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Cérès, nous apprend qu’à là même dpoqueon publia les PoéfieS
de Mufée ,c e Difciple d’Orphée dont les chants fe rapportoient à
ces myfteres : il s’étoit donc écoulé déjà un long efpace de tems
depuis l’invention de l’agriculture , puifque les Athéniens étoient
en état d’être initiés aux myfteres de Cérès, & de faifir le prix des
poéfies fublimes où l’on çélèbroit ces myfteres.
Convenons donc que ce Chroniqueur a tout brouillé ? foit par
vanité nationale , foit plutôt par ignorance & faute d’une critique
fuffifante pour juger d’anciennes traditions dont ilnepouyoitfaifïr
l’enfemble i.& encore moins les comparer les unes avec les autres.
Mais foyons plus raisonnables, ôc parce que des erreurs
font tracées fur des marbres refpeftables par les vérités quils
contiennent, ne les envifageons pas moins comme des erreurs;
& n’ayons pas moins le courage de les apprécier à leur juftç
valeur : affurés que la vérité feule conftitue le lavoir , & que
tout faux favoir n’cft qu’une rouille qui ronge la vérité, Ôcqui n’en
prend la place que pour enraciner des préjugés ôc des erreurs de
toute efpece.
T h é s é e , SC fondation d Athènes.
Les habitans de l’Attique , fous le nom d’ioniens, formoient
un Corps de XII Tribus, ainfi que les Ioniens d’Afie -, ÔC ces Tribus
avoient chacune leurs intérêts & leur Gouvernement à part,
iorfqu’enfin T hésée parut, ce Prince illuftre par lequel Plutarque
ouvre fa Gallerie des Grands Hommes : mais le croira-t-on ?
Athènes n’exiftoit pas encore, quoique le Chroniqueur nous entretienne
de fon exiftence depuis-deux fiécles ôc demi : nous pouvons
nous en rapporter à Plutarque.
» Théfée, nous dit-il, entreprit après la mort de fôn peré
• E gée, une chofe trës-mcrveilieufe : il affembla en une Cité, ôc
réuniç
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» réunit en un Corps de Villedes habitans de toute l’Attique , aü-
» paravant* difperfés en plùfleurs bourgs, ôc qu’on ne pouvoit a£
fêmbler que difficilement. Théfée allant'de communauté en
» 'communauté',me famille eh famille^, ne négligeâ rien pour leur
»faire comprendre quels grands avantages ils retireroient d’une
» réunion en un chef-lieu qù ils jouiroierit tous de la même au-
*»:lorité, ôc au moyeii duquel ils fêroient infiniment plus affurés
» de cpnferver leurs propriétés ,,leurs rleheffes , leur fureté ôc
» liberté perfonnelles^Il fit donc démolir toutes les dalles ôc hô-«
»* tels.de juffice ôc d’affe mblée '• deffinés au,gouvernement' de . cha^
*» que canton de l’Attique, ôc il n’ÿ eut plus qq’un lieu d’affe n£
h bléè général ôt un feul Gonfeil au lieùfpù eft maintenantob?
- ferve le même P lu tarqu e la Cité que les Athéniens appel-
» lent AJly i mais il nomma le Corps de là Ville enfemble ,
• Athènes y».
Athènes Ôc fa Cité ou Afty n’exiftoient donë pas avant Théfée,
puifque cette réunion fut fon ouvrage, puifque lui-même donna
le nom d’Athènes à fa nouvelle ville. Le Chroniqueur qui nous
parle d’Athènes depuis deux fiècles ôc demi s’eft donc mépris;,'quel-
le qu-en foit la raifon.
| Ce n’eft point non plus Amphiètyon qui a établi les Panathénées
: c’efl: encore l’ouvrage de Théfée félon Plutarque, car il
ajoute, que Théfée inftitua la fête commune à tous les habitans
de l’Attique fous le nom de Pan-A thènées , ôc qu’il, diyifa les
Athéniens eu diverfes claffes.
: Il confia aux Nobles, dit-il, la conaoiffance ôc l’adminift ration
de tout ce qui étoit relatif au fervice des Dieux ôc aux Loix ou à
la Juffice j réunifiant ainfi en eux toutes les charges tant civiles
que religieufes ou facrées : il ajoute qu après eux venpientles Ar-
tifaris ôc enfuite les Laboureurs : ôc il obferve que l’honneur étoit
Orig. Grecq. a a