Nous n’avons, depuis cette époque, laissé échapper aucune occasion d’inculquer à
la population, et spécialement à la jeunesse, le culte de la nature, le respect des arbres et
des fleurs.
11 y a quatre ans, nous avons fait une expérience sur les résultats de laquelle on émettait
les opinions les plus pessimistes et qui a réussi au delà de nos espérances. Nous avons
organisé une fête, consistant dans la plantation, par les élèves des écoles communales, de
quelques centaines d’arbustes dans une grande plaine de la ville. Chaque enfant avait un
arbre numéroté et était préposé à sa conservation. Cette plaine est située dans le quartier
le plus populeux, le plus pauvre de la ville, toutes les déprédiatioin s étaient à craindre. Rien
lie s ’est passé! Les arbres ont poussé et ont été respectés; de nombreux oiseaux y
gazouillent; la plaine sert de plaine de jeux aux enfants; les vieillards y viennent respirer
l’air, qui manque dans leur demeure exiguë. L’expérience est concluante!
Les préaux de la plupart de nos écoles sont garnis d’arbres; les fenêtres de nombreuses
classes sont ornées de pots de fleurs, confiés aux soins des élèves, sous la surveillance
de leurs institutrices. Dans bien des écoles, le long des galeries qui entourent les
cours, règne un cordon de corbeilles de fleurs du plus réjouissant effet.
Des arbres ont été plantés dans les rues qui le permettent, des squares ont été
établis; les places publiques, même les plus petites, ont été ornées de verdure. Les monuments
publics reçoivent leur décoration florale.
L’éducation du peuple, fort difficile à faire, commence à se former; nous avons
grand espoir dans l ’avenir.
Notr e ville entre, en ce moment, dans une période de grandes transformations. La
disparition prochaine du carcan fortifié qui nous étouffe et dans lequel de nombreuses
brèches sont déjà pratiquées, va permettre à la ville de s ’épanouir. De larges boulevards
sont tracés qui mettront l’agglomération en relations faciles avec la banlieue. Des projets
grandioses ont vu le jour; l’un d’eux est déjà réalisé en partie.
Depuis de nombreuses années, nous reconnaissons la nécessité d’avoir, près de la
ville, un ou deux grands parcs, où la population pût venir prendre ses ébats et faire provision
de bon air.
Or, notre administration vient de faire l’acquisition de quelques propriétés, bien
arborées, et qui constituent le premier de ces parcs. Votre c o l l è g u e , M. Charles de Bosschere
en a fait la description ,dans une brochure très intéressante qui vient de vous être remise.
Cette vaste étendue de terrain comprendra une partie qui sera le parc public, entouré
d’une autre, que nous dénommons le parc habité, peuplé de villas construites suivant les
plans déterminés par notre administration.
Notr e intention est de créer, dans le parc public, un nouveau Jardin botanique, destiné
à remplacer celui qui existe en pleine ville, qui est trop exigu et ne peut guère servir qu’à
l’enseignement de quelques élèves qui suivent le cours qu’on y donne.
Il est question également de construire un Musée, contenant tous les échantillons de
bois, ainsi que les produits coloniaux ; les uns et les autres font ici Dobjet d’un important commerce.
En établissant ce Musée, dans lequel les collections se renouvelleraient et se compléteraient
au fur et à mesure des besoins, en y adjoignant un musée de documentation, nous
sommes convaincus que nous aurons réalisé u n e oeuvre d’une utilité incontestable pour le
commerce et l’industrie,
iLi<
Je ne doute pas que ce projet n’obtienne votre complète approbation. S’il se réalise,
comme je l ’espère, nous pourrons, à votre prochaine visite, constater que si notre ville,
pendant de longues années, a été assez arriérée au point de vue botanique, elle a regagné
te temps perdu.
Permettez-moi, Mesdames et Messieurs, en terminant, de vous offrir le vin d’honneur,
à la réussite de votre Congrès.
Je bois à vous tous, au succès complet du 3'ne Congrès International de Botanique.
J'espère que vous conserverez bon souvenir de votre visite à Anvers et souhaite que
vous éprouviez le désir d’y revenir.
M. le Prof. Ch. Flahaul t (Montpel lier, France) , un des prés idents du
Congrès , en une improvisat ion cha rmante , remercie M- le repré s entant de
Ville d’Anvers de l’aimahle récept ion qu ’il nous a réservée.
M. V. Desguin fait circuler le vin d ’honneur.
La t rave r sé e de l’Escaut se fit en ba te au et le déjeuner servi au
Kursaal (Tête de Flandre) permi t aux congressistes de jouir pendant ce
repos d ’un des plus beaux panora|mas mari times.
L’après-midi fut consacrée à la visite sommai re des quais sous la
condui te aimable de M. l’ingénieur De Winte r et, à 4 heures, MM. les délégués
de la C'e Red Star Line, après avoir fait visiter un de leurs ba te aux
t ransat lant iques , pr ièrent les congress istes d’accepter une tasse de thé
dans le g r an d salon de leur steamer .
Aux souhai ts de bienvenue adres sés pa r M. St rasser , ce fut le Prof.
M. Ch. Flahaul t qui répondit .
Et l’on se sépara enchanté de cet te journée déjà bien remplie, mais
qui, pour beaucoup, n’était pas encore sati sfaisante .
MM. De Winte r et De Bosschere se mi rent d’ailleurs avec plaisir à
leur disposit ion pour cont inuer les visites : du Parc, du Por t , des Musées
et d’aut res curiosités de la Ville.
Qu ’ils reçoivent encore ici tous nos remerciements.
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Soirée du 21 Mai 1910
Le Comi té d’organisat ion du Congrès avait invité les congressis tes
à une soirée spéciale de cinématographie congolaise, où devai t défiler
devant les yeux des specta teur s to u t e une série de vues de la colonie.