
 
		Ces  deux  qualités,  aidées  par  une  grande  justesse  dans  
 l’esprit  et  par  une  vaste  érudition,  ont  donné  aux  travaux  
 de ce grand homme un caractère qu’on  chercherait  en vain  
 dans  ceux  des autres  naturalistes  de  notre, .siècle. 
 La  curiosité  de  son  esprit  lui  fait  porter  le  scalpel  dans  
 les  nombreux  animaux  dont  l’organisation  était  eheqfe ù  
 étudier;  sa  patience  dans  les  observations  apporte  tant  
 d’exactitude  dans  la  connaissance  des  faits ,  que  par  ce  
 premier  travail  la  classe des Vers sort,  on  peut le  dire,  du  
 chaos. jPoursuivafit ses premièfèÊ recherches, il; publie èeïtç  
 suite  de  Mémoires  admirables; pour  feéfvir  à  l’histoire  na-  
 turelle  dés  Mollusques;  ils  sont  des  modèles  de  Critique  
 littéraire,  de précision  dans les  descriptions,  èt  de sagacité  
 dans  1 art  de  choisir  et  de  présenter  deS|  caractères  zoolo-  
 giques. 
 Son génie se montre encore av^c plus de supériorité  dans  
 son  ouvrage  immortel  sur  les  recherches des  osstemeiis  fossiles  
 des  animaux  perdus, 
 M. Cuvier avait étudié les  êtres  qui  animent  et  oénefït la  
 surface actuelle  de notre  globe. 
 Il  en  avait fait connaître  Inorganisation  si  variée isoUs  le  
 titre  trop  modeste  de  Leeona d’anatomie  comqparée» ; 
 Il  les  avait distribues  suivant  un  ordre méthodique dans  
 un  ouvrage  devenu  classique  dû  moment  même  de  sa  
 publication.. Mais  ce  n’était  pas  assez  pour  unijesprit  qui  
 veut  forcer  la  nature  à  révéler ses  secrets  les  plus  intimes, 
 M.  Cuvier  remonte  au-delà  des  âges  que  les  traditions  
 les  plus  anciennes  accordent  aux  hommes  de connaître;  il 
 s’élève  au-dessus  de  notre  planète,  voit  la  terre  peuplee  
 d’espèces  qu’il recrée,  et  en  fait  connaître  les  formes  avec  
 autant de certitude,  comme il le dit lui-même,  que s’il avait  
 vu  les  animaux  dans  nos  ménageries; , il  pénètre  dans  les  
 profondentf s des immenses océans et y  voit nager ces énormes  
 reptiles  marins  dont  nous  ae  retrouvons  que  des  débris  
 épars. 
 Pour arriver à ce. degré  de certitude dans  la connaissance  
 dcS  animaux  perdus, M.  Cuvier  est  obligé  de  faire sur  les  
 espèces vivantes qu’il  compare aux espèces antédiluviennes ;.  
 des  observations  qui montrent  son  immense  savoir 1,  et  la  
 justesSe?dfe  son esprit dans l’art de  la  critique.  Son  ouvrage  
 devient une source féconde d’instruction pour le zoologue et  
 pour  l’anatomiste. 
 Ses  discussions  critiques  et  littéraires  sur  les  animaux  
 connus  des  anciens  complètent  f  histoire  naturelle  de  plusieurs  
 espèces, commencée par Buffon ; il esquisse le tableau  
 de l’histoire  de plusieurs  autres,  découvertes depuis la mort  
 de  son  prédécesseur  et  de  son  rival  de  gloire;  Ses  descriptions  
 ostéologiques, pleines de faits aussi neufs que curieux,  
 commencent une osteologie comparée inconnue avant lui. 
 Iæ  discours  préliminaire  de  cet  ouvrage,  devenu  lui-  
 même  distinct  et  séparé,  et  qu’on  lit  traduit  dans  toutes  
 les  langues  vivantes  de  l’Europe,  est* rempli  de  principes  
 aussi  justes  qu’admirables  sur  lifts  perpétuités  des  especes,  
 sur  les variations accidentelles  qui  peuvent survenir  a  certaines  
 d’entre  elles  :  ils  serviront  toujours  de  guide  a  ceux  
 des naturalistes qui,  ne  se  laissant pas  entraîner par  l’ima