
 
        
         
		l’ignorance  de  la  Phytogéographie  a  seule  fait  confondre.  C'est  avec  raison  qu’A.  E n g l e r   
 n’en  parle  pas  dans  son  énumération  des  formations  de  l’Afrique  tropicale  et  subtropicale  
 {Englers  hot.  Jahrb.,  41,  1908). 
 En  prétendant  étendre  et  généraliser  la  notion  de  steppe,  on  a  commis  une  erreur  du  
 même  ordre  (T a n f i l j e f f ,   .Die  südrussischen  Steppen,  Rés.  scientif.  Congrès  de  Vienne,  
 p. 381  et  suiv.,  1905). 
 La  Toundra  polaire,  la  Taïga  sibérienne,  les Myrar des  Suédois,  les Watten  du  littoral  
 de  la  mer  du  Nord,  les  Llanos,  Carracos,  Campos,  Potreiros  et  Pinhals  du  Brésil,  les  
 Scrubs  d’Australie,  les  Carigues  et  Maquis  méditerranéens  n’ont  pas  de  synonymes  exacts  
 dans  d’autres  langues  et  doivent  garder  leur  nom.  Si  même  la  langue  classique  d’un  pays  
 n’a  pas  de  mots  pour  exprimer  les  choses  dont  il  s ’agit,  il  faut  les  rechercher  dans  la  
 langue  populaire,  où  on  les  retrouve  sûrement,  parce  qu’ils  répondent  à  un  besoin  du  
 peuple.  C’est  ainsi  que  l’un  d’entre  nous  a  repris  à  la  vieille  langue  provençale  les  mots  de  
 Sansouire,  Erme,  Casse,  Campas  qui  n’ont  pas  d’équivalent  en  français  et  que  nous  ne  saurions  
 traduire  en  langue  savante  ( F l a h a u l t ,   Projet,  1900,  p.  11-12). 
 Dès  1835,  O sw a ld   H e e r   distinguait  dans  la  vallée  de  la  Sernft  (Qlaris),  30  stations  
 différentes;  il  a  soigneusement  indiqué  dans  la  Flore  de  cette  vallée  quelle  station  recherche  
 chaque  espèce.  En  1844,  W im m e r   insistait  sur  la  nécessité  d’ajouter  à  la  diagnose  morphologique  
 de  chaque  espèce  une  diagnose  phytogéographique  «  qui  fixât  d’une  manière  
 précise  et  en  termes  compris  de  tous  les  conditions  où  elle  vit;  car  une  diagnose  de  ce  
 genre  ne  contribue  pas  moins  que  la  première  à  la  connaissance  de  l’espèce  »  (Wimm e r ,   
 Flora  von  Schlesien,  Ceogr.  Uebers.,  p.  4).  Bien  plus  récemment,  K e r n e r   a  insisté  aussi  sur  
 la  nécessité  de  distinguer  les  stations  et  en  énumère  un  certain  nombre  comme  exemples. 
 Si  nous  nous  permettons  de  revenir  avec  insistance  sur  ce  point  très  important  pour  
 la  Géographie  botanique,  c’es t  dans  l’espoir  que  les  floristes  tiendront  de  plus  en  plus  
 compte  de  ce  desideratum ;  il  est  en  outre  à  désirer  que  pour  chaque  espèce  on  indique  la  
 manière  dont  elle  participe  aux  formations  de  la  contrée  en  question  (voir  B r o c k m a n n   
 1907). 
 Division  des  territoires  botaniques  en  altitude.  —  L’un  d’entre  nous  (F l a h a u l t ,   
 Projet  1900)  a  essayé  de  montrer  les  difficultés  relatives  à  l’emploi  du  mot  «  zone  ».  Ce  
 mot  exprime,  en  français,  des  espaces  nettement  limités,  comme  la  partie  de  la  surface  d’une  
 sphère  comprise  entre  deux  parallèles,  comme  un  espace  que  l’on  compare  à  une  bande  
 ou  à  une  ceinture.  C’est  dans  ce  sens  que  ce  mot  est  employé  en  Géologie,  en  As tronomie, 
   en  Mé téorologie  et  ailleurs.  11  est  usité  pour  désigner  les  grandes  surfaces  de  la  
 sphère  terrestre  qui  se  distinguent  par  un  climat  et  une  végétation  nettement  déterminés.  
 Gn  dit  ainsi  la  zone  chaude,  les  zones  tempérées  et  froides.  La  notion  de  zone  s ’applique  
 exactement  à  ces  unités  de  premier  ordre. 
 Ce  mot  a  été  adopté  aussi  par  les  phytogéographes  de  langue  française  (Edm.  
 B o i s s i e r   1839,  H.  C h r i s t   1879)  e t   par  la  généralité des botanistes  français, pour exprimer  
 les  différents  étages  de  végétation  qui  se  succèdent  de  la  base  au  sommet  des  montagnes  ou  
 du  niveau  de  la  mer  aux  profondeurs  où  cesse!  la  végétation  marine.  Cet  emploi  du  mot  est  
 conforme  à  la  signification  primitive  (ceinture)  et  à la  tradition  de  tous  les  pays  de  
 langue  française.  Il  paraît,  dès  lors,  bien  difficile  que  les  peuples  latins  acceptent  une  interprétation  
 différente  qui  serait  en  contradiction  avec  le  sens  étymologique  d’un  mot  de  
 leur  langue. 
