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fines ( i )j G ü ich a r d , C r i/ çiger , Becman j Casaubon;
Tiîomassin &c. opérant fur le-Grec cotnme ils avoieriifâit fur
le Latin, allongeant-, raccourciffant, eftropiant:les mots à volonté^
ne nous ont rien dit d’utile & de fatisfaifant fur ces grands
objets' : ils n’ont fait que confondre & brouiller tout , augmentant
les ténèbres & les erreurs dans lefquelles on était plongé.
Afin de démontrer que le Grec defcend de l’Hébreu, il aurait
fallu ; i°. montrer le plus grand rapport entre ces deux Langues;
a-9, faire voir que ce rapport étoit uniquement le réfujtat d’une
filiation néceffaire entre le Grec & l’Hébreu ; ,3®. que lés Grecs
eux-mêmes defcendoient ert efîet des~ Hébreux ou que ceux=-
ci communiquèrent néceffairemeht leur Langue aux Grecs.
Mais le rapport du Grec avec l’Hébreu iféft pas plus grand
qu’avec les autres Langues , & la Langue des Hébreux ou des
•defcendans d’Abraham n’en a produit aucune autre : les Grecs
ne font point du nombre de’ces Defcendans , & ceux-ci ne font
point Tenus apprendre aux Grecs à parler.
Dira-t on que ce n’eft pas la Langue Hébraïque telle qu’elle
étoit à cette époque qu’on a en vue-; mais la Langue des prerïfiers
Patriarches , tranfimfe par Abraham à fa poftérité? Ge né ferait
qu’une périribri de principe. Le ncte d’Hébraïque ne peutliii éhp#
v’enir à l’exclufion d’aucun autre .* a9. elle n’eft. pas préeifém'ent
la même que celle des Hébreux , puifque ceux-ci y firent des
changemens confidérables :.enfin , emportée.par chaque Peuple,
à la difperiion, elle ne-peut être défignée que pat le.nom de Langue
Primitive , qui fe multiplia ainfi que le Peuplé primitif & qui
fe répandant par-tout avec lui, devint plufieurs par cette difperfion^
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(al Oifc, PréJ.p, XXV. & fui-?.
P R E L 1 M I N A I R E. îxxj
ou prit .autant de noms qu’il fe forma de grandes fociétés. Il rfy
a que,ceci de vrai; tout ce qui eft au-delà n’eft que confufiotr,’
erreur , ou difpute de mots.
Parlerons-nous du favant B ochart , qui dans; fes laborieux
Ouvrages, croit expliquer les noms de, la Grèce-par la Langue
des Navigateurs de Phénigie, comme fi jufques au moment -de
ces navigations, les Grecs n’avoient eu ni Langue., ni ville, ni
habitation, ou comme fi les anciens noms, euffent difparu devant
des Commerçans l -SatiSj.çontredit ,.;les Gr-ecs durent aux Phén|-,;
ciens divers mqts d’Arts ôc de Marine ; quelque^ ' noms de Divinités
, ceux de quelques Comptoirs ; mais il y ji bien loin de là aux
va|tes prétentions çle çeSavant en faveur du Phénicien qu’il croyoit
trouver, par-tout.
5. I I .
, Savons qui Cm dim>êè j j ’aüîrés "Langues.
Il n’eft éonc pas étonnant qu’une foule de Skvans> ayent rap-r
porté l’Origine de la Langue Çrrçcque.à. dlaucres Langes-iqù’ài
celles des Hébreux ou des Phéniciens : & qu’ils ayent vu-. én elle
une dêfcçndancé dé. quelqu’une de§, principales Langues qmlées-
dans l’Orient de l’Europe ^qu’ils Payent crue Fille de da'Langue s
Sfcythique; ou de la Celtique, ou de la Gothiqué, oujaaême; deu
la Germanique ; car ris fe font partagés ëht/e ^to’ufês- celles là ,
chacun fuivant que fa propre Langue.avqit ;plus pu moins^étiap-
port avec quelqu’une de celles - là aufli lorfqu’on a In tout ce-
qu’ils ont dît, on ne voit que- dés rapports entre le; Grec & ces
Langues, & rien qui concjuife à la çaufe de ces• rapports , qui
démontre que le Grec defcqnde d^uçüne d’elles, en particulier.
Afin de faifir avec plus de facilité-la chaîne'de ces rapports ;