Nous voici dans la partie sise au delà du fossé, où ce sont encore quelques beaux
arbres qui s ’offrent à nos regards investigateurs. Un énorme cèdre du Liban mérite toute
notre attention : tronc superbe dont un lierre, bien vieux, a littéralement pris possession ;
ses tiges se sont pour ainsi dire incrustées dans l’écorce crevassée; les puissantes branches
horizontales du colossal arbre orné de ce lierre, s ’étalent à des huit, neuf mètres de distance
et ombragent un espace où il y aura lieu de créer un reposoir.
Les berges de l’étang sont garnies de grands massifs de rhodendrons que surplombent
de sombres épicéas. Plusieurs troncs d’arbres sont garnis d’une ample masse mouvante
de lierre; quelques-uns de ces troncs ont cessé de vivre.
Nous repassons une seconde fois le premier pont, cette fois pour nous diriger vers
le fond du domaine tout entier planté de hêtres séculaires. Derrière le fossé, une seconde
partie, celle que nous avons jugée si belle, vue de la route. Les arbres y sont très élancés,
trop serrés malheureusement; leur nombre trop grand pour l’espace dont ils disposent a nui
à leur vigueur; plusieurs même sont morts. De cette magnifique futaie de hêtres, l’on a, en
différents endroits, de très jolies échappées sur les champs d’alentour parsemés de fermes
aux toits rouges se projetant violemment sur le vert des cultures.
V. — Résumé en guise de conclusion.
Résumons maintenant nos impressions.
Le «Vo g e lz an g » et le «Middelheim» sont des parcs paysagers, le premier, dans
toute son étendue, le second, en majeure partie. Le pourtour de celui-ci a un peu le
caractère du « Brandt » où nous trouvons un point de transition.
La partie du « Brandt » à incorporer dans le parc ne renferme aucune construction,
les deux autres domaines ont chacun un château datant à peu près de la même époque;
celui du «Vo g e lz an g » se trouve au milieu de vastes pelouses, celui du «Middelheim» est
entouré d’un fossé.
Dans les trois parcs, il y a des pièces d’eau, mais leur superficie nous paraît de
beaucoup trop petite.
Dans les trois parcs, les beaux arbres ne font point défaut; ils sont les principaux
éléments du musée végétal à l’air libre.
Lu reliant les trois parcs entre eux, par l’aménagement des terrains sis en dehors
de leurs limites et acquis par la Ville, il est de toute évidence que la métropole commerciale
pourra être dotée d’un superbe parc public.
L’aménagement général des terrains.
Au point où nous en sommes arrivés, nous pouvons nous faire une idée convenable
des trois domaines qui formeront le fond du nouveau Parc; nous pouvons ainsi mieux
nous rendre compte de ce qu’il faudrait exécuter pour arriver à un ensemble harmonieux
et grandiose. Les lignes que nous consacrons à cette très importante partie des travaux
n’ont d’autre but que de provoquer l’attention des hommes compétents sur la portée du
problème, de solliciter le concours de leurs connaissances spéciales en la matière et de
faire appel à leur expérience. Nous avons, à Anvers, le bonheur de posséder à la tête du
département des Beaux-Arts et des Plantations publiques, un artiste soucieux de la grandeur
de la cité, M. l’Échevin F. Van Kuyck; nous pouvons donc, en toute confiance, espérer que
les études et les investigations auxquelles se livrent les partisans d’un superbe parc feront
connaître tous les desiderata de la population et que ces études aideront M. l’Échevin dans
l’élaboration d’un plan général qui, nous le souhaitons ardemment, recevra l’approbation
unanime de tout Anvers.
Avant de passer à l’exposé des idées conçues et des projets à suggérer, il nous
faut attirer l’attention des lecteurs sur le caractère que doit offrir un parc public.
Le parc, pour répondre au but pour lequel il est créé, et pour justifier les lourds
sacrifices que l’administration communale s ’est imposés, doit attirer la foule, doit être
populaire.
De tout temps on s ’est plaint de ce que le Parc actuel (la lunette d’Hérenthals
transformée) n’est pas fréquenté, ou trop peu, ou mal.
Quelle en est la cause, ou mieux, quelles en sont les causes, car elles doivent être
multiples?
Quiconque ne connaît pas la nature, n’a pas appris à en apprécier les beautés, ne
saurait l’aimer. La majorité de nos concitoyens nous semble être dans ce cas.
Le parc actuel, un des plus beaux en son genre, affecte le caractère de parc privé
d’un riche seigneur; le peuple n’y est pas chez lui.
11 n’y a, dans le parc actuel, aucune attraction pour le peuple; rien ne l’y retient, il
ne fait qu’y passer quand la nécessité l’y coiïtraint.
Le bourgeois paisible ne s ’y sent pas à l ’aise et souffre de la fréquentation du parc
par des individus peu recommandables.
Donc, il faut apprendre au public à se rendre au parc, il doit y trouver des distractions
de tous genres, il doit s ’y savoir en toute sécurité.
Ce principe posé, voyons quelles sont les grandes lignes déjà arrêtées; indiquons au
courant de notre revue ce que nous croyons qu’il serait avantageux de faire.
Qu’on veuille bien remarquer combien étroitement et magnifiquement le Parc, complètement
aménagé, sera relié au centre de la ville. Les grandes avenues actuelles conduisent
au Parc de Keilig, on prend par la place Loos, l’avenue Charlotte, le boulevard Léopold
avec le joli square Boduognat, pour aboutir à la Pépinière. D ’ici l’on choisira une des
deux voies pour arriver au nouveau Parc. N ’est-ce pas magnifique? Alors, les remparts
actuels disparus, ces voies aboutiront au Parc dans des conditions qu’il reste à définir,
mais qu’il est facile à concevoir. Sur la gauche se trouve le fortin VII, qui devient propriété
de la ville et qui sera probablement conservé en tant que butte et fossé. II est évident
qu’on pourra utiliser cette butte pour y établir un belvédère ou, tout au moins, pour en
aménager le point culminant de telle façon qu’il permette au promeneur de jouir, de là-haut,
d’un coup d’oeil étendu embrassant une bonne partie du nouveau Parc et des travaux qui
seront exécutés sur les terrains militaires désaffectés. 11 y a de nombreux exemples d’appropriation
d’anciens travaux militaires, pour faire comprendre que ce fortin VII pourra jouer
un rôle marquant dans la création du nouveau Parc.