Poursuivons notre promenade, laissant à notre droite une avenue de jeunes hêtres
menant à la plaine de manoeuvres, et longeons la limite méridionale de la propriété Kreg-
Imger, montons sur la berge du large fossé qui l’enclôt, e t plongeons un regard indiscret
dans le jardin privé, ce qui ce fait aisément à présent que les feuilles commencent à peine à
pousser. La vue est belle; au fond, le château s&profile sur un g igante sque rideau'd’arbres;
l’avant-plan est composé d’une pelouse soigneusement tondue parsemée de jolis arbustes
variés et de corbeilles qui attendent des fleurs.
L’avenue que nous suivons est interrompue à hauteur du château par un espace
circulaire à découvert; dans le prolongement de l’axe de la propriété de M. Kreglinger, une
Une avenue du « Brandt »
superbe avenue à quadruple rangée de hêtres se profile à perte de vue pour aboutir à
la rue des Bouleaux.
Alors que nous ne nous y attendions guère, nous voilà à l’entrée d’une partie ent ièrement
dissemblable de celle que nous venons de traverser. Notre photogravure en rend
parfaitement l ’aspect pittoresque. C’est un coin combiné en style paysager. Nous nous rappelons
de suite le « Vogelzang » créé dans ce même genre. Ici, cependant, la création est
de date plus récente. Llle est l’oeuvre de M. Luchs, de Bruxelles, une des plus réussies de
cet architecte-paysagiste. Les nombreux exemplaires de la variété américaine du sorbier des
oiseleurs avec ses énormes grappes de baies orangées succédant à la belle floraison, ainsi
que les non moins nombreuses aubépines, y font merveille. Il y a des groupes importants
d’arbustes à fleurs Weigelia, lilas, Deutzia, baguenaudiers, althées, Ribes, etc., qui, l’été,
font de cette partie du domaine un beau jardin fleuri. Le fond, avec la construction en
briques rouges surmontée d’une flèche élancée et frêle — on la connaît sous le nom de
« la chapelle » — la maison de campagne de M. Kreglinger, les plantations de tous genres
forment un ensemble auquel la belle nappe d’eau sert d’avant-plan. Dans la direction lopposée,
l’on découvre une ferme avec ses dépendances qui se trouve non loin de là, un peu sur la
gauche, le clocher de l’église de Wilryck et les ailes de deux moulins à vent dont il faudrait
dans l ’intérêt du pittoresque, pouvoir empêcher la disparition.
Ce coin est si pittoresquement attrayant qu’on aurait quelque peine à trouver son
Vue du domaine « Den Brandt »
pendant dans les environs d’Anvers. Il sera pourtant embelli encore par une construction
que M. C.-G. Grisar compte élever au bord de l’étang.
Nous arrivons enfin à ce que, en pays flamand, l’on désigne sous le nom de « Star »,
une clairière d’où partent une série d’avenues rectilignes. Nous trouvons ici les plus beaux
spécimens de hêtres et, mieux qu’ailleurs, nous reconnaissons l’imposante simplicité de la
ligne droite, en longueur et en hauteur.
Une autre avenue est plantée de quatre rangées de chênes d’Amérique à l’ample
feuillage qui, à l’automne, se colore si artistiquement de tons rouge sang et de cuivre
diversement nuancés.