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ouqü'ils regardèrent comme leur étant: étrangères, ou co"mme ne
fe liant point avec ïes fyftêmèsV’^ s ’êiôient faits : ce qui nous *
prive de comparaifons trèsrprécieufes, fansr doute.
■ Souvent même ils ont confervé nombre de faits dont on ne fa?
voit point profiter, ôcquiétoient nuis pour nous ; nous enallons
donner quelques autres exemples relatifs au Déluge & 'aNoé^,
& qu’on fora bien étonné de retrouver ici ayant paffé jufqu’à
prêtent pour des fables abfurdes * ou pour des faits ineompréhèn-
fibles.
,1 §• I I I .
Du Témoignage ctRéfiode^lativement au Délugèi ■
M. F reret a dit, & ori l’a répété d’apres lui comme une vérï-
’té inconteftable,. que les( Grecs n’avoient aucune idée du Déluge
de N o é , & qu’Héfiode & Homère n’avoient pas même parîd^e
ielui.de Deucalion: il a même cherché, à prouver que ce Déluge
n’étpit qu’une inondation de quelque -petite contrée, de '1gGrèce;
Mais on-a vu par tout ce que nous avonshxapgprté^que.les. Grecs
©nt confervé.tous les grands traits relatifs, au Déluge dq:I^oé^ ôc a
la dépravation qui occaûonna ce Lçouleve-r fument du Monde; qp Hs
nous ont tranfmis le nom même de ce Patriarche y celui de, firn
Arche, le fauvcnir du Sacrifice-qu’il offrit emfortant de çette
terre des vivans, de cette Colchide fÿmholique. dès-rlors lq..ft-
lençç d’Héfiode & d’Homère ne ;pjouve rien.; leurs
font pas des annales i Sc c’eft un principe de faine'critique univer-
fellement reçu, que des faits hiftoriqu.es ’netpeuventttre affaiblis
par fe M'ence de ceux qui n’ont pas ë têdms,le; ças,d*en ^ançr.
Il y a plus ; c’eft qu Héfiode dans iâ Théqgpnië £ d&çrit en très-
beaux vers & avec une énergie admirable , la deftrUclion du Gen-
lè-humain par Jupiter pour exterminer les Crëans : ces 'Géans qui
P R E L I M I N A I R E : cli*
compofoient le premier Monde, & dont Moyfe peint la ruine dans
le Déluge , de la-même .manière qu’Ovide le fit .enfuite dans fon
-premier Livre des Métaroorphofes, d’après les plus anciennes tia*
dirions des Grecs. ;
Jupiter, dit Héfiodé, avo'it chaffé du Ciel les Titans : la Terre
produit ateoesduGéant Typhoee. qui, remporte fur tous par fes
:cent têtes ; Omne peut foutenir la .fplendeur érincellaqtede fes
.'yeux, Scies fonsique .produïfent fes cent langues , ôc qui fp|t
"rétentlrdés montagnes lesjplus élevées. I l eût fubjugud & la Terre
& les Cieux, fi Jupiter n’eût prévenu fes deffeins téméraires : la
•Terre Umefttébranlée; toütes’fes parties difloqjiées-regdent’un fo#
effrayant : le. Ciel mugit au loin ,1’Qcéan nft fqulevé )ufques. dans
JefiÄimesf Le tonnerre» :1a foudre, les éclairs le mêlentnayec
lçs eaux : tout eft en eombuftion.» fout eft bouleverfé, les ilôts ne
recönnöiffent plus de limites. Pluton lui-même rpâlit dans les En-,
fers;.Cependant Je monftre-.eft ,renverféJâ-ia Tprre eft , couverts^
'de fön énorme corps : les montagnes en fontenrbrâfées , la.terrç
for^éôipme l ’étain dans .le qïgüCet.
■ Telle eft cette fuperbe allüfion d’Héfiode à la deftxu&ion des
Géans par le Délugej£ par le Délugeuniverfel ; onnqpeut endpu*
ter , lôrfqw’on cbmpare’çé qu’en dit pe Poète ayec-les Métamqr?:
phofes d’Ovide.
Ce charmant Auteur auquel nous avons l’obligatipn de nous
avoir Êonférvé des traditions préçieufes contenues dans dç vieusr
Poèmes Grecs que nous n’avons plus, décrit au long les crimes de
ceuxqui viyoient dans lés fiècles d’airain fiç dèiféÿ : la guerre des
Géans contre les Dieux : les plaintes qu.e Jupiter en porte à l’Air
femblée des Dieux, le Déluge qui en fut la fuite , & dans lequel
périrent ces Géans. Il fait enfuite repeupler la Terfepar Deuca-
lion. On ne peut donc douter qu’Héfiode n’y ait fait allüfion.