 D’autre  part,  beaucoup  de  botanistes  de  langue  allemande  ont  interverti  la  signification  
 des  mots  région  et  zone,  telle  qu’elle  est  admise  en  français.  Pour  justifier  leur  
 manière,  ils  peuvent  faire  valoir  une  tradition  ancienne  (A.  de  H u m b o l d t ,   M e y e n ,   etc.)  
 l’autorité  d’ouvrages  importants  et  la  force  de  l’habitude.  II  est  vrai  encore  que  des  concessions  
 motivées  ont  été  faites  à  la  manière  de  les  employer  qui  nous  semble  la  plus  correcte  
 et  que  quelques  botanistes  de  langue  allemande  appliquent  aussi  le  mot  zone  dans  des  sens  
 très  divers.  A.  E n g l e r ,   par  exemple,  entend  sous  le  nom  de  zone  une  subdivision  de  la  
 province.  D r u d e   l’emploie  dans  un  double  s e n s .T o u t   récemment  L.  D i e l s   (1908)  l’a  appliqué  
 dans  le  sens  français.  ; 
 Aussi  pour  résoudre  cette  difficulté,  nous  semble-t-il  désirable  qu’on  garde  la  notion  
 de  zone  seulement  pour  désigner  les  grandes  ceintures  suivant  lesquelles  la  sphère  terrestre  
 se  décompose,  dans  son  ensemble,  en  unités  de  premier  ordre. 
 Appliquant  à  la  nomenclature  la  notion  à’étages,  emprunté  par  l’un  de  nous  (Projet  
 1900,  p.  9  et  13)  à  la  Géologie,  appliqué  récemment  par  L.  A d a m o v i ç   qui  en  a  fait  valoir  
 les  avantages  dans  une  application  heureuse  aux  pays  balkaniques  (Die  Vegetationsstufen  
 der  Balkanländer,  1908),  nous  proposons  que  le  mot  étage  soit  employé  pour  désigner  les  
 bandes  ou  ceintures  de  végétation  qui  se  superposent  dans  les  montagnes,  que  la  notion  
 de  région  s ’applique  seulement  à  de  grandes  étendues  de  pays.  Gn  dirait  ainsi  Vétage  alpin  
 pour  exprimer  la  ceinture  de  végétation  alpine  supérieure  aux  limites  de  la  forêt  et  région  
 alpine  pour  désigner  l’ensemble  du  massif  des  Alpes  avec  ses  chaînons  périphériques.  Gn  
 dirait  l’étage  alpin  du  Caucase  e t   la  région  caucassienne,  l’étage  alpin  des  Andes  et  la  région  
 andine.  Gn  éviterait  ainsi  les  multiples  ambiguïtés  et  les  confusions  auxquelles  a  donné  lieu  
 l’emploi  du  mot  zone.  / 
 Les  mots  «Höh en s tufe»   ou  plus  simplement  «S tu fe»   exprimeraient  l’étage  dans  les  
 travaux  phytogéographiques  de  langue  allemande. 
 Des  efforts  très  méthodiques  ont  été  d’ailleurs  poursuivis  depuis  dix  ans  pour  délimiter  
 et  subordonner  les  unités  géographiques  et  topographiques.  Gn  peut  espérer  qu’on  est  
 près  de  s ’entendre  sur  plusieurs  des  points  en  litige  et  que  les  phytogéographes   tendent  à  
 adopter  les  mêmes  principes  et  à  les  appliquer  par  les  mêmes  moyens.  Dès  lors,  il  ne  nous  
 a  pas  semblé  nécessaire  que  le  Congrès  intervienne  autrement  que  pour  provoquer  une  
 entente  au  sujet  de  la  nomenclature  en  altitude. 
 Cartograipihie.  —  Pas  plus  qu’en  matière  de  nomenclature  il  ne  convient  de  légiférer  
 ou  même  de  proposer  des  règles  qui,  le  plus  souvent,  ne  pourraient  pas  être  observées.  Ici  
 aussi,  nous  nous  contenterons  d’ énoncer  des  principes  et  de  donner  quelques  avis  dictés  par  
 l’expérience.  '  i  '  | 
 lo  Gn  ne  peut  exprimer  par  les  cartes  que  des  faits  précis  et  des  objets  définis.  L’éta-  
 bfissement  d’une  carte  force  l’auteur  à  être  exact.  Une  carte  doit  être  l’expression  graphique  
 la  plus  claire  des  faits  ob se rv é s ;   il  faut  d.onc  souhaiter  que  tout  travail  phyto g éo g ra phique  
 soit  accompagné  de  bonnes  cartes. 
 2o  Toute  bonne  carte  phytogéographique  est  une  contribution  importante  à  la  connaissance  
 de  la  Géographie  générale  d’un  pays.  j ■if4