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Ce fut ainsi qu’il créa la théorie du mouvement plastique
des glaciers (1841). que Bordier, de Genève, avait déjà
entrevue en 1773*
Par ses études sur la Mer de Glace et au glacier de
VUnlcr-Aar, Forbes avait créé la théorie de la viscosité,
qui n était pas plus exacte que celle de la plasticité : car,
au lieu d’analyser le phénomène dans son essence, elles
s ’en tenaient toutes les deux aux apparences, aux faits
extérieurs. La gloire de découvrir la vérité et d’expliquer
l’apparente plasticité de la glace par la regclation était
réservée à Tyndall. Son véritable laboratoire fut la Mer
de Glace, et les expériences délicates qu’il fit a Londres,
sous les yeux d’un savant public, n’étaient que la reproduction
en petit des phénomènes qu’il venait d’étudier
en aval des séracs du Géant.
Quoi qu’il en soit, le mont Blanc, comme le dit Elisée
Reclus *, est, dans sa faible étendue relative, un monde
de neige et de glace ! Tout le massif est frangé de
ces fleuves solidifiés qui descendent au loin dans les
vallées. Près de la moitié des neiges et des glaces qui
recouvrent le massif se trouve sur le versant français
et s’épanche dans f Arve. Sur les 282 kilomètres carres
de glace que comprend la superficie du mont Blanc, le
versant français en compte 1 6 8 , représentant la surface
des vingt-cinq grands glaciers qui les tapissent. D’après
Huber, on pourrait évaluer la masse cristallisée qui
s ’incline vers la vallée de Ghamonix à 7 milliards 580 mil-
, 1 E. Redus , l a p. 207.
V O L UM E DES G L A C I E R S DU M O N T B L AN C 1 8 7
lions de mètres cubes, assez pour alimenter le débit
constant du Rhône sous le pont de Beaucaire, pendant
cinquante jours.
Pour établir un terme de comparaison entre les glaciers
de Ghamonix et ceux de l ’Oberland bernois, ou
même de la chaîne entière, nous dirons, d’après M. E.
Levasseur*, que le glacier d ’Aletsch dont la superficie est
de 129 kilomètres carrés a lo milliards 800 millions de
mètres cubes de glace, tandis qu’on évalue à plus de
4000 kilomètres carrés la superficie de tous les glaciers
des Alpes.
Malgré cet amoncellement prodigieux de rochers et
de glaces, malgré les difficultés de son ascension, le
mont Blanc a livré aujourd’hui presque tous ses secrets
à la curiosité des grimpeurs et des savants. Lorsque les
flancs de la grande montagne ont été déflorés, les Alpinistes
sont allés plus loin chercher des périls à braver,
des merveilles à découvrir; ils ont attaqué de leurs
piolets, les cimes les plus élancées du Valais, de la Suisse,
des frontières italiennes et des Alpes de l’Autriche. Mais
le massif du Mont-Blanc qui a partagé sa gloire avec les
glaciers de l ’Aar et de l’Oetzthal, restera toujours le
centre des études scientifiques et l ’observatoire le plus
élevé de l’Europe!
Sur la proposition de M. J. Janssen (1888), le Glub
Alpin français a fait construire un observatoire annexé
au refuge des Grands-Mulets (3050™). Mais ce n’était pas
‘ Levasseur, Les Alpes, p. 23.
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