r i s t i q u e s ( S c h r ö t e r A r c h iv e s d. sc.
p h y s . e t n a t . G e n è v e , o c t . e t n o v . 1909, p. 78 ) .
terme, dans «sciences biologique s», «phénomènes biologiques», a u n e signification beaucoup
plus générale qu’il est désirable de lui conserver.
D’autre part, le terme Oecologie ou Ecologie ayant été par divers phytogéographes
(anglais et américains surtout et tout récemment, par E. Wa rm i n g dans «Oe co lo g y of
Plants ») détourné de son sens originel et étymologique pour être appliqué aux réactions
des plantes vis-à-vis de leurs stations (c’est-à-dire à ce que d’autres auteurs désignent
sous le nom de « Biologie »), il n’y a pas d’autres alternatives que de rendre au
terme «Oe c o lo g ie » son sens étroit, dérivé de oixoS ou otxïa maison, demeure, habitation,
sens qui se retrouve dans monoïque et dioïque; ou, de trouver un terme nouveau
pour le remplacer. ; i |
Mes études spéciales concernant les associations florales me font un partisan décidé
de la première alternative et m’engagent à présenter au Congrès les propositions suivantes:
lo Réserver le terme « Ecologie » uniquement pour désigner les facteurs édaphiques,
physiographiques et climatiques qui conditionnent la station.
2o Conserver au terme « Biologie » le sens large qu’il a dans « sciences biologiques » et
qui, qualifiant tous les phénomènes de la vie animale ou végétale, s ’applique aussi parfaitement
à l’ensemble des manifestations de la vie individuelle et sociale des plantes.
Nous proposons donc d’employer dans un sens général « biologique » par opposition
à « écologique » et de parler de facteurs écologiques déterminant des réactions biologiques.
L’unité au point de vue écologique es t la station à laquelle correspond comme unité
sociologique Vassociation, et dans le même sens, la « /or/wafO/z » qui représente un groupe
d’associations.
30 Pour désigner plus spécialement l’étude des adaptations, je propose d’utiliser le
terme de Morphogénie.
Les adaptations dues à l’influence des facteurs écologiques sont, à peu d’exceptions
près, des morphoses (1) apparentes faciles à apprécier et l’introduction du terme «mo rp ho génie
» pour désigner l’étude des adaptations ne serait qu’une amplification des expressions
mécano-, photo-, hydromorphoses, etc., lesquelles désignent aussi bien les adaptations
provoquées expérimentalement (Morphogénie expérimentale) que celles qui apparaissent
naturellement sous l’influence des conditions écologiques propres à chaque station.
Je définirai donc la Morphogénie comme Vétude des réactions (adaptations ) de la
plante vis-à-vis de sa station naturelle, d ’où, résulte sa physionomie.
Morphogénie n’est pas plus synonyme de Morphologie que Physiologie n’est l’équivalent
de Biologie. La signification étymologique de ce terme cadre d’ailleurs parfaitement
avec les faits qu’il doit désigner e t peut aussi, bien convenir à la géographie zoologique qu’à
la phytogéographie.
40 Pour désigner spécialement l’étude des migrations et des aires de distribution,
utiliser le terme de Chorologie employé déjà dans ce sens par beaucoup d’auteurs et qu’on
retrouve dans anémochore, hydrochore, etc. (Ludw i g ) .
(1 ) D a n s q u e l q u e s c a s , il e s t v r a i , l ’a d a p t a t i o n s em b l e s e t r a d u i r e p a r u n e r é a c t i o n p u r em e n t p h y s i o l
o g iq u e ( f o rm a t i o n d e s r a c e s p r é c o c e s , r a c c o u r c i s s em e n t d e la d u r é e d e v é g é t a t i o n ) , m a i s ce n ’e s t là le
plus s o u v e n t q u ’u n e a p p a r e n c e p r o v e n a n t d u f a i t q u e le s c a r a c t è r e s m o r p h o l o g i q u e s q u i a c c o m p a g n e n t ces
a d a p t a t i o n s s o n t p e u v i s ib le s e t d i f f ic i le s à d é c e l e r a u p r em i e r c o u p d ’oei l .