
Scvj D I S C O U R S
PARTIE TROISIEME.
D E L A L A N G U E
a r t i c l e p r e m i e r .
ï I.
L a n g u e s P i t a s g i q u s.
JP u i s que la Pélafgie s’étendoit depuis le Danube jufques à la
mer du Péloponèfe, & quelle fe divifa en pliïfieurs Nations, la
Langue primitive des Pélafges dut former fuGçeffivemènfe divers
Diàlè&es qui devinrent peu à peu autant do Langues différentes,
dont on ne connut plus l’origine, mais qui durent cependant con-
fervér entr’elles de très-grands rapports.
Ainfifeforma au midi, la Langue Grecque, qui entre les mains
d’un Peuple aêtif, fe'nfible» livré à -l’Eloquence, à la Poëfxe, aux
beaux Arts, acquit une harmonie , des richeffes & des grâces infinies.
/ , .
A l’occident, la Langue Illyrienne mere de celle des Slaves
où Efclavonnè parlée dans la Dalmatie , la Çarinthie, la Camion
le , la Pologne, la Ruffie, &c.
Au nord, celle des Getes ou des Goths qui forma-la Moefo-
Gothique.
Cette filiation fimple., vraie & lumineufe, prouve que le Grec ,
l ’Efclavon, le Gothique & le Mcefo-Gothique durent avoir entrée
ux des rapports très-étroits, mais qu aucune de ces quatre Lan-
P R É L I M I N A I R E . - edlîf
gués n’a été mere des autres. Quelque jour nous pourrons en-
trer dans un plus grand détail fur ces rapports qui ont- déjà été ap,
pérçus par divers Savans.* il exiie même un monument en Langue
Gothique du quatrième ou cinquième fiécle , qui eft très - pré-
oieux, même fous ce point de vue. Ce font les quatre Evangiles traduits
dans cetre Langue par ü l ph il a s Evêque des Goths, dont
parle S o cr a te dans fon Hiftoire Eccléfiaftique, & dont lemanuE
ent intitulé le Cayer d'argent, doit avoir été, félon le Savant M,
Ihre-, tranfent par-un de ces' Oftrogoths qui poffédererit pendant
quelque tems l ’Italie (i). .■
Ce Savant nous aporend que Pillufire S t ïe r n h îe lSî qui rafiem-
Ma en plufîeurs volumes lés rapports de toutes les Langues, trou-
voit une fi grande conformité entre le Grec & le Moefo-Gothique
, qu il regardoit celui-ci prefque comme uii-e Langue Grecque
, & qu il s’appuyoit suffi du témoignage d’Ovide (3).
Il obferve,également que les Langues Grecque & Latînè eu-
rent un fi grand rapport avec celle dés Goths, qu’on trouve dan»
celle-ci, des mots qui ont abfoiument vieilli dans celles-là : il en
rapporte entr’autres exemples celui-ci qui eft très - remarquable/
f eftus^dit que le mot Hett* défigne une chofe de peu de valeur *
mais c efl le W a lk t d’ülphilas, le tvm a des Lqix Oftrogothes, le
icettedes Mandons, desSueo-Gothiques , des Theutons (3 ).
* Ges Lanê'ues Gothique & Moefo- Gothique tiennent également:
a la Sueo-Gothique ou Suédoife, à 1 Iflandoife qui eft à peu près
la même ,à l’Anglo-Saxon, au Danois & à l’Anglois qui en forte
defeendusj au Hollandois ou Flamand,' au Théotifquè, à i’Allaman-
(1) lHRE,.DifFert. de Liriguï codicis Argentei,i7?4. p. if,
C) IhRe, Ipecimca prxftium Gioffarii Ulphilani, t7fc\ Prxfa*,
i i ) Speçimen fccundum-, p. 2,7, äpf