
elvj D I S C O U R S
Il efl fils ou defcendant d’Athamas, ou d’Adam ; & tout de fui»
te on a fait une rapfodiê au moyen dune ou deux phrafes orient,
taies relatives à Adam , & qu’on ayoit dénaturées , foit par l’écriture
y fait par la prononciation | Ijerreur eft'fi; fenfijble &c fi plai-
fante quelle mérite, d’être'relevée , t d’autant plus que l’Hiftoife
n’en ferapas longue. U
Moyfe dit dans un endroit, Adam appella Sera afly ckvt ; Ü
s’agit d’expliquer ces trois mqfs orientaux , qui pour un Hélirâlant
forment cette phrafe, A danv appella le nom dejfajemme
Eve i mais pour un,, étranger , ces trois mots . fe changerent en
Démoftyce, dont ils firent une des femmes d’Athamas appellée a
la.plajee d’une autre.
Cette autre étOit.lNp, quittée pour Demoftyce ou Démodée »
mais le.nom; d’ÏNQ étoit lui-même une altération dun gaffsge.^e
Moyfe: correfpondant à celui-ci. Cet Hiftorien yenoit de faire
dire au premier Homme, Adam (l’homme) quitteraImo, (famere)
& prendra. fa .femme : les Grecs lurent Ino, dont ils firent un nom
propre , qu?ils;crurent déligner une premiers femme déiaiffée pour
une fécondé..
Lorfque Moyfe dît qu’Adam appella fa femme Eve x il ajoute
ces mots K i Eva Aiete Am QO-èke, parée qu’Eve efi la. n^ere de
tout-vivant ; mais les Grecs qui crurent trouver ici la Colchide,
& qui favplent que Am fignifie Pere nourricier, Chef, Roi, tout
comme Mere, s’imaginèrent q\\ Aiete étoit le Roi de Colchide ,
& ils fuppoferent que Phryxus fils d’Athamas étôît contemporain
d’Aiete Roi de Colchide :& qu’ainfi c’eft chez.ee Roi qu’il
alla fe réfugier avec le vaiffeau qui le conduifit en Colchide.
Ainll fe,.brouillèrent peu à peu les traditions les plus refpéc-
tables.: op n’en doit pas être furpris ; mais plutôt de, ce qüé le
cahos n a pas été .plus grand autout de tant dé fiècles d ignorance*
& de barbarie.
P R E L I M I N A I R E . clvijj
Remarques fy r ces Rapports;
En effet, on ne devoit pas s’attendre à trouver chefc lesGrec$
un fi grand nombre de tradkjronsS relatives-àjNb&|& à fon Hilloi-
rp : de 1 y trouvpp défigné par Pèùcaito’rî, par fon ;proprq nom
Oriental Nue, par fon^pitîiè£te;de Ihim, oude juile-, par celles
de Prince dÿTArche, de Phryxus 'de Voyageui’de la.'Colchide,
par fes trois fils, par fes foins pour faire profpérer l ’Agriculture
Ôc la vigne, par l’Emblème du Centaure,.Jou de l’homme réparateur
qui'|rip?mphe du Loup ou de Lyfcaon, de la race mauditè-;
de voir fon hiftoire entière peinte ^ns^e Cielidesia- maniéré, la
plus fenfible,
■ Ce rapport entre Moyfe élevé en. Egypte, & les Pélafges qui
ne le connurent jamais , & entre ces perfonriag'é's‘ ■ Grëfcs & les
noms d’Adam & de Noé , les altérations même de ces noms &
dÿ?fs rapports, tout démontre que Moyfe & les Grecs travail^
lèfent fur divers Mémoires antérieurs à e u x é c r i t s en carac-,
tères anciens & dont le fens dut fe brouiller chez les Pélafges dont
les Hiftoriens ne parurent que plufieurs fiècles ‘pprès Moyfe-, &
après de grandes révolutions qui avoient néceffairement altéré l’an-
tiqué tradition.
-b ^ ° US avons donc une grande obligation à ApoIIodÔié d’avoir
recueilli dans fa Bibliothèque des Dieux une partie de ces Traditions
où Mémoires. ; puifque Fans elles, nous ne pourrions lier l’Occident
avec 1 Orient & remonter à des fources communes.
Ces favans Colie&ionnaires des connoiffances primitives,nous
aqroient rendu des fervicès plus effentiels encore , s’ils en avaient
xaffèmblé un plus grand nombre : certainement, ils durent en lai£-
fer échapper une multitude auxquelles ils ne comprenoient nen,