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 réciproques  varient  d’une  manière  incessante,  indépendamment  de  toute  intervention  de  
 l’homme. 
 Les  sols  nouveaux  conquis  par  la  végétation  sont  en  voie  d’évolution ;  leur  état  actuel  
 est  passager;  ils  constituent  cependant  des  formations.  Les  marais  sont  en  voie  de  transformation  
 constante  ;  ils  sont  envahis  par  la  tourbière  sans  que  les  conditions  édaphiques  ou  
 climatiques  changent;  ils  peuvent  se  transformer  en  forêt.  Ils  n’en  appartiennent  pas  moins  
 actuellement  à  des  formations  parfaitement  définies  (C.  W e b e r ,   Ueber  die  Zusammensetzung..., 
   Kiel  1892). 
 La  bruyère  sèche  à  humus  acide  (lande  à  Calluna),  à  l’abri  d’un  couvert  assez  épais,  
 devient  l’asile  d’une  foule  de  petits  animaux,  mammifères,  insectes,  etc.,  qui  labourent  le  
 sol,  l’aèrent,  en  déterminent  l’oxydation  et,  lentement,  le  préparent  à  supporter  une  v ég é ta tion  
 ligneuse  plus  élevée  qui  s ’y  développe  peu  à  peu.  La  Bruyère  n’en  est  pas  moins  une  
 formation  nettement  caractérisée. 
 Dans  la  haute  Engadine  (Suisse),  il  es t  établi  par  de  longues  observations  que  les  
 forêts  de  Larix  qui  couvrent  les  versants  et  même  les  vallées  dans  cette  partie  des  Alpes  
 ne  se  régénèrent  pas  par  semis  naturel.  Les  semis  de  Larix  ont  besoin  d’une  lumière  
 abondante  qu’ils  ne  trouvent  pas  sous  ces  très  vieilles  futaies.  En  raison  du  rôle  rigoureusement  
 protecteur  contre  les  avalanches  qu’elles  remplissent  à  l’égard  des  centres  habités,  on  
 ne  peut  songer  à  les  éclaircir;  on  n’y  coupe  que  les  arbres  décrépits  ou  mourants.  La  forêt  
 y  demeure  donc  dans  son  état  naturel  et  ne  se  régénère  pas  comme  forêt  de  Larix.  Mais  le  
 Pinus  Cembra  trouve  là  les  conditions  les  plus  favorables  à  son  développement.  Il  se  sème  
 abondamment  dans  l’humus  épais,  sous  les  futaies  de  Larix  e t   s ’y  développe  vigoureusement  
 sous  leur  couvert;  de  sorte  que,  dans  ces  conditions  spéciales  et   rares,  la  forêt  de  
 Pin  Cembro  succéderait  sans  intervention  de  l’homme  à  la  forêt  de  Mélèze. 
 Or,  lorsqu’il  s ’agit  de  nomenclature,  nous  ne  pouvons  considérer  que  des  faits  
 existants.  Si  nous  pouvons  tenir  compte  de  la  manière  dont  ils  se  sont  produits,  il  serait  
 imprudent  de  prétendre  en  discerner  l’avenir;  il  est  toujours  lent  e t   difficile,  et  parfois  
 impossible  d’en  comprendre  le  passé. 
 En  définitive,  il  semble  que  nous  pouvons  considérer  une  formation  comme  une  expression  
 actuelle  de  certaines  conditions  de  vie  (conditions  climatiques,  édaphiques,  rapports  
 réciproques  des  êtres  vivants)  indépendante  de  la  composition  floristique. 
 C.  E.  M o s s   propose  d’introduire  dans  la  notion  de  formation  la  succession  de  différents  
 groupements  sur  le  même  substratum.  Suivant  cette  interprétation,  une  seule  et  
 même  formation  comprendrait  toutes  les  étapes  parcourues  au  cours  de  son  évolution.  Par  
 exemple,  la  plage  marine  supporte  d’abord  une  association  ouverte  d ’Ammophila.  Une  sorte  
 de  pré  continu  lui  succède.  Ces  étapes  successives  formeraient,  d’après  Moss,  une  seule  formation  
 (Geogr.  Distr.  of  Veget.  in  Somerset,  1907). 
 Le  Comité  des  phytogéographes  anglais  a  adopté  cette  manière  de  voir  et  nous  l’a  
 fait  savoir.  Il  nous  semble  qu’on  ne  peut  l’adopter  pour  les  raisons  suivantes : 
 1°  Elle  est  en  contradiction  avec  le  principe  4 ;   elle  introduit  trop  d’hypothèses  et  
 de  subjectivité; 
 2o  Elle  va  au  delà  des  faits;  car  la  végétation  est  sans  cesse  modifiée  par  l’évolution  
 de  l’association,  de  sorte  qu’il  n’y  a  plus  d’unité  de  station. 
