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contre avec lu i , foitlorfqu'il ne penfe pas de même-; nous n’efl
donnerons donc ici qu’une légère idée. Il recronnoît avec Bochart,'
& comme Freret, jE/ÿâ pour chef des habitans du Fëtppqç|^fe •
Tharfîs fu t, félon lu i, le pere des Crétois ; Ceitirn, celuides Ma-*
cédoniens ôc de l’Italie méridionale ou de la grande Grèce;, quant
à Dodanim , il y reçonnoît Dodone, ôc il en fait fortir les Peuples
de l’Epire. Ce font les vrais.Pélafges, dit-il, peuple vagabond;
& bien nommé , puifque D od , fuivant Bochart, lignifie en Hébreu
, vie errante ; & que telle fut la caufe du nom dp la célèbre
Pidon, comme on lit dans le grand Etymologique. Grec.
Enfin, il voit les Tfiraces dans Thfias dernier fils de Japhetj
E É S Ü t T A T S N U L S ,
Il n’eft aucun de nos Lecleurs qui n’ait fentiëâ parcburant ces
direrfes opinions , combien elles font infuffifantes ou nulles
pour éclaircir les grandes queftions qu’on y difcute ; que leurs
Auteurs fe font attachés à;des objets en fous-ordre, au lieu de
traiter la queftion dans fes principes & dans fes fondemens : que
les uns ayant craint de remonter à la première origine des Pélaf-
ges ou des Grecs, fe font réduits à des généralités vagues qui ne
prouvent riep , qui n’éclairciffent rien : que ceux qüi-ôhteu le
courage de remonter plus haut ôc de s’aider de Moyfo 5 n’onr retiré
prefqu aucun fruit dë leur courage & de ces rapports, parce
qu’ils n’ont pu réfoudre les difficultés qu’ils ont rencontrées en
leur chemin : que tous ont échoué, parce qu ils Ont tous été dans
l’erreur aufujet de Deucalion dont ils n’ont pu découvrir Tori-,
gine, ôc qu’ils ont tous cru être un perfonnage né dans la Grèce y
long-tems après qu’elle eût été peuplée, Ôc chef des Hellènes
ennemis des Félafges ; enforte qu’ils ont foé] réduits à raflemMet
quelques
P R E L I M P JV A I R E. Cxlv
quelques faits épars;dont ils n’ont pu Faire un tout, & a perdre
leurs peines, miféxablemetit à un paflage vague qui, eût-il été parfaitement
clair , devenoit l ’obfcurité même dès qu’on s’étoit
égaré relativement aux faits auxquels il fe rapporte, ôc qui ne
peint d’ailleurs que l’opinion d’un Hiftorîen qui navoit lui-même
aucune des. çonnoiffances nécefiaires pour difcuçer un fait de cette
nature. Aufli.quë réfulte-t-il de tant de recherches, de tant de
difouffions ? Rieç|,., abfofument rien, qu’un cahos de contradictions
& d’incertitudes de toute cfpèce , ; fans aucune lumière qui
puiflq fairecfgéretjde les diffipec.
Qn veut nous apprendre l’origine des Pélafges : on ne fait
(Fou ils ..tiennent.-,Qn cherche quelle différence il y eut entr eux
Ai les^Hellenes t ôc on ne fait que çrqiçq. Les uns difent que ce
f in i deux Nations étrangères l’une à l ’autre, & dont l’une extermina
l’autre : les autres aflurent qu’il n’en eft rien f ôc que le nom
d’Hellenes ne fut qu’un changement de nom dans quelques Nations
Pélafgiquës. Tous s’étâÿent d’un paflage d’Hérodotë, ôc ce
paflage eft une énigme où chacun voit tout ce qu’il veut. Tous
parlent de Deucalion comme chéf des Hellenes, & il eft pour
eux nn homme tombé des nues, fans qu’on fe mette en peine de
fon origine ; encore moins -, comment il fe trouve dans la Grèce
au milieu des Pélafges. Quelques-uns, en petit nombre , ont le
courage de remonter jufquë? à Moyfo ; mais ils fe perdent bientôt
dans un labyrinthe dont ils.ne peuvent fortir, manque d’un fil
quLleaconduife furement ; s’ils^oonnoifient Elifa ôc fes dsfeen-
dans dans l’Etide ou le PélqppnèÇe ,. ôc Kethim dans la Macédoine;
Us ne favent où prendre Dodanim ôc Tharfis ; bien moins encore
s’en fervir pour débrouiller l’hiftoire de Deucalion , ôc celle
fie fes enfans, pour démêler les Pélafges des Hellenes ; ainfi la
Orig. Grecq. t