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groupements climatiques et édaphiques parfaitement semblables formeront des associations
différentes (D r u d e , C l em e n t s , G r a dm a n n , Englers bot. Jahrb., 1909). Le Hochmoor,
formation bien caractérisée par les conditions climatiques, édaphiques et par les rapports
réciproques des êtres qui en font partie, est représenté par des associations différentes en
Scandinavie, dans la plaine de Suisse et dans les montagnes du midi de la France. Ce sont
des « Formationsglieder » (D r u d e ) des « Varieties of Associations » (W a rm in g , Oe colog
y ) . B e c k v o n M a n n a g e t t a en cite un exemple devenu classique dans la série des as sociations
dont Pinus nigra (P. Laricio var. austriaca) est l’élément dominant.
L’Association végétale est la dernière expression de la concurrence vitale et de
l’adaptation au milieu dans le groupement des espèces. Les habitants d’une même station
ne sont pas seulement rattachés les uns aux autres par de simples liens de coexistence,
mais encore par un lien d’intérêt réciproque, certains d’entre eux au moins trouvant avantage
et profit dans les conditions déterminées par la présence des autres. Le terme d’As so ciation
végétale n’implique pas un concours harmonique de tendances diverses vers un but
commun de bénéfice collectif, comme dans toute société fondée sur la division du travail.
Il s ’applique à un rapprochement de formes spécifiques et morphologiques étrangères les
unes aux autres, avec le profit exclusif de chacune d’elles pour objet. Elles vivent les
unes à côté des autres, suivant la conformité ou la diversité d’exigences qui trouvent leur
satisfaction, soit dans les conditions mêmes du milieu, soit dans les conditions déterminées
par la présence des autres êtres vivants (F l a h a u l t , Projet, 1900, p. 15). On peut distinguer
d’après la nature de la concurrence vitale, deux types d’associations (W o o d h e a d ) : «A s sociations
complémentaires » où les organes souterrains des différentes espèces se trouvent
à des profondeurs différentes, et « Associations militantes » où toutes les espèces sont enracinées
à la même profondeur.
L’Association doit être caractérisée par l’ensemble, par la totalité même de ses élé ments
floristiques. Nous pouvons, pour abréger, la désigner par un nom qui n’en exprime
qu’une partie; une espèce dominante, par exemple, ou l’aspect; mais il ne faut pas se
tromper sur le sens d’une pareille désignation (G r a dm a n n , Englers bot. Jahrb., 1909).
Nous n’avons pas le droit de préjuger l’importance relative d’une espèce ou d’une
autre. Une association peut être considérée à des points de vue très variés; s ’il nous plaît
de la désigner par le nom d’une espèce, parce que cette espèce est la plus visible ou la
plus abondante, cette considération est subjective e t ne se rapporte qu’à nous. C’est un
artifice, une facilité que nous nous accordons ; mais suivant les points de vue sous lesquels
on considère les associations, d’autres espèces peuvent avoir une importance aussi grande
ou plus grande que les espèces dominantes, à quelque titre qu’elles le soient.
Au point de vue de son origine, par exemple, une association peut être caractérisée
par des espèces solitaires ou éparses, survivantes de périodes antérieures ou récemment
émigrées. Au point de vue des transitions écologiques qu’elle peut présenter avec une autre
association, elle pourra être caractérisée par des espèces répondant à certaines formes
biologiques (les espèces xérophiles dans la forêt de Châtaignier, par exemple).
L’aspect d’une e t même association varie toujours fortement suivant les saisons. II
est donc nécessaire de décrire les différents «aspects saisonniers» (« a spe c t s» C l em e n t s )
de la même association.
Dans une même association, des différences floristiques locales, d’origine édaphique,
d’origine génétique ou même fortuite, peuvent donner lieu à des « facies, sub-associations,
patches, communities, societys » qu’on pourra mentionner et décrire avec autant de précision
qu’on le voudra, sans perdre de vue, toutefois, leur étroite subordination à
l’Association.
Par contre, les conditions qui déterminent une association ne sont pas habituellement
si rigoureusement continues et limitées qu’elles ne renferment rien d’étranger.
Dans la forêt de montagne, on rencontre des blocs isolés, des éboulis que l’humus
n’a pas réussi à couvrir et dont la végé tation ligneuse n’a pu s ’emparer; dans un lac, un
rocher émerge, etc. Ce sont des îlots d’autres associations, des associations étrangères
répondant à des conditions édaphiques différentes. Il faut se garder d’en confondre les
éléments constitutifs avec ceux des associations au milieu desquelles on les rencontre.
L’association es t donc à la fois écologique et floristique, mais ne représente pas une unité
topographique.
Station. — Il importe de revenir encore sur la notion de Station, bien que nous y
ayons insisté dans le Projet de 1900.
Une station est une circonscription d’étendue quelconque, mais le plus souvent
restreinte, représentant un ensemble complet et défini de conditions d’existence, exprimé
par l’uniformité de la végétation. La station résume tout ce qui es t nécessaire aux espèces
qui l’occupent, la combinaison des facteurs climatiques avec les facteurs édaphiques et les
rapports réciproques des êtres vivants, c’est-à-dire les rapports de chaque espèce avec le
climat, le sol et avec les espèces auxquelles elle est associée.
La notion de station s ’étend, d’ordinaire, au territoire occupé par une association. On
considère la station à un point de vue plus étroit lorsqu’on l’envisage comme habitat
d’une espèce. C’est alors exactement, à ce qu’il semble, le « Wurzelort » d’OE t t l i , le
« Wuchsort » de H e s s , le «S tandor t» de K e r n e r .
La disparition ou seulement la modification d’un élément, une manière d’être spéciale,
une variation même très faible d’un facteur quelconque suffisent pour déterminer une
nuance dans la station. La station n ’est donc pas nécessairement une unité homogène; elle
varie, dans ses différentes parties, suivant les combinaisons indéfinies des facteurs qui y
entrent en jeu. Il peut y avoir des « facteurs écologiques secondaires », suivant l’expression
de P. J a c c a r d , déterminant des «Wurze lor te » suivant OE t t l i . Ce sont des variations
de la station, comme nous avons vu qu’il y a des variétés dans l’association. Il faut
en tenir compte dans une analyse détaillée des stations, comme l’ont fait C l em e n t s ,
T h o r n b e r , O l i v e r et T a n s l e y , etc.
Le vocabulaire de chaque pays, né du milieu même et du besoin qu’éprouve un peuple
d’exprimer les faits et les phénomènes qu’il observe chaque jour, doit fournir les moyens
de désigner les stations, les formations et parfois les associations propres au pays. Il
serait imprudent de vouloir assimiler et confondre sous un même nom les unités de même
apparence générale en différents pays. Qu’on veuille leur appliquer un nom nouveau créé
suivant les règles scientifiques ou qu’on prétende les rapporter à un type choisi, on risque
de commettre de graves erreurs. La notion de Savane, telle qu’elle a été adoptée et vulgarisée
par les explorateurs français comprend, à ce qu’il semble, des stations variées que
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