Dès lors, toutes les occasions favorables à la création de plantations publiques
furent saisies ,avec empressement. Ainsi se créent les squares de la place de la Commune,
le square de l’avenue Marie-Louise, le square de la Banque Nationale, celui du Musée
des Beaux-Arts, les jardinets devant l’Athénée Royal, etc. La promenade le long du
chemin de fer Anvers-Bruxelles fut complètement remaniée à la suite des importants
travaux exécutés à cette ligne. L’on créa une place de jeux au Stuyvenberg et on la
planta d’arbres. Aucun effort ne fut épargné pour doter Anvers de plantations pour la
plupart fleuries. Seulement, grâce à la prospérité inouïe de son commerce, à l’augmentation
sans cesse croissante de sa population, depuis longtemps déjà la métropole se trouvait
à l’étroit dans son enceinte de 1859; il fallait briser le cercle de fer qui l’enserre, il
fallait donner à la ville une extension en rapport avec son importance chaque jour plus
marquée; il fallait aussi procurer aux habitants un lieu de délassement, un parc digne d’une
grande et riche cité. .
Si, en 1860, la population était fd’environ 111,000 habitants, elle se chiffre à présent
par plus de 320,000!
Le 31 décembre 1909, en exécution de la loi du 31 mars 1906, on commençait la
démolition de l’enceinte de 1859; on s ’est borné jusqu’à présent à percer les remparts en
quelques endroits, afin de faciliter les communications du centre avec les communes
suburbaines; le reste suivra.
L’administration communale n’attendit pas la fin des travaux de délivrance pour s ’o c cuper
de la création d’un parc public digne d’une grande ville «pos sédant des trésors
inestimables, un passé historique glorieux et dont le fleuve qui la baigne ne se lasse pas
de provoquer l’admiration de celui qui le contemple ».
«Ce t te situation», lisons-nous dans le Bulletin communal (110 31, Rapport des commissions
réunies des travaux publics, des finances, des propriétés communales, du contentieux,
des beaux-arts et des plantations communales, au conseil) « a vivement préoccupé
les pouvoirs publics, et, dans son Rapport au Roi du 20 décembre 1907, contenant l’e x posé
des motifs justifiant la constitution de la commission d’études pour l’aménagement
de l’agglomération anversoise, M. le Ministre des Travaux publics insistait sur la nécessité
de créer à Anvers de grands parcs publics et d’agrandir à cette fin son territoire. »
«Aussi cette commission institua-t-elle une section spéciale, qui s ’occupa exclusivement
de cette question, à la solution de laquelle les représentants de la ville d’Anvers
prirent une part prépondérante.
«Le souci de cette section fut d’abord de conserver à l’état de «re spiratoir e» pour
Anvers les vastes espaces boisés et libres, s ’étendant au sud de la ville dans la partie
la plus élevée et la plus salubre et comprenant la plaine de manoeuvres, le saillant de la
porte de Wilryck, les châteaux du « Brandt », de « Middelheim » et de « Vo ge lzang», plantés
des essences les plus variées et qui forment un groupe de propriétés boisées qu’on ne
retrouverait sur aucun autre point de l’agglomération anversoise. Un parc public clôturé
de 90 hectares de superficie pouvait être créé à cet endroit, entouré d’une ceinture d’habitations
d’agrément présentant le caractère de parc habité.
» D’accord avec le Collège, la section chargea M. l’ingénieur en chef, directeur de
la voirie, Lemeunier, de la confection d’un plan et M. le directeur du service des propriétés
communales, taxes, contentieux et cadastre, Cyselynck, des négociations nécessaires pour
arriver à sa réalisation. »
« Après avoir pris connaissance de ce plan, des conventions passées avec les propriétaires
intéressés et de la correspondance échangée avec les pouvoirs publics, nous
tenons à déclarer que nous nous sommes trouvés en présence d’un projet complet, parfaitement
étudié et mis au point dans tous ses détails. La ville acquerrait la propriété
Latinie (château du «V o g e lz an g » ) , couvrant une superficie de 16 h. 63 a. 14 ca., moyennant
3,950,000 francs, soit à raison de 23 francs le m"; la propriété Le Crelle (château
de «Middelheim») , couvrant une superficie de 51 h. 23 a. 55 ca., moyennant 2,700,000 fr'.,
soit à raison de fr. 5.27 k m"; une partie importante de la propriété délia Laille (château
du « Brandt »), d’une superficie approximative de 48 h. à raison de fr. 5.50 le m^; le saillant
de la porte de Wilryck et la partie attenante des remparts, d’une superficie d’environ 30 h.,
à raison de 4 francs le m"; la plaine de manoeuvres et l’ancien fort qui la sépare du rempart,
d’une superficie d’au delà de 40 h., à raison de 5 francs le m". »
« Le parc public clôturé, avec pelouses et plaines de jeux, aurait une superficie de
90 hectares, comprenant toutes les parties intéressantes à conserver des dites propriétés ;
le surplus serait converti en parc habité; les lots de terrains à revendre n’auraient pas
une superficie inférieure à 1,000 m^, et toutes les clauses à imposer aux acquéreurs pour
conserver à ce quartier son caractère de parc habité ont été prévues. »
« Des conventions particulières, intervenues avec les propriétaires d’immeubles con-
tigus au parc, assurent la conservation de l’aspect actuel de ces domaines et donnent à la
Ville un droit de préférence à l’acquisition de ces propriétés. »
Nous avons jugé indispensable de reproduire ces passages du Rapport adressé au
Conseil, afin que le lecteur puisse juger de la façon dont cette création a été amorcée et
conduite à bonne fin.
II. — Le domaine “ Vogelzang „
Le domaine « Vogelzang » (superficie: 16 h. 63 a. 14 ca.), est entouré actuellement
d’une clôture en bois. L’entrée se trouve sur la chaussée qui le sépare de la plaine de
Wilryck; le tramway électrique a son point terminus quelques pas plus loin, au caférestaurant
connu de tout Anvers sous le nom de « Dikke-Mee ».
La grille d’entrée du «V o g e lz a n g » franchie, on a, à sa gauche, une maisonnette
servant provisoirement de demeure au gardien de la propriété. Lace au visSiteur, cinq
immenses hêtres de toute beauté semblent monter la garde; il s ’en trouve de pareils en
nombre dans les deux autres domaines. Les exemplaires séculaires de la chaussée de
Wilryck ou, comme on l’appelle communément, la drève du Dikke-Mee, sont de dimensions
exceptionnelles et il n’en existe nulle part de pareils dans les environs de la ville.
Le hêtre est l’essence dominante dans les propriétés constituant le nouveau parc; elle y
est chez elle et forme partout des fûts élancés d’une belle hauteur.
Ln suivant l’avenue à quadruple rangée de hêtres, nous serons conduits à une
grande place gazonnée; à gauche, une partie négligée où fut organisée, il y a quelques
années, une exposition, et un grand potager avec des arbres fruitiers de plein vent et des