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Philippe ôc à celle de fon fils , qui ne put marcher à la conquête
des Perfes, qu’aptès avoir vaincu ce redoutable ennemi.
L ’Erigone | Fleuve qui defcend des Montagnes de l’Illyrie ,
bornait ce Royaume à POrient : quoiqu’il traversât des pays mon-
tagneux ôc fauvages > il étoit couvert de Villes très-peuplées qui
atteftoient la douceùr de fés Rois, les avantages de la liberté , &
qui fe changèrent en des folitudes affreufes, dès que le foufle imr
pur du defpotifme Touilla ces heureufes contrées.
On compte encore aù nombre des Etats dé rillyrie , les P e-
nestes au Nord des Daflaretes , ôcles A lbani entre Ie!s Peneftes
& les Parthins. Ces Albani habitoient les Monts Scârdiens ôcs’é-
tendoient jufques vers les Eordiens ; leur nom a triomphé des
te ms ^ Ôc a furvêcu à celui de tant de Nations anéantiés;;‘ils fbrr
ment ce quon appelle aujourd’hui 1’A lbanie, dont la Langue
eft un- Grec corrompu.
§• X.
E P I R E.
L ’Epire vient enfuite , au midi dès Monts Gèrauniens ôü-A'crCH
"Ceraunièns qui la féparent de rillyrie : dans les beaux t'ems'de la
Grèce, elle renfermoit trois contrées, la Chaonie, la Thefprotié,
la Moloflïdé1: mais il paroît que dans lorigme elle'embrafr
foit encore le pays des Oreftes au Nord, ceux des
dés Enianes à l’Orient jirfques à la Dôride. Et au Midi j les
A mphiloques j les Perrhebe’s , les’ Atha'ma'nes qui appartinrent
enfuite à l’Etolie.
L ’a Chaonie étoit la Province la plus feptentrionale de PEpire.
Le Scholiafie-d’Â'riftophanetét qué’ fes habftàris défôendoiént des
ThtacëH cèfi-à-dire qu’lis étoiént venus du Nord $ ; c ê qii’il
ne faut pas perdre de vue ; fuivaht Ariftbte, ils étoientOenop
R E L 1 M I N A 1 R E . lxiij
triens, nom d’un des plus anciens Peuples de la Grèce, que rfial-
à-pr6pos- les Auteurs de- PHiftoire. ;üniverfelle .nous pxéfenterllll
comme originake^cjfê l’Italie.
Entre leg .Villes des Chaones étoit Ow‘f^w} port & ville con-
fidérable que Pline prétend avoir été fp^ée- par une Colonie de
ColchidéenSè .
Onchtfmt ôc CaJJiops fur le boçd cje la me^;,-cette derniere fur
un promontoire'oii étoit un Temple fameux de,Jupiter Cassius«
Le territoire de cette ville s’appelloit Cassiopie , & renfermoit
quelques autres villes.
La T hesprotie , vallée longue & large entre la mer ôc le Pinde,
renfermoit diverfes Villes, Ruthrotc, Epfiyre> , À miracle ville
très-forte , port de mer dans l’origine , ôc qui étoit une République
lorfqu’elle tomba 'fous'la des Jïacides Rois
d’Epire.-On y voyoit aufii l’Acheron & le.Lac Àcherufe.
A l’Orient de cette Province étoit D oüæxne , fâmeufe’ par* for»
TempLe Ôc par fes'Oracles : là habitoient les HELLL ou Selli ^ nom
qui fut également celui, des Prêtres du Temple; ôc dans les environs
les Hellopes ôc les Dolopis. T ous cés Peuplesétoient. Pelaf-
ges, comme en convient Strabon , ce qui! ne faut point oublier
Les Molosses placés à l’Orient des Thefprotes, eurent un ter-
rein plus ou moins étendu fuivant le tems : c’étoit la portion la
. plus montagneüfe dè l’Epitéi làétoient, Tecmon;Rhytçice> üor-
t'eum, ôc quelques autres villes.
Les Chevaux de l’Epire ôc les Moloffes ou Dogues de laMolof-
fie étoient renommés dans l’Antiquité.
(i) Strab. LÛT. Vil.