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tout ce qui a été dit au fujet de ce Tribunal ?
En effet, dans l’ifle de Calaurie , en face deTroezene, étoit
un Temple de Neptune, avec droit d’afyle, & oa fe raffembloient
fept Cités pour-veille* à leiyrs intérêts communs. Ces Cités
étoient Hermibn’e., Epidaure, Egine , Athèn.e | Prafies , Nauplie
êc Orchomene-Minyée. Elles avoient également formé un Con-
feil Souverain fous le nom d’Amphiâyons : dans-la fuite des tems
îes Argiens y députèrent conjointement avec les Naupliens ; ôc
les Lacédémoniens, avec les Prafiens. Le droit d’afyle qu’avoit
ce Temple fut également refpeâé pat les Macédoniens pendant
quils furent maîtres de la Grèce , & jamais ils n oferent en
arracher un fuppliant ; jamais les Satellites d’Antipater n oferent
y, faire violence à Démofthène (ï ).
Voilà donc, deux Tribunaux d’Amphi&yons ? Quel des deux
tira Ion nom direâement d’Amphiêtyon ? Et quelle certitude
avons-nous qu’un Prince de ce nom en fut le Fondateur, puif-
que les Grecs eux-mêmes n’en étoient pas affurés , & que plu-
fieurs' étoient perfuadés que c’étoit un mot compofé , & dans lequel
entroit la prépofition Amphi, qui lignifie au tour f. Ceux-ci
done voyoient bien ; mais ils furent hors d’état 4’analyfer ce mot
d’une maniéré fatisfaifante, parce qu’ils avoient perdu de vue le
Grec primitif.
T u , écrit à la latine T f , eft un mot primitif qui fignjfie voir J
confidérer, protéger ; qui produifit le latin Tu<?or,. In - T ueor ,
T ü -T u r , mots qui préfentent ces diverfes. idées , & le grec Ti-
Tufcoma.i l * la latine comai, qui préfente à-peu-p.rès les
mêmes idées. .
T y-On , Lignifie done néceffairement, celui qui obferve , qui
H Strab, X,|y.'yni. pag- iJA»
P R E L T M I N A 1 R E . dxxix
protège , & précédé $ Amphi, celui qin: protégé à l’entour.
Mais qu’eff-ce qû*il garantit ; l’élénientrC qui précédé Tyon ,
l ’indique de la maniéré la plus fenfible > c’eft l ’altération très-lé-
gere de Ge, qui fignifie la terre ; la contrée. Rétabliffez ce mot
dans fon état naturel, & vous aurez cette phrafe i
Amphi-Gé-Tu-On« , « ceux qui protègent le pays d’alentour>*
» ceux qui veillent fur les terres confédérées autour du Temple
» de Delphes »,
Le ferment prêté par les Amphi&yons lorfqu’ils étoient inftal-
lés dans cdtte dignité i s’accorde parfàitèmérit avec ce nom &
avec les fondions que nous leur avons attribuées. « Je jure, pro-
•mettoient-ils , félon Efchine, de ne jamais r en ver-fer aucune
» des villes honorées du droit d’Amphi&yonie, & de ne point dé*
» tourner fes eaux courantes, ni en tems de paix, ni en teins de
» guerre. Que fi quelque peuple venoit à faire une pareille entre-
" f>rife» jem'engage à porter , la, guerre en fon pays ; à rafer fes
u villes, Tes bourgs, fes villages.:., à le traiter en toutes chofes
» comme mon plus cruel ennemujS’il fe trouvoit aufli quelqu’hom-
» me affez impie pour ofer dérober les riches offrandes confer-
» vées à Delphes dans le Temple d’Apollon , ou. pour favprifer
» un pareil attentat, j’emplôyerai pieds , mains , vo ix, toutes
» mes forces, en un mot, pour tirer vengeance,de ce facrilége.
On accompagnoit ce ferment d’imprécatjbns contre ceux qui
le violer oient. « Si quelqu’un enfreint ce ferment, que ce foit un
»particulier, une ville, ou peuple, n’importe, qu’ils foient re-
» gardés comme exécrables : qu’ils éprouvent la vengeance d!A-
» pollon , de Diane, de Latone, & de Minerve prévoyante : que
» leur terre ne donne aucun fruie r que leurs. femmes & même
» leurs animaux ne produifent que des. mqnftrès ; que ces facrilé-
» ges perdent leurs procè?* qu’il? foient vaincus ;^ h s ,^ com