 Il  sera  commode  souvent  et  conforme  aux  besoins  de  la  nomenclature  des  unités  biologiques  
 de  grouper  les  formations  suivant  leurs  caractères  écologiques,  en  formations  de  
 mésophytes,  de  xérophytes,  d’halophytes  et  d’hydrophytes.  W a rm in g   a  distingué  ainsi  
 treize  groupes  ou  classes  écologiques  de  formations  que  l’on  adopte  utilement,  suivant  les  
 besoins.  On  pourra  sans  inconvénients  introduire  la  notion  de  sous-formations,  quand  cela  
 semblera  conforme  aux  faits. 
 Il  sera  également  favorable  aux  progrès  de  la  science  de  distinguer  les  formations  
 naturelles  ou  primitives  et  les  formations  consécutives  ou  culturales,  comme  le  propose  
 G a n o n g   (1902-1903). 
 A  cette  occasion,  il  faut  insister  sur  ce  fait  que  la  nomenclature  des  faits  écologiques  
 demeure  en  dehors  de  cette  discussion  relative  à  la  nomenclature  des  formations.  Le  
 vulgaire  n’a  pas  distingué  par  des  mots  les  faits  écologiques ;  il  n’a  pas  cru  devoir  distinguer  
 les  catégories  écologiques  d’hydrophytes,  xérophytes,  mésophytes,  etc.  Nous  gardons  
 donc  toute  liberté  d’action  pour  exprimer  ces  faits  de  la  manière  la  plus  opportune.  D ’ailleurs, 
   les  faits  écologiques  peuvent  être  exprimés  d’une  manière  précise,  à  la  condition  qu’on  
 ne  veuille  pas  pousser  trop  loin  l ’analyse. 
 Bien  des  manières  ont  été  proposées.  11  ne  semble  pas  qu’il  faille  prétendre  imposer  
 telle  ou  telle  forme  d’expression.  Ces  sortes  de  choses  sont  plus  ou  moins  liées  au  génie  
 propre  de  chaque  langue  et  à  ses  possibilités  d’expression  et  de  formation  des  mots.  On  
 pourrait  seulement  exposer  un  jour  et  mettre  en  parallèle  les  meilleurs  exemples  qui  ont  été  
 développés  depuis  S c h o u w   (1822)  jusqu’à  nos  jours,  dans  le  but  de  renseigner  sur  ces  
 procédés  les  débutants  qui  n’auraient  pas  entre  les  mains  tous  les  éléments  de  la  
 bibliographie. 
 Quant  aux  groupements  d’ensemble,  aux  groupements  généraux  des  formations,  nous  
 ne  songeons  pas  à  en  proposer  un  système  définitif,  malgré  l’avis  de  W a r b u r g   (1900). 
 Conformément  aux  propositions  de  G r a dm a n n ,   nous  ne  pensons  pas  qu’il  convienne  
 de  proposer  un  groupement  général  des  formations  en  unités  supérieures,  qui  auraient  tou jours  
 un  caractère  plus  ou  moins  arbitraire  et   forceraient  souvent  à  séparer  ce  qui  est  uni  
 par  la  nature  {Englers  bot.  Jahrb.,  Beiblatt  99,  1909).  On  examinera  avec  intérêt  sur  ce  point  
 l’exemple  fourni  par  le  H o c h m o o r   (loe.  cit.  p.  92).  Le  récent  ouvrage  de W a rm in g   (Oecology  
 of  plants,  1909)  renferme  un  essai  remarquable  de  groupement  des  formations,  
 d’après  des  considérations  à  la  fois  écologiques  et  physionomiques,  qui  permettra  à  chacun  
 de  s ’orienter. 
 Association.— La  notion  d’Association,  introduite  dès  1801  par  Al.  de  H u m b l o d t ,   
 appliquée  par  A.  P.  d e   C a n d o l l e   (1820),  précisée  par  M e y e n   (Grundriss,  1836,  p.  15),  a  
 été  aussi  plus  nettement  définie  depuis  quelques  années.  On  es t   d’accord,  en  général,  pour  
 voir,  dans  une  Association,  un  groupement  de  composition  floristique  définie,  subordonné  à  
 une  formation  (W a rm in g ,   Oecology,  1909,  p.  145). 
 De  la  composition  floristique  définie,  que nous  considérons  comme  une  condition  es sentielle  
 de  l’Association  (Ke rn e r ,   H u i t ,   B e c k ,   D r u d e ,   E n g l e r ,   S t e b l e r   et  S c h r ö t e r ,   
 et  surtout  B r o c km a n n )   il  résulte  que,  dans  des  situations  géographiques  différentes,  des