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des Gètes , & qu’il leur avait fur-tout enfeigné l’irftmortalité de
l ’ame : en même-tëms iljeuravoit appris à adorer la Divinité fous
le Symbole du Feu .; ce qui fit croire à DiODORE-de Sicile que
cette Divinité étoit V esta, Ils avoient en conféquenee un«Grand-
Pontife dont la dignité exiftoit encore du tems de.STRABON j il dit
que les Gètes lui donnaient le nom de Dieu : & qu’ils avaient une
Montagne Sacrée dans laquelle étoit un antre qu!ils difôient què
Zamolxis avoit choifi pour fa retraite. Cette montagne, ajoute-
t-il , s’appelloit Kâ-Kajôn 9 &c elle étoit baignée par une Riviere du
même nom.
M. d’Anville a eu l’avantage de retrouver cette Montagne entre
la Moldavie (i) & la Tranfylvanie. Là entre les fommets d’une
chaîne de Montagnes confîdérables en eft un appellé Kafoph) duquel
defcenddans la Moldavie une Riviere qui porte le même nom
& qui fe jette dans d’autres Rivières qui,par Jb Sir et fe verfent
dans le Danube.
En faifant précéder ce nom du mot générique Kô ou Cau qui
défigne les Montagnes, on a le mot Ko^Kafipn qui eft prefque
le même que celui qu’on trouve dans Strabon , & qui peut
avoir été légèrement altéré par fes Copiftes. M. d’Anville a
encore fort bien vu que ce nom étoit le même que celui du Cau-
Cafe , êr qu’ils nétoientpar conféquent que des noms génériques ,
comme nous l’avons déjà remarqué au fujet du mot Cau pour dé-
ligner les Montagnes j & au fujet du nom de C ass donné a diverfes
Montagnes. ■
M. d’Anville , toujours dans l’idée queles Gètes étoient d'origine
Tartare , a cru que ce culte venoit de celui des Lamas du
Thibet, ôc il n’a pais penfé à comparer ce Grand-Prêtre avec ce-
Wlb.gag.4ir
p r e l i m I N A I R E . lu)
lui que les Thraces avoient-fur leur Montagne Sacrée dans-le
Pays des Belles , & qu’on appelloit la Moiitagiie de Bacchus :cé&h
ci lui aurdit fourni des'points de comparaifon pdur remonter j uf-
qu’à Orphée êc jufqu’aux Initiations des Thraces dans Tille de Sa-
•mothrace : d’où il auroit pu paffer ju fqu’en Eg ypter le grand fiége
de l f nimtionvff,;'
Elle étoit également en ufage dans une Ville appellé Olbia ,
fur les rives dü.Boryfthene , ôc il en coûta la vie à--un Prince
Scythe plein de mérite pour avoir étédu nombre des-Initiés quife
réunifloient dans cette' Ville. ^
N’ométtbhs pas que les cêtes de Thrace étoient couvertes d’ un
grand nombre de Villes Grecques, entrelefquelles-iby en eut de
trës-célébres, telles quJèdere, Byfance, Méfembrie, ôcc.
§. V I i& ^
M a - ced- o in e .
Au Midi des Thraces & des Gètes & jufques -aux bords de la
Mer Egée, fut une vafte Contrée qu’on appella Macedon , ots
Macedonia , ôc dont nous.avons formé le mot Macedoine.
jj Cette contrée fut habitée* par des Thraces qui durent en efiée
s’étendre au Midi, avant que de fe porter au Nord ôc H3è fr ‘ànichii?
le Danube. Son nom nous indique même par quelle des Tribus
Thraces elle fut peuplée.
Ce nom eft compofé manlfeftement de troisnwtsr deoN qui
fignifie Pays-,' Contrée ; ôc quï termiite par conféquent ; un très«
grand nombre de dénlf de Provinces«Ôc dé Pëüples»:-
De ma , qui, de l’aveu de tous les Critiques §c de tousle#
Etymologiftes 7 fignifie Grand#