3° Tout travail floristique relatif à un territoire assez étendu acquiert une importance
particulière si son auteur ne néglige pas le point de vue géographique.
Pour ces diverses raisons, il faut souhaiter que les travaux phytogéographiques et
les flores intéressant un territoire un peu étendu soient toujours accompagnées d’une carte.
Applications. — Il faut, évidemment, que l’effort soit en rapport avec le résultat
cherché; il est hors de propos de dresser une carte à grande échelle pour un pays très
homogène et ne comportant pas de détails. Par contre, il est essentiel de ne pas demander
à une carte d’exprimer tous les faits dont il peut être question à son sujet; il faut
que la carte soit toujours claire.
On aura soin, par conséquent, de ne pas la surcharger à la fois de couleurs, de
signes et de lignes entrecroisées, de noms et d’indications écrites.
Un procédé simple permet de multiplier les renseignements quand il le faut. Il
consiste à superposer à une carte servant de base et qu’on ne peut charger, une ou plusieurs
cartes tirées en noir ou en couleur uniforme sur papier transparent (Leiningen,
1907). A une carte géologique servant de base, on peut ajouter, par exemple, sur papier
transparent, une carte qui mette en relief l’influence des conditions édaphiques, etc., ou
inversement, superposer à une carte phytogéographique détaillée en couleur une carte
schématique sur papier transparent, figurant les faits les plus importants de la Géologie.
Ces cartes superposées peuvent aussi porter des inscriptions qui chargeraient trop la
carte servant de base.
Grâce à des procédés de ce genre, on peut prétendre exprimer clairement les faits
phytogéographiques dans leurs rapports avec les autres éléments géographiques, le sol,
le climat, la géographie économique, etc. Si on se propose de figurer des faits simples,
on peut presque toujours les exprimer par des cartes schématiques tirées à leur place dans
le texte (F. T e s s i e r ) . La lecture s ’en trouve facilitée et les cartes sont dégagées d’autant;
mais il faut éviter de réduire ces schémas au point qu’ils ne soient plus assez lisibles ni
précis.
Pour assurer à l’expression des faits le plus de clarté possible, il convient de donner
le plus grand soin au choix des cartes. Dans chaque pays, il faut adopter celles qui expriment
les faits topographiques de la manière la plus claire. Par malheur, les bonnes cartes
topographiques manquent dans certains pays où la publication de cartes officielles a commencé
il y a longtemps. Pour assurer l’homogéné ité d’une oeuvre, on en a assuré la médiocrité
en renonçant à suivre les progrès énormes de la technique.
Il y a lieu d’adopter les cartes les moins chargées de détails sans rapport avec le
but que l’on poursuit, de détails inutiles et, par conséquent, nuisibles. Dans les cartes à
petite échelle, on supprimera avec avantage toute configuration orographique pour
laisser à la carte son maximum de limpidité.
L’indication des différences de niveau par les courbes est toujours supérieure à
l’emploi des hachures.
Si les pentes sont marquées par des courbes relevées de teintes de fond destinées à
en augmenter l’effet, on se trouvera bien d’opérer sur des tirages où l’on ait supprimé ces
teintes de fond.
Il sera excellent aussi d’obtenir des services topographiques des tirages à part du
tracé topographique en teintes atténuées, en brun ou en bistre, par exemple, plutôt qu’en
noir.
Emploi dtes couleurs, signes et lettres. — L’emploi des couleurs procure des ressources
à peu près illimitées pour l’expression des faits géographiques. Gn nous permettra de
formuler quelques recommandations générales au sujet de leur emploi.
Il ne faut pas songer à réaliser et à adopter une gamme générale de couleurs et de
teintes applicable aux faits phytogéographiques . Les géologue s ont été obligés de briser
depuis longtemps le cadre dans lequel ils s ’étaient enfermés, dans un but louable de logique.
Les faits que les phytogéographes peuvent avoir à exprimer présentant une variété infinie, il
serait impossible que Ton acceptât des contraintes et des entraves qui limiteraient les
possibilités d’expression, au grand détriment de la clarté e t de l’économie dans tous les cas
particuliers. Il semble donc nécessaire de renoncer à tout effort d’établissement d’une gamme
universelle; il semble qu’il faille considérer indépendamment les formations tropicales et
subtropicales d’une part, les formations des régions tempérées et froides d’autre part
(A. E n g l e r , dont les « Signa » devraient être reconnus comme base par le Congrès).
Il paraît donc impossible de formuler des principes généraux applicables aux cartes
à grande échelle, en raison de la difficulté d’appliquer un système uniforme; mais on peut
formuler, sur ce point de méthode, quelques idées générales.
Il paraît souhaitable que, pour un pays donné et suivant les faits que la carte est
destinée à exprimer, les teintes principales au moins aient quelque rapport aux faits ou
aux objets dont ils sont l’expression. Gn peut ainsi adopter les teintes jaunes pour les
formations xérophiles, chaudes ou froides (D r u d e , B e r g h a u s Atlas), les bleues pour les
formations hygrophiles (D r u d e in N e u m a y e r ) , les teintes terreuses pour les formations
désertiques, le blanc pour les formations halophiles, littorales ou non (E n g l e r ) , les verts,
violets et bruns pour les prairies et les forê ts ; les verts les plus clairs paraissent devoir
s ’appliquer le mieux aux prairies, les verts foncés aux forêts de feuillus, les violets aux
Conifères. Gn exprimerait par des teintes rouges ou roses les formations alpines ou polaires
(D r u d e , B e r g h a u s , F l a h a u l t 1896, E n g l e r ) , les associations du Rhododendron, du
Calluna, etc.
Dans un même groupe naturel, les formations ouvertes ou interrompues seraient
exprimées par des teintes plus claires que les formations fermées ou pleines leur ressemblant
le plus, dont elles semblent dériver. La dérivation des cultures par rapport aux fo r mations
primitives dont elles sont issues peut être exprimée par les teintes mêmes
(D r u d e ) .
Quelques précautions sont utiles au sujet de l’emploi des couleurs.
lo II faut se garder de voiler le tracé topographique et la lettre par des détails
trop nombreux (signes ou lettres), par des couleurs trop montées ou sans transparence.
Il faut, au contraire, s ’ingénier à combiner les teintes de manière à faire ressortir le relief
topographique.
2o Gn réalise de grandes économies en cherchant à combiner les couleurs de
manière à multiplier les teintes avec le minimum de tirages (F l a h a u l t 1896). :f4