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Ces mots cependant jufques iei "av oient toujours été regardés
comme ifolés ; jamais on n’avoit foupqonné qu’ils enflent la même
ongine,vqu’ils ne fiflent qu’une feule ôc même famille : ôc dès-
lors f comment pouvoit'On parvenir I leur étymologie*?^ '
Souvent, à la vérité, le fens phyfique des'motsGrecs adifpà-
ru , ou a été méconnu ; le fens figuré1 sfétoie feul maintenu. Mais
d'ans ceïroecafions, nous avons toujours eüïoii* de reftituer le
fens phyfique ou propre , par le moyen de' la racine primitive :
c’eft un avantage qui devoir fe trouver néceflairement dans ce
Dictionnaire , & noüs efpérons qu’on en fentira tout le prix.
On- admirera fur-tout le choix exquis & délicat ayec lequel
ce Peuple'plein de goût adouciffoit lès idées l e s plus affligeantes
: c’eft ainfi qu’ils fùbftituoient a l’idée la plus lugubre, celle
de dette , de nuage. Nous l’appelions bien à la vérité une dette
mais c’eft en forme de eomparaifoa, & non comme nom propre*
5. X.
Avantages qui rcfultent pour ce Dictionnaire Grec et être traduit en
François.
Terminons ce long Difcours Préliminaire en nous juftifiant
d’avoir expliqué par la Langue Fr an ço i fe les mots d’un'e. Langue
qui jufques ici ont toujours été rendus par la Langue Latine:
les inconvéniens auxquels on remédie par ce moyen , & les
grands avantages qui en réfulteront pour l ’inUruélion publique
& particulière , nous vaudront certainement l’approbation gé-
- nérale.
Lorfqu’on compofe lés Dictionnaires Grecs en Latin , on fup-
pofe fans doute, ou que la Langue Latine eft plus propre que
toute autre à exprimer la valeur des. mots Grecs, ou qu’on ne
peut étudier le Grec qù’autant qu on eft verfé dans la Langue
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Latine ; que celle-çieft un chemin fansjeqüel on né peut parve-
nir 'à la corînoiflance de-oelle-là : mais .fi aucune de çes fuppo-
fitions n’eft jufte > fi les propositions contraires font feulè^Maies»
notre Méthode fera préférable à l’ancienne , ôc celle-ci devra
être réformée en-ce point. Afin que lâ Langue Latine pût fervir
d’intermédiaire entre le Grèc„& le François y il faudrait quelle
■ fût parfaitement entendue des Jeunes Gens auxquels-, on veut faire
apprendre j e Grec, & que- lesWtsLatins fe prêtaffent toujours
de la maniéré la plus exacte & la plus claire à l’étendue des
imots Grecs : mais H efFtrl^rare que le Latin réûnilie ees avan-
. tagesi ■
; Premierementj c’eft un grand inconvénient de mettre les Jeu-
• nés Gens dans la néceffité de n’étudderle Grecxju’après avoir apprisse
Latin-: la vraie maniéré Rapprendre ces deux Langues eft
d’en menerTétude de.front, fi même le Grec n’avoit la préférence,,
Ce ne font point des paradoxes qu’on?'avance ïièi ; ce n’eft'
point le goût pour le merveilleux ou poux ^extraordinaire; qui
nous dirigée n ceci ; mais le vrai feul.
Ce n’eft que dansja jeunefîe qu’on peut fe ployer facilement à
l ’étude des Langues : & on apprend à cet âge aulfi aifément les
„principes de deux que ceux d’une feule : le Grec d’ailleurs cbrfhe
une très-grande facilité pour entendre les Auteurs Latins, .tous
imitateurs des Grecs, tandis que l’étude du Latin facilite
jfeu la connoiflance du Gfec :J|))i?faît-d’aiileurs quelorfqu’il s’agit
de former le goût, il faut sadrefler dkeétement aux originaux >
de préférence à la copie. Tous-ces avantages font perdus lorfqu’on
ne fait du Grec que facceffoire , & qu’il- eft entièrement '
fubûxpoiiiîé au Latin.
C’eft encore une vér}ft^inconteftable qUe les^pts, Latins par
lefquels on rend les mots Greçs ^font rarement égaux à çes mots