
viij D I s C O V R S
contente de l’admirer dè loin : qu’on ait prefque honte d’en avoir
quelqu idée ; commentas eft-ii élevé, dans notre Nation fur-tout,
un fi grand abîme entr elle & l’homme de goût ?
Au renouvellement des Sciences , chacun ffe livra avec ardeur
à la connoiffance du grec : elle fut portée en Europe par-des
Grecs : ils fe plurent à répandre leur Langue : on fe plut à les
écouter dans toutes les Villes où l’on avoir du goût pour les
Sciences : François I. favorifa ce goût avec ardeur : la France fut
remplie de livres Grecs & de gens habiles à les entendre. Ce goût
fe maintint; il devint à la mode : les Belles, qui font tout ce qu’elles
veulent, voulurent elles-mêmes étudier cette Langue ; la pédanterie
s’en mêla, ce Sexe fut moins aimable. Molière, ce
génie focile & heureux, qui avança fi fort au milieu de nous l'empire
du goût, fentit la force de l’abus : employant l’arme du ridicule
, la plus terrible dans la fociété, il frappa d’anathême l’étude
de cette Langue : chacun eut peur dé reffembler au fot qu’on cm-
braffoit plus fortement encore pour l'amour du Grec.
Tel eft l’homme, il fe jette toujours dans les extrêmes : d’un
goût défordonné pour le Grec, on paffa tout d’un coup H ’indiffé-
rence la plus grande.' Certainement , aimables Ftançois, Savans
de tous pays, vous avez tout à perdre à la pédanterie, à un favoir
pefant & mauffade , à une ftérile connoiffance de mots : notre
Pocte Comique fit bien de frapper fur ce ridicule, deftru&eur de
la vraie Science : mais ne confondez point avec ce défàut ; la
vraie & folide connoiffance des Langues ; ces Langues confidé-
rées comme moyende s’inftruire^ avec 1 inftruêtion elle-même : ce
feroit imiter une perfonnç. qui apiafferoit fans ceffe de 1 or pour
en ufer , & qui n’en uferoit* jamais : ou celui qui fe prépareroit
chaque jour pûûr des voyages lointains, êc qui ne fe mettroit
jamais en chemin.
Avouons
♦
P R E L I M I N A I R E ,
Avouons cepen'dant.quekçs ^âufes majeures fav.orifenr.ee
gnetnent pour la La^ùe grecque : & qu’on nc faUxoiç en
fiex le goût fans les faire difp^foîfr'é.» -
îx
r lorrainem
v.
■ Moyens de^cilh&'j'è.tiMe du-Grec.
, IUS Cffentieile ca^fes qui forit négliger l'étude du Grec;
c eft fans contredit le- man3ne.de moyens pour l ’apprendre en
peu de tems & d’une maniéré fialisfaifante | i l eft fifiur d’être condamné
à nappçqndre que des.rn.ots : il eft fi difficile de fe fouvenîr
de mots dont on ne Voit jamais la ra|fon^il eft fi fâcheux d’être
obligé de Dÿerderems^ pl$? agréable de la v ie ,> l ’étude de
xegles barbarês, & qui ne paroîffent que i effet du^aprffil L ’étu-
de-du Latin em^one elle-même ùntems’filong.,, fifaftidieux- froùÈ
trouver celui qu’exig,feroit un travail de la même nature poui: ht
Langue'Grefequfe ?
On a raifon fausdoute: & tandis qu’on ne'remédieroitpas à ces-
P mntes feroit inutile d’exhorter les Jeunes Gens à l’étude du
Grec : ils ont déjà affez de leur tâche, fans les excéder d une nou-
velle. *• .
i|fcms latrons fenti d’autant plusvivement que no’usavonspaffit
no*mêmes jçar tous ces ^ a ft . & quÿs nous un,
poids prefquùTîfupportable' : mais nôus roidiffant Centre les difficultés
, nous n’avons rien négligé pour lallégfett le volume que
nous mettons ici fous les y eux du Public, tend à le diminuer 1©
plus qu’il n o fla été poffible.
Les. Mots Grecs y^fônt - ratqen^ à leur véritable four c e , &
cette fource n'eftni éloignée n idM ile à faàfir. Ce font prefque
^ “ êmes motsradicaux, les mêmes monofyilabes qui