M. J. Qof far t expose ensuite la mé thode à suivre pour at teindre le but
qu’il vient de préciser. « On est par fai tement d’accord aujourd’hui, dit-il, et
» depuis longtemps, d’ailleurs, pour reconnaî t re que l’enseignement doit êt re
» intuitif. L’intuition ne consiste pas simplement à faire voir des obje ts . Il
» faut aussi faire chercher et faire trouver. »
Ceci peut aisément êt re réalisé pa r des e.xercices faits au moyen de
plantes fleuries: on fera analyser et dessiner tous les organe s en at t i rant
l’at tent ion sur les choses les plus impor tante s qui, ma lheureusement , ne
sont pas toujour s les plus visibles.
L’auteur explique en détail la manière de faire des leçons analytiques
capables d’éveiller l’at tention, de s t imuler la curiosité, tout en développant
l’acuité du sens de la vue, l’élocution et l’expression graphique. Il mont re
ensuite comment il faut, pa r la comparaison des types précédemment
étudiés, réal iser des leçons synthétiques. Celles-ci nécessitent l’intervent ion de
la mémoire, de l’imaginat ion, du rai sonnement et du jugement .
« Analyse, comparaison, synthèse, te ls sont les t rois degrés de to u t
» travai l scientifique. C’est par cette seule voie que les natural is tes sont
» ar rivés aux connaissances générales, et c’est celle-là seule que nous devons
» suivre pour ar r iver au même but. » ’ '
Un écueil qui a été maintes fois signalé est l’abus des te rme s scientifiques.
Il y a tout avantage à évi ter l’emploi d’un g r an d nombre des
te rme s employés dans les ouvrages de Botanique. Si l’on objecte que l’élève
pour ra i t rencont re r un jour ces mot s et ne pas les comprendre, il faut se
rappeler que « n ot re but n ’est pas de me t t r e l’élève à même de lire tous les
» livres de Botanique. Not re but est bien plus élevé : nous devons avant to u t
» enseigner une méthode, p r ép a r e r une éducation pour l’avenir, donner à
» l’espr it une tournure scientifique indispensable aujourd’hui dans toute
» car rière. »
M. J. Cof fa r t parle encore des ma té r iaux d’étude, des excursions, des
livres et des concours. Il fait preuve en to u t cela d’une profonde connaissance
de la pédagogie et d’une g r a n d e expér ience de l’enseignement scientifique.
Je ne puis pas ser sous silence deux rema rque s d’un caractère émi nemment
prat ique :
« II convient, dit-il, de bien se péné t re r que, dans l’enseignement des
» sciences, les livres classiques doivent êt re consultés et non suivis pas à
» pas. Il faut sur tout se g a rd e r d’en apprendre par coeur le texte, même
» quand il est résumé sous forme de tableaux. »
D aut re par t, on néglige t rop souvent d’ent re teni r les connaissances
acquises. « L’élève prend l’habi tude d’oublier à mesure qu’il avance. Cer-
» tains professeurs connaissent et tolèrent cet état de choses. Il faut réagi r
» et ne pas craindre de reveni r en seconde année sur les notions de première
» année. En Botanique, l’étude de la Biologie, basée sur celle de l’Organo-
» graphie, fourni ra l’occasion de rappeler , 'dans la seconde par tie, les notions
» essentielles exposées dans la première. »
M. Labeau, profes seur de Sciences naturelles à l’Institution Not re-
Dame des Dunes, à Dunkerque, nous a adressé une notice manuscr i te sur
1 Enseignement prat ique de la Botanique élémentaire, le sommai re de dix
leçons, des cahiers de notes prises pa r les élèves et des herbiers classiques
confectionnés par eux.
S’inspirant du p ro g r amme de 1902, M. Labeau a adopté « la méthode
pratique, seule capable, pense-t-il, de donner quelques résul tats au poin t de
vue éducati f ». C’est par l’observat ion de plantes vivantes et par l’expér i mentat
ion que la plupar t des notions de Morphologie et de Physio logie
peuvent êt re acquises par les élèves.
« La première par t ie de la classe est consacrée à la préparat ion des
» expér iences dont les résul tats cont rôlés et notés par les élèves sont enre-
» gist rés au commencement de la classe suivante. La seconde par t ie est
» réservée à la dissection des plantes, à l’établ is sement des diagramme s
» f loraux ou à des explications théor iques et inter rogat ions.
» Les notes prises en classe sont rédigées par les élèves dans le
» courant de la semaine. Ils utilisent, pour cont rôler leurs observat ions,
» l’ouvrage de M. Laideau : Botanique élémentaire, — chez Larousse. »
Quant aux compositions, « elles consistent moins en un exposé théo-
» rique en réponse à des questions posées qu’en une séance de t r a v a u x
» prat iques ».
Voici les questions posées en juin 1909:
« 1° Déterminez, au moyen de l’herbie r classique, la famille à laquelle
» appa r t ient la plante qui vous a été remise. Justifiez la déterminat ion.
» 2° Après avoir analysé l’échantillon n° 2, établissez le diagramme
» floral et dites si cet te plante est une monocotylédone ou une dicotylédone.
» 3° Dites tout ce que vous suggère l’examen de l’échantillon no 3.»
M. Labeau te rmine en souhai tant que, dans les examens de Sciences
naturelles, la composi tion écrite soit remplacée pa r « une séance de t r av a u x
prat iques, suivie d’une inte r roga t ion orale après admissibil ité ».