
clxx d i s c o u r s
que Muféç, qu’Eumolpe , chef des Eumolpidës d’Athènes qui
polTédoient dans leur famille la fouveraine Sacrificature.
Enfin, pour ne pas laifler perdre le nom d’Iorç , ils en ont fait
un defcendant de Xuthus ôc avec quelque raifon, puifque les Ioniens
de l’Attique ne s y établirent qu’en defcendant du Nord, ôc
par conféquent en’venant du pays de Ketim ou Xuthus , ainfi que
les Àchéens ou habitans des rivés du Golfe de Corinthe ; auffi ces
jderniers paflbient-ils pour freres des Ioniens.
Nous avons donc encore ici ôc des deux cotés , des traditions
généalogiques d’autant pius précieufes que les résultats en font
allez diflerens pour démontrer quelles font également originales :
& affez temblablos, pour qu’on ne puiffe méconnoitre qu elles
roulent fur ies mêmes faits,
§. I |
Idée qàon doit fsformer des Pélafges SC des Heîlenes,
Puifque Deucalion fut pere des Heîlenes, fit que de lui descendirent
toutes les Nations Pélafgiques ; puifqu Hellen eft le hàêm®
qu’Ion, on ne pourra plus foutèmx que les Heîlenes & les Pélafges
furent des Nations âbfolument différentes , ôc que celles-ci
furent exterminées par celles-là ; il en réfultera au contraire que
ces noms défignerent le même peuple ou partie du meme peuple
fous des afpeâs difiérens : e’eft ce que nous allons prouver t
commençons par les Pélafges > puifqu’on convient de part ôc d autre
que leur nom étoit plus ancien que celui des Heîlenes.
P é l a s g e s .
Les Pélasges furent donc les pofle fleurs de toute la contrée
qui s’étenaoit des rives du Danube julqu a la mer du Péloponèfe :
P R E L I M I N A I R E . clxxj
ils peuplèrent la Thaface , la G é t ie la Macédoine , rillyrié'ljf
l’Ep'ire, la Theflalie y ia Phocide, l’ Attiqué-, le .Péloponèfe.
Cultivateurs, ils remplirent ces contrées de villes célèbres ôc
d’une population immenfè : ils défrichèrent les terres æ abattirent
les forêts, diminuèrent ou continrent la malfe des eaux : bientôt
le pays ne fut pas capable de nourrir tous fes habifans : ils envoyèrent
donc au loin de nombreufes Colonies, dans l’ifle de Crête y
dans l’Etrurie, dans l’Italie Méridionale, pays où l’on vit des Pélafges
de très-bonne-héur e.
D ’autres traverferent le Danube > ôc portèrent au-delà.lè nom.
des Daces ôc des Gètes.
Frauchiffant la mer E gée, ils s’établirent dans les forêts de la
Melfie ; ôc les défrichant, ils y fondèrent une multitude de villeé
très-florilTantes fous le nom de Doriens, d’Eoliens, d’ioniens
Par qüfelle fatalité , ce qui'devoir faire la gloire des Pélalges ,
les a-raflait pafler pour un peuplé errant y vagabond*, fans arts ,
ôc fans fciences ? Parce qu’on les a vus par-tout, "bn a cru qu’ils
n’étoient fixés nulle part. Mais ce n’eft pas un peuplé* fauvase*
réduit aux produ&ians fpontanées de la terre , obligé de fe nourrir
de glands Ôc d’eau , fans arts , fans connoiflànçe, fans gouvernement
Ôc fans Ibix, qui peut couvrir la tëtfe d’habitàns, dé villes,
de m m | tout ce qu’on nous dit à cet égard font donc des
déclamations défordonnées d’Ecri vains qui nont jamais réfléchi
fur ces objets j ôc qui éblouis par quelques arts de luxe,,apportés
dans la Grèce par des étrangers, s'imaginèrent qu’avant cette
époque les Grecs étoient des barbares dénués de tout, ôc cependant
remplifiant la ferre de leur poflédté. C’etf ainfi que lorfqü’on
yemtécrité l’H iMre fans principe, onîé&ôuvé n’avoir fkit qu’un
Roman..
La population fut toujours en raifon inverfe des befoins : pary